Une nouvelle Revue du Front: « Le Souvenir »

« L’homme n’est qu’un roseau... mais c’est un roseau pensant ». Combien cette parole du moraliste devient plus émouvante encore quand on pense au soldat moderne dans sa tranchée. A chaque instant une mine peut faire jaillir un volcan sous ses pieds ; mille engins de mort le guettent, obus, grenades, bombes, balles... Oh oui! frêle roseau qu’un terrible souffle peut briser...

Et cependant, il pense. Le soldat français n’a pas voulu, même au milieu de l’action la plus brutale, que son esprit abdique. De cette volonté sont nés les journaux et revues dits « du front », documents historiques que les amateurs s’arrachent.

Une nouvelle publication de ce genre vient de paraître, bien différente de ses devancières. En effet, ces dernières se proposaient avant tout de maintenir la gaieté dans les tranchées, ou chez « ceux de l’arrière ». Il a paru à un certain nombre d’écrivains au front, que l’heure était venue de glorifier en paroles graves leurs frères d’armes tombés au champ d’honneur, et d’apporter un réconfort aux familles des victimes de la guerre, leur sympathie attendrie.

Le programme du Souvenir – ainsi se nomme la jeune revue – peut se résumer ainsi: Protéger contre l’oubli le souvenir des héros; glorifier et défendre les victimes de la guerre ». Nous ne doutons pas que cette revue recueille l’approbation de nombreux esprits. En effet, n’est-ce pas faire œuvre essentiellement patriotique que de multiplier les manifestations par lesquelles s’affirme une des plus solides assises de la conscience française? De plus, ne convient-il pas de rassurer toutes les victimes de la guerre, veuves, orphelins, mutilés, en les assurant, comme veut le faire le Souvenir, que dans la Nation, une place d’honneur leur sera toujours réservée?

Le Souvenir se publie sur le front, tous les vingt jours, et coûte dix francs pour l’abonnement.

Adresse: Sergent-major peloton E. S. O; secteur 10.