chapitre 9 - Jay
Je n'aurais jamais dû l'embrasser. Qu'est-ce qu'il m'a pris ? Je ne peux même pas mettre ça sur l'alcool. Contrairement à Éva, je n'ai bu que de l'eau gazeuse. La voir avec Jo m'a mis hors de moi. Éva mérite bien mieux que de se faire peloter complètement bourrée... ou de se faire embrasser dans une salle de bain, me souffle ma conscience.
On est fatigué. Il est tard et j'ai mon train dans quelques heures à peine. Au moins, on va pouvoir tirer un trait sur tout ça. Éva glisse la clé dans la serrure quand un tissu rose attire mon attention sur le sol. Je me baisse pour le ramasser et constate qu'il s'agit d'une ravissante culotte à dentelle. Ce salaud de Q doit manquer à une nana et celle-ci a décidé de lui rappeler qu'elle est là.
- Ton frère a encore fait des siennes. Je crois bien qu'une fille veut lui passer un mot, dis-je en lui montrant ce que j'ai trouvé.
Le regard sidéré d'Éva passe de moi au vêtement, puis du vêtement à moi.
- Où as-tu trouvé ça ? me demande-t-elle d'une voix blanche.
- C'était posé sur le pas de la porte, dis-je. Il y a quelque chose qui ne va pas Éva ?
- Cette culotte est à moi, dit-elle sur un ton ferme en m'arrachant le triangle rose des mains.
Elle le défroisse et son visage vire au blanc. Je peux lire la phrase marquée au feutre noir à l'intérieur de la culotte.
"Tu es à moi"
On se regarde atterré. C'est une menace explicite. Qui aurait fait ça ?
- C'est ton ex ? demandé-je d'une voix froide.
- Je ne sais pas, bredouille Éva. Il m'a semblé avoir tout récupéré.
- Il a dû la garder. Le message qui est écrit m'inquiète, ce mec n'a pas tourné la page.
- Comment a-t-il pu me faire ça ? dit-elle d'une toute petite voix. Comment j'ai pu sortir avec lui pendant trois ans et ne m'apercevoir de rien ? Je suis la pire des idiotes !
La tête baissée, ses cheveux lui cachent une partie du visage. Je ne peux m'empêcher de passer mes bras autour de ses épaules et naturellement son visage vient s'enfouir au creux de mon bras. Son odeur vient me chatouiller les narines. Qu'est-ce qu'elle sent bon ! J'effleure de mes lèvres ses tempes. Geste qui se veut affectueux. Son étreinte se raffermit. Je lui caresse le dos en lui murmurant des mots apaisants.
Éva se détache de moi au bout d'un certain temps, et voir son visage ravagé de larmes me secoue comme une lame de fond. Comment ce mec ose-t-il lui faire ça ? C'est un foutu psychopathe et je compte pas le laisser s'approcher de nouveau d'elle.
Elle essuie ses larmes et rentre dans la salle de bain pour y sortir quelques minutes plus tard en shorty et débardeur, prête à aller se coucher. Ses longues jambes fuselées sont un délice pour les yeux. Ses cheveux bouclés encadrent son visage délicat, elle se mord la lèvre inférieure, hésitante. Elle a l'air tellement dévastée, perdue. Elle rentre sous les draps et lève ses yeux vers moi.
- Il y a assez de place pour deux... enfin entre amis, juste ce soir... et demain tu t'en vas, ajoute-t-elle en baissant les yeux.
Sans un mot, j'enlève mon t-shirt et le jette à mes pieds. Je la vois rougir sous sa peau mate. Je déboutonne mon jean et le fais glisser sur mes jambes, elle détourne le visage et décide de s'allonger en chien de fusil. Elle se cale sur le bord du lit et remonte le drap au bord des lèvres. Doucement, je me glisse sous la couverture et garde une distance raisonnable.
Je ferme les yeux, la tête pleine d'interrogation. Je ne peux pas partir et la laisser ainsi. Elle a besoin de moi.
La respiration d'Éva s'est apaisée et dans un soupir elle se retourne vers moi, les yeux fermés. Elle m'offre la vue de son cou délicat, je refrène mon envie d'y poser mes lèvres et de goûter sa peau. Sa bouche entrouverte laisse échapper son souffle de façon rythmé. Elle est tellement belle.
Délicatement, je caresse l'arrondi de ses joues, elle sourit dans son sommeil. À qui pense-t-elle ?
Complétement endormie, Éva se glisse contre moi. Sa main parcourt mon torse et un violent frisson fait trembler mon corps. Aucune fille ne m'a jamais fait un tel effet. Son visage se cale sur mon torse et j'hume l'odeur de ma peau. Son souffle sur ma peau me met à la torture. Ma queue est tendue à l'extreme, mais c'est la plus délicieuse des tortures. Ma main se pose gentiment sur sa hanche et j'écoute sa respiration, savourant chaque minute... au bout de longues heures, je finis par m'endormir.
Au petit matin, j'ouvre les yeux avec la plus agréable des sensations. Un corps chaud est collé contre le mien. Une tête est posée sur mon torse. Sa respiration régulière caresse mon pec.
Éva...
Dans un soupir, elle fait glisser sa main le long de ma hanche déclenchant une décharge électrique, mon entrejambe se met au réveil matinal. La bouche d'Éva parcourt ma mâchoire délicatement. Je ne sais pas à quoi elle joue, mais elle va me rendre dingue. Contre toute attente, elle repose sa tête sur mon torse et sa respiration redevient calme. Je me redresse et la fais basculer lentement sur le dos. Elle dort. Elle m'allume au petit matin et se rendort.
Voyons si elle a le sommeil si lourd que ça.
Délicatement, je parsème de baiser la peau de son cou, elle gémit en se tortillant, mais ses yeux restent fermés. Sa poitrine se soulève au rythme de sa respiration et je ne peux résister à l'envie d'y poser les lèvres. À travers le débardeur, je suce légèrement ses tétons. Je ne peux m'empêcher de sourire quand je l'entends gémir et frotter sa poitrine contre ma bouche. Son téton pointe sur ma langue et l'envie de goûter sa peau est plus forte que tout. Je tire sur le vêtement dégageant son sein que j'embrasse à pleine bouche.
- Jay ! la voix d'Éva est étranglée, elle est visiblement bien réveillée et consciente de ce qui se passe.
Au lieu de m'éjecter hors du lit comme je m'y attendais. Éva me tire férocement les cheveux pour coller mon visage sur ses seins. Deux splendides globes fermes, dont ma bouche raffole. Je passe de l'un à l'autre, mes mains glissent vers ses hanches fines et caresse ses cuisses. Éva halète sous moi. D'un geste ferme, elle me tire par les cheveux et m'embrasse. Ses lèvres douces caressent les miennes, sa langue s'enfonce dans ma bouche. Je goûte la saveur de ses baisers. Mon bassin s'activant contre le sien, mon sexe se frotte entre ses jambes, gonflé à bloc. À chaque passage, je frotte son clitoris et Éva tremble dans mes bras, les yeux vaguent, le corps pris de frissons. Elle est au bord de jouir. Je ne devrais pas faire ça. Je ne peux rien lui promettre et pourtant je prends tout ce qu'elle m'offre. J'accentue la pression à chaque passage. Éva renverse la tête en arrière m'offrant la plus jolie vu du monde. De son cou à ses seins offert, ses lèvres entrouvertes, gémissantes. Elle est la plus belle fille que j'ai jamais vue. Je serre les dents pour ne pas jouir et descends une main vers son clitoris. J'appuie sur le bout de chair et Éva se met à crier. Je jouis instantanément et puissamment dans mon boxer.
Un orgasme à couper le souffle.
Son réveil se met à sonner au même moment.
- Et merde ! dit-elle en se redressant pour appuyer sur le bouton-stop de son réveil. Sans un regard, elle sort du lit pour se diriger vers la salle de bain.
Je sors du lit également et prends dans ma valise un nouveau boxer. En me changeant, je me demande quand j'ai pour la dernière fois joui aussi fort. C'était tellement intense.
On est dans la merde... me souffle une petite voix.
De la salle de bain, j'entends Éva dire la même chose " merde ! merde ! merde !". Elle renverse quelque chose et se met à jurer de plus belle. Allongé sur le lit, j'ai calé mon bras droit sous ma nuque et de l'autre main zappe sur la chaîne de télé. Elle sort en trombe de la pièce, habillée et maquillée. Elle a attaché ses cheveux en chignon mettant en valeur ses oreilles où pendent des boucles.
- Ton train est à quelle heure ? me demande-t-elle en se baissant pour mettre ses chaussures, m'offrant ainsi une vue unique sur ses seins et me rappelant qu'ils se trouvaient dans ma bouche il y a quelques minutes à peine.
- Je ne pars plus, annoncé-je de but en blanc.
- Tu quoi ? dit-elle en s'immobilisant.
- Je ne pars pas.
- Tu avais dit que tu partais aujourd'hui, dit-elle rageusement.
- C'était avant qu'on découvre que ton ex t'écrit des mots dans le fonds de tes culottes. Je vais m'assurer que ce type a bien compris qu'il ne fallait pas t'approcher.
- T'occupe pas de ça, Jay.
- Q ne me pardonnerait pas . Tu fais ta forte, mais tu as besoin d'être protégé.
Elle soupire et lève les yeux au ciel.
- Il y a autre chose que Q ne te pardonnerait pas, murmure-t-elle, mais je fais comme si je n'avais rien entendu. Car oui, Q n'hésiterait pas à me mettre une raclée s'il savait ce que je viens de faire avec sa sœur. À l'adolescence, quand on a commencé à avoir nos premières copines et que mon regard s'attardait un peu trop longuement sur sa sœur. Q m'a tout de suite mis en gade et clairement dit que notre amitié tiendrait tant que je ne toucherai pas sa sœur, car sinon il me ferait bouffer le béton sans aucun état d'âme. Et il en est parfaitement capable. On est ami depuis toujours, mais rien ne serait au-dessus de sa soeur Éva.
C'est l'une des raisons pour laquelle je dois arrêter mes conneries avec Éva. Même si ces conneries nous plaisent à tous les deux.
Éva termine d'enfiler sa veste, prend ses clés, son sac à main. Et se tourne une dernière fois vers moi.
- Ceux sont mes affaires Jay. Ne t'en occupe pas, je connais bien Luc. Je vais lui parler, il comprendra.
Sur ces mots, elle tourne les talons et claque la porte.
Moi je connais bien ce genre de mecs...
Et je compte bien lui rendre visite. Je prends mon téléphone pour appeler Q.
***
Éva
Je fixe la pendule accrochée au mur défraîchi du laboratoire. Cela fait maintenant plusieurs heures que je suis là et je n'ai pas avancé sur ma thèse. Mes chiffres se brouillent sous mes yeux et il n'y a qu'une seule personne qui vient me hanter. Le seul que j'aimerais pourtant oublier : Jay.
Elio entre dans la pièce et m'offre le plus beau des sourires.
- Comment va la plus sexy des étudiantes du campus ?
- Arrête Elio. Je ne suis pas d'humeur aujourd'hui, dis-je d'un ton las.
Mon ami lève un sourcil, pose sa sacoche sur ma paillasse et s'assoit sur le tabouret d'à côté.
- Je peux t'aider ?
- Non, je ne pense pas. Tout va mal en ce moment, à croire que quand on est aux heures les plus sombres de sa vie, il n'y a plus la moindre lumière en ce monde.
- Si tu me laisses faire, je peux être ta lumière, Éva. Je dois bien avoir un briquet quelques parts, dit-il sur le ton de l'humour en fouillant ses poches.
Je lui souris. Elio a toujours su trouver les mots pour me faire rire. À une époque, il a brièvement essayé de me séduire, mais j'étais beaucoup trop fidèle à Luc pour envisager quoi que ce soit, alors que ce connard se tapait tout ce qui bougeait.
- Luc, mon ex, annoncé-je d'une voix hésitante. Il n'a pas tourné la page. Il me harcèle.
- Quoi ?
- Je t'avoue être perdue, et il y a Jay qui s'y mêle.
- Le meilleur ami de ton frère ? Celui qui squatte ?
- Oui, lui-même. Il veut parler avec Luc, soi-disant pour s'assurer qu'il ne tentera pas autre chose. Il se croît obliger de jouer au grand frère.
- Ce Jay, il vient d'arriver et tu te fais harceler. Drôle de coincidence, non ?
- On se connait depuis le collège. Il a un caractère... Comment dire ? Imbuvable, égocentrique, et même si ça fait quelques années qu'on ne s'est pas vu je peux t'assurer que ce n'est pas lui.
Elio hoche la tete mais ne semble pas convaincu.
- Ne le laisse pas s'immiscer dans ta vie, Éva. Je suis là pour toi si tu le souhaites. Tu veux que je t'accompagne chez ton ex ?
Je n'ai pas envie de meler mon gentil binome à mes histoires de coeur.
- C'est gentil Elio, mais je préfère régler ça toute seule. Merci d'avoir proposé, ajouté-je avec un sourire.
- Tu sais que tu peux compter sur moi.
On continue la conversation sur des sujets moins personnels. On se tient informé de l'avancement de nos thèses, s'aidant et se motivant quand l'un de retrouve en difficulté. Après plusieurs heures à travailler d'arrache-pied, je rattache mes cheveux et surprends le regard d'Elio posé sur moi. Je lève un sourcil dans sa direction, mais il baisse aussitôt son regard sur sa paillasse comme si de rien n'était. C'est vrai qu'il m'a proposé de sortir avec lui cette fin de semaine. Il serait un bon petit copain, on a plein de points communs, et il est assez mignon, mais je ne pense pas à Elio de cette façon là.
Mes pensées vagabondent de nouveau vers Jay et de ce qui s'est passé ce matin. S'il y avait une chose à ne pas faire dans la vie, c'est bien ça : faire des choses sexuelles (et adorer ça!) avec le meilleur pote de son frère. Ça doit bien être dans le top one des actes à bannir !
Je soupire de nouveau. Il m'est impossible d'effacer le passé, mais le pire reste le futur, car les sensations que j'ai ressenties dans ses bras sont toujours là. Même en plein acte avec Luc je n'ai jamais joui ainsi. Mon corps vibre encore à la seule pensée de celui de Jay. Il est vraiment parfait, tout en muscles, gainé et gaulé comme un Dieu. N'importe quelle fille passerait des heures à le caresser juste pour le plaisir de le toucher, et son odeur typiquement masculine me retourne le cerveau à me faire oublier mon propre prénom.
Qu'est ce qu'il m'arrive ? C'est uniquement une question d'hormone et de plaisir physique. C'est pour ça que je dois tout arrêter et qu'il doit partir. Oui, il m'a fait littéralement perdre la tête, mais je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé ça. Car j'ai adoré et c'est mon principal problème.
- À quoi penses-tu Éva? me demande Elio.
- Ah rien, réponds-je en rougissant légèrement.
Il n'en dit pas plus, mais son regard posé sur moi en dit long.
- Je dois y aller, dis-je précipitamment en prenant mes affaires. Elio ne me lâche toujours pas des yeux et je sens son regard pesé sur moi alors que je gagne la sortie.
La journée est bien avancée et j'en fais un bilan assez lamentable. J'ai sauté le repas de midi pour pouvoir m'avancer sur les travaux, mais tout cela sans grand succès. La réussite de ma thèse dépend directement de mon futur job. Si le labo est content de mes recherches, un poste me sera proposé. C'est ce que m'a clairement fait comprendre le directeur du programme quand il m'a recruté. Alors que depuis deux mois, c'est-à-dire ma rupture avec Luc, je suis au point mort, il me reste un boulot monstre sur mon projet.
Je traine des pieds jusque chez moi. J'ai quitté le labo, mais rien ne m'attend à l'appart. À part Jay... Non, il est sûrement reparti.
Je passe devant la salle de sport de Q et sans pouvoir réprimer une envie subite, je pousse la porte. Je remarque tout de suite Jay. Assis à la barre de musculation. Il soulève les artères. Ses avant-bras se gonflent sous les manches de son t-shirt. Il fait encore deux tractions. Je reste hypnotisé à la vue de ses muscles qui jouent sous l'effort, et dire que j'avais ça sous la main pas plus tard que ce matin. Je me secoue la tête comme pour chasser ses idées. Jay pose la barre et se tourne soudainement vers moi, comme s'il avait senti ma présence. Je reste tétanisé devant son regard vert d'eau qui me transperce. D'un mouvement leste, il se redresse et prend une serviette pour éponger la sueur qui coule le long de son front, puis la passe le long de son cou, derrière la nuque. Je serre les lèvres pour ne pas montrer ce que sa petite démonstration a pour effet sur moi.
- Je vais finir par croire que tu ne peux plus te passer de moi, mouton, car tu es là ici mais ne sembles pas avoir l'attention de faire du sport, ajoute-t-il avec un sourire moqueur.
- Je voulais juste voir si tu étais parti.
- Comme tu vois, je suis toujours là.
Il baisse la tête et fouille dans son sac pour en sortir un t-shirt blanc soigneusement plié. D'un geste rapide, il enlève celui qui est trempé de sueur s'essuie en quelques pressions et enfile le propre. Le tout a du durer quelques minutes à peine, mais mon rythme cardiaque s'est carrément affolé, ma bouche s'est asséchée. Mes yeux filent vers ses épaules carrées, sa musculature jusqu'à la fine toison blonde qui file de ses pectoraux au bas de son jogging. Rien ne m'a échappé.
Malheureusement. Il me jette un couple d'oeil circonspect, et un léger sourire finit par étirer sa bouche.
- Tu ne prends pas de douche ? je lui demande sur un ton anodin.
- Je préfère la prendre chez nous, dit-il sur un ton léger.
Chez nous.
J'adore ces mots. L'imaginer nu dans la douche où moi même je me lave me fait tout d'un coup, un drôle d'effet.
- ok, dis-je rapidement pour mettre fin à mes rêveries.
Hello mes crèmes brulés :-)
oups... Jay et Eva ont dérapé. Ils auraient dû ?... ou pas dû ?
XXXXxxxx
Lysa Watt
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