Chapitre 13

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Mickaël regardait par la fenêtre de sa chambre, il faisait déjà presque nuit, c’était bien l’une des choses qu’il aimait le moins à l’approche de l’hiver, lorsque la nuit tombait mais qu’il n’y avait pas de neige ou d’élément un peu plus poétique à regarder. Il soupira et sursauta en voyant Talia à la fenêtre de sa chambre, ou plutôt sur le balcon, elle aussi, il lui fit un signe de la main mais la jeune fille ne sembla pas le remarquer. Elle avait l’air plongé dans ses pensées.

- Talia ? l’appela-t-il par la pensée sachant que la jeune femme l’entendrait, la réponse fusa, presque aussitôt, elle avait progressé à une vitesse surprenante, une aisance innée, ce qui était logique au vue de ses origines.

- Mika ?

- Oui. Tu vas bien ?

- Je… Oui, j’étouffe juste à l’intérieur, répondit-elle avec une hésitation.

- Tu veux qu’on aille marcher un peu ? proposa-t-il, il savait qu’elle n’aimait être enfermée trop longtemps, d’autant plus lorsque quelque chose la contrariait, elle était tellement prévisible pour lui. Il avait le sentiment de la connaître depuis toujours, Je t’attends en bas, je descends, habilles-toi il fait frai.

- Merci…, entendit-il murmurer dans son esprit alors qu’il refermait la fenêtre. Il enfila un sweet avant de descendre et d’attraper sa veste.

- Je sors maman ! cria-t-il, je rentre avant de manger.

- D’accord… rentre avant 19h30 s’il te plait, Eléana a classe demain, je ne veux pas qu’on mange trop tard.

- Pas d’soucis ! dit Mickaël avant d’aller attendre Talia qui sortit quelques instants plus tard. Ils se mirent en marche d’abord silencieusement, il voyait Talia se détendre au fur et à mesure qu’ils commençaient à s’éloigner de la ville et cela le rassura. Elle avait vraiment besoin de se détendre.

- Qu’est-ce qu’il se passe Talia ? demanda-t-il en la regardant avec douceur.

- Je ne sais pas… répondit-elle sincèrement, elle soupira. Je me sens… vidée ?

- Tu dors toujours mal la nuit ?

- Je ne dors quasiment pas… soupira-t-elle, et le peu que je dorme… Je dors mal…

- Talia… comment ça se fait ?

- Je ne sais pas, je n’ai pas de bons rêves… J’ai l’impression de rêver de fait passé, présent… De membres de ma famille, je ne comprends pas toujours tout… soupira-t-elle.

- Comment ça ? demande Mickaël, tu en as parler à ton oncle ?

- Non, je ne veux pas l’inquiéter. Je veux qu’il guérisse… souffla la jeune fille en cachant ses mains dans ses poches.

- Tu veux m’en parler ?

- Pas pour le moment… Je… Je suis mieux, merci, dit-elle en souriant doucement à Mickaël. Le jeune homme la regardant avant de glisser un bras autour de sa taille l’attirant contre lui.

- Tu n’es pas obligé de tout garder pour toi, tu peux t’appuyer sur nous… Sur moi, je ne suis pas de ceux qui pensent que des choses soient totalement impossibles.

- Je sais… mais, je n’ai pas envie d’en parler pour le moment, je veux juste… profiter, murmure-t-elle se détendant un peu entre les bras de Mickaël. Ils marchèrent en silence, un long moment et soudain Talia se figea.

- Il neige… murmura-t-elle en levant la tête, un sourire étirant lentement ses lèvres alors que ses yeux se mettaient à briller. Mickaël regarda Talia, son cœur s’accélérant dans sa poitrine. Il s’était promis quelques jours plutôt de ne rien tenter avec elle mais… Comment résister ? Elle avait un visage angélique, divin. Elle était tellement candide et magnifique en regardant la neige tomber ! Il prit son visage entre ses mains, caressant ses joues.

- Tu es aussi fraiche que la neige… souffla-t-il avec un sourire. Talia frémissait, les mains chaudes de Mickaël sur les joues, le cœur battant,

- Mickaël… murmura-t-elle, portant une main à son cœur comme dans un maigre espoir de l’empêcher de sortir de sa poitrine. Elle croisa son regard. Ce regard clair, si bleu. Elle avait l’impression que le temps s’arrêtait autour d’eux. Elle sentit les pouces de Mickaël caresser ses joues, descendre à sa nuque l’attirant à lui.

- Je suis désolé Talia…, murmura-t-il avant de rompre l’espace entre eux, ses lèvres se posant sur celle de l’adolescente. Talia s’était hissée sur la pointe des pieds, se retenant à Mickaël. Elle n’avait même pas eu le temps de lui demander pourquoi il s’excusait, qu’il l’avait embrassé. Des centaines de petites décharges électriques parcouraient son corps. Elle se sentait entière. Pour la première fois de sa vie, elle n’avait plus la sensation de vide qui l’avait toujours accompagné. Naturellement, elle passa ses mains autour de la nuque du jeune homme, ses doigts glissant à la naissance de ses cheveux alors que Mickaël se penchait lui permettant de se retrouver à plat. Après un moment qui leur avait paru duré éternellement, Mickaël rompit leur baiser.

- Talia… souffla-t-il, caressant doucement son visage, se perdant dans son regard.

- Pourquoi t’es-tu excuser… ? souffla Talia en continuant de caresser sa nuque.

- Parce que je ne suis pas quelqu’un pour toi… Je ne suis pas quelqu’un de bien…

- Je suis assez grande pour savoir ce qui est bien ou non pour moi, répondit Talia, et tu es loin d’être mauvais Mickaël.

- Talia… Tu ne me connais pas…

- Ce que je connais de toi me plait… Tu me plais, dit-elle rougissant, depuis le début… ajouta-t-elle en détournant le regard.

- Talia… dit-il en lui faisant croiser son regard, j’ai rêvé de toi avant même de te rencontrer… Et lorsque je t’ai rencontrée… Je t’ai aimé, et je n’en ai pas le droit. Mickaël voulait la lâcher mais il en était incapable, il n’arrivait pas à la lâcher, encore moins en sentant ses doigts froids caresser sa nuque.

- Mickaël… Tu as tous les droits, dit-elle, je… je suis loin d’être la fille que tu crois… Je…

- Talia, arrête. Arrête, dit-il avant de l’embrasser à nouveau, la faisant taire. Les lèvres de la jeune femme suivaient ses mouvements. La neige tombait autour d’eux sans que l’un ou l’autre ne s’en soucient. Seul comptait la présence de l’autre, les mains de Mickaël glissant dans le dos de Talia, se glissant dans le creux de ses reins, la serrant contre lui.

- Mon dieu Talia… souffla-t-il en posant son front contre le sien. Il inspira profondément, son odeur envahissant ses sens. Il n’arrivait pas à croire qu’elle puisse vouloir de lui, qu’elle puisse l’aimer autant. Il le sentait, le ressentait, ses émotions se mélangeaient aux siennes. Elle caressa doucement sa joue,

- Tu as la peau douce… murmura-t-elle, le regardant dans les yeux. Je...

- Chut…, dit-il en posant un doigt sur ses lèvres, Talia, dit-il en la regardant avec sérieux.

- Oui… ? demanda-t-elle après qu’il ait libéré ses lèvres.

- Est-ce que tu veux… tenter l’aventure avec moi ? Vraiment ?

Talia hocha la tête se mordant la lèvre, elle avait peur et pourtant son cœur battait la chamade, et s’il la fuyait lorsqu’il verrait qui elle était ? Elle n’arrivait pas à croire qu’il veuille d’elle et pourtant elle en était profondément heureuse. Elle l’aimait, et c’était à présent une évidence pour elle. Elle se sentait vraiment bien avec lui, en sécurité, ses peurs s’évanouissant presque toutes. Elle se hissa sur la pointe des pieds, ses lèvres se posant maladroitement sur les siennes.


Le poing d’Astrid se serra avant d’aller frapper la table. Sa haine s’enflammant, elle n’allait pas réussir à mettre son plan a exécution ! Ils se rapprochaient trop vites ! Elle n’aimait pas cela, elle quitta son miroir de vision. La haine déformant ses traits. Elle allait devoir rebondir et vite ! Ne pas les laisser se rapprocher plus qu’ils ne l’étaient déjà ! Elle devait étouffer leur couple dans l’œuf, ne pas le laisser grandir. Elle ne voulait pas lui laisser Mickaël, elle ne pouvait pas être avec lui ? Tant pis, mais elle ne laisserait personne l’être. Elle l’isolerait. Elle voulait le posséder sans le pouvoir, s’était malsain, étrange mais peut lui importait. Il était à elle, sa chose et elle ne laisserait personne le lui prendre, pas même le foutu Destin ! Elle était prête à tout. Elle était complètement furieuse. Elle avait été trop lente, n’avait pas réussi à s’approcher assez vite de Talia ! Elle aurait dû, aurait dû être plus ambiguë. Elle s’en voulait, elle s’était bloquée trop de possibilité. Elle se regarda dans le miroir, ses yeux flamboyants. Son père se trompait, elle pourrait les séparer, elle ferait tout pour. Elle défierait le Destin, ne le laisserait pas dicter encore plus sa vie ! Elle serra les poings, elle trouverait un moyen. Elle ne décevrait pas son père.


Mickaël laissa Talia sur le pas de sa porte. La neige avait recouvert d’une fine couche le paysage autour d’eux. Il caressa la joue de Talia lui donnant un dernier baiser.

- A demain p’tit ange…, murmura-t-il.

- A demain…, répondit Talia, les yeux brillants. Elle se mordit la lèvre en regardant Mickaël s’éloigner. Elle avait hâte de le retrouver le lendemain. La nuit allait être longue.

- Et p’tit ange… dit Mickaël s’arrêtant au bas des marches caillouteuses.

- Oui ?

- Si tu dors encore pas… dis le moi. Je viendrais.

- Mais…

- Tu me dis et je viendrais, discute pas. Talia le regarda avec douceur avant de hocher la tête. Mickaël lui sourit puis s’éloigna en direction de sa maison. Talia regarda Mickaël avant de rentrer à son tour, la soirée avait été forte en émotions. Elle entra guillerette et alla dans le salon, Alban n’était toujours pas rentré, elle s’installa au piano, caressant le bois laqué du bout des doigts, les touches d’ivoires frémissant, entamant la douce mélodie sous la pression des mains de la jeune fille. Elle laissa la mélodie comme souvent l’emporter, enchaina les notes sans chercher à jouer un morceau précis. Elle joua jusqu’à entendre Alban,

- Tu joues magnifiquement bien… Talia termina la mélodie doucement, avant de regarder Alban rougissant.

- Merci…, bredouilla-t-elle.

- J’ai ramené chinois, tu aimes ça ? demanda-t-il.

- Oui j’aime ça, Talia. Je vais mettre le couvert.

- Non, ne t’embête pas, c’est déjà dans des barquettes, à moins que tu ne veuilles pas manger avec les baguettes.

- Cela ne me gêne pas, dit la jeune fille en se levant du piano. Alban et elle allèrent dans cuisine, s’installant à table.

- Tu me bluffes à chaque fois que je t’entends jouer, je n’ai jamais entendue quelqu’un jouer aussi bien mais surtout à ton âge, tu es une véritable virtuose… Et tu as appris seule ?

- Oui… J’écoute simplement, j’enchaine les notes qui me semblent jolies à l’oreille…

- Mais même c’est assez impressionnant, d’autant plus que tu sais aussi reproduire des mélodies célèbres !

Talia rougit, faisant un signe de la main. Alban rit, impressionné par la jeune femme qu’elle était. Discrète, douce, humble, responsable, elle était une adolescente remarquable d’autant plus au vue de son passé. Il espérait sincèrement que l’oncle de la jeune fille s’en sorte, elle en avait bien besoin. Il lui sourit, heureux de pouvoir s’occuper d’elle pour un temps et de la voir évoluer à ses côtés.

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