Un nouveau test.

J’attrape les lunettes posées sur la table à côté de la machine et les remets sur mon nez. Machinalement, je pêche par terre la bande élastique et la replace dans mes cheveux. Mon interface de coordination de test est déjà lancée, je grogne, une mise à jour à remis l’organisation de mes fenêtres dans leur statut par défaut. De trois raccourcis et deux clics de souris, je les remplace comme il faut.

Je secoue la tête et me frappe les joues.

– Allez, reprends toi! T’as un score à faire et une main à gagner.

La phrase ne sort absolument pas comme je l’avais imaginé, encore une fois je suis bien heureuse d'être seule devant mon écran. Ça ne m'empêche pas de jeter un coup d'œil par-dessus mon épaule, au cas hautement improbable où SILV aurait décidé de revenir.

Quand je retourne la tête vers mon écran, l’interface a fini de s'afficher. Je hausse les sourcils bien haut au-dessus des bords de mes lunettes. La carte à été mise à jour, c’est une que j’ai déjà vu auparavant, mais certaines routes ont été effacées, d'autres ajoutées. Pendant un court instant je me demande si ça à un rapport avec la dernière partie, puis secoue la tête.

Finalement, peu importe, cette partie là est comme toutes les autres. Il s’agit de suivre les chiffres.

Mes points rouges apparaissent sur un bord de la carte tactique, au même moment leurs fiches apparaissent dans des onglets en bas de mon écran. De trois clics j’ouvre des nouvelles fenêtres et passe rapidement sur les caractéristiques des machines. Cinq sont de classes vélite, deux hastati et un triarii. Je me gratte le cuir chevelu et me relaxe un moment contre ma chaise. Tous ont des armements standard ou en dessous de la moyenne. Et avec seulement deux hastati, faudra espérer que le scénario ne soit pas trop exigeant en termes de kill ratio, même si l’un des vélite à une étoile.

Mon doigt s’arrête sur la molette de ma souris. Un vélite avec une étoile? Je grimace et remets en place sur mon nez mes lunettes. Depuis quand les vélite ont des étoiles, ça n’a jamais fait partie de la méta. Je clique encore et scroll furieusement. Je lâche un grognement, sur la fenêtre de caractéristique la machine a renseigné un taux de blindage ridicule, bien en dessous de ce que même un vélite est censé porté.

Si c’est encore un de ses idiots qui pense qu’avoir un gros canon est la clef de la survie, je…

Une mèche de cheveux me tombe devant les yeux, d’un coup de rein, je rapproche la chaise, d’un coup de tête je replace les cheveux.

Il a équipé un autocannon standard, le genre d’arme qui est rangé dans la catégorie chiante mais pratique. Pas aussi flashy qu’un laser gun ou longue distance comme une arbalest mais ça a la réputation de jamais s’enrayer, de tirer droit et d’avoir une capacité de munitions suffisante pour plusieurs combats.

Alors, pourquoi si peu de blindage? Ou est ce qu’il a foutu tous ces points? Un glaçon me tombe au fond de l’estomac, je scrolle furieusement jusqu'à la fenêtre initiale. Je lâche un long soupir. Les 500 points standard ont tous été utilisés. Alors, où est ce qu’il sont?

Un flash lumineux apparaît sur le côté de mon écran. Le scénario est tombé, ce qui veut dire que la phase de préparation à démarrer, j’ai trois minutes pour trouver un plan et préparer mes pions. D’habitude cette phase ne me prends que quelques instants, toutes les cartes je les connais pas coeur, mais avec la mise à jour, il faut que je ré-imprime dans ma tête toutes les routes et obstacles. En parallèle, je donne mes premiers ordres.

Au moins, les points rouges font ce que je leur dis, pas besoin d’impératif. Alors je peux me concentrer sur le scénario de test, je déglutit et commence déjà à ajuster mes plans, un kill ratio de 71.42% est requis avec en plus un taux de survie de 57.14%. Les deux chiffres sont élevés, beaucoup trop pour les unités que j’ai en main. Je fais un rapide calcul dans ma tête, je dois garder en vie quatres de mes unités, tout en tuant cinq des leurs. Seuls les hastati ont à la fois le blindage et la puissance de feu pour délivrer de façon sûr la destruction de n’importe quelle unité, les triarii se trainent aussi généralement une bonne puissance de feu, mais un châssis trop encombrant les rend vulnérables à un assaut coordonées d’hastati. Je n’ai plus qu'à espérer avoir que des vélites en face.

Foutu random!

Le compte à rebours continue de défiler, il ne me reste qu’une poignée de secondes. Je plonge encore dans les fiches des pions, peut-être que j’ai raté quelque chose, puis l’équipement du vélite à une étoile me revient devant les yeux. Je plisse des yeux, la bouche ouverte, comme si ça allait m’aider à mieux faire sens de ce que je suis en train de lire. Vox longue-distance, sonar avancé, carte tactique, lanceur balise et même des drônes. Voilà où était passé tous ses points d’équipements.

Je frappe ma table du plat de la main, souffle, et ouvre furieusement le canal de communication et commence à taper une insulte, mais avant que j’ai pu la terminer, le compte à rebours tombe à zéro.

Je claque la langue et me contente de maudire ce foutu vélite à haute voix avant de retourner sur la carte tactique. Immédiatement je lance les ordres, et les zebrures jaunes on vite fait de couvrir l’écran. La carte est grande, ça me laisse le temps de souffler, de découvrir petit à petit des passes et occasions tactiques à utiliser plus tard.

J’hésite même à utiliser ce temps pour finir mon insulte, la phrase est encore là, il me suffit d’ajouter deux trois mots et d’appuyer sur le bouton d’envoi. Mais une croix clignote sur ma carte. Un ping?

Bien loin de la portée de vision de mes unités, des points ennemis sont apparus. Déjà? Puis je remarque des symboles rectangulaires pointillés et rouges clignotants sur ma carte, je suis si peu habituée à les voir que je dois chercher un moment dans mes souvenirs.

Des drones.

Cela faisait bien longtemps qu’ils étaient sortis de la méta actuelle. Trop coûteux et demandant trop d’initiative de la part des pions, c’en était de même pour les balises.

Mais là, avec la nouvelle carte, avoir un peu plus d’avance n’est pas de refus.

– D’accord vélite à une étoile, tu l’as mérité.

Une fois mes nouveaux ordres donnés, je me remets sur le canal de communication et retire la phrase injurieuse. Pendant un moment, je suis même tentée d'ajouter un “merci” mais ça serait allé trop loin.