Méchante petite soeur

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Mes parents s’appelaient Isabelle et Thierry. Mais entre eux, c’était plutôt des « ma chérie » et des « mon ange ». Pour moi, il s’agissait simplement de Maman et Papa. J’ai été un bébé heureux. Ils se sont vraiment bien occupés de moi. Ils me faisaient des chatouilles et des câlins, je possédais plein de jouets et pour dormir, dans mon petit lit, j’avais un nounours très doux qui sentait très bon.

J’ai encore quelques images du moment où ils m’ont ramené à la maison. Beaucoup de gens étaient venus me voir. Ils me parlaient tous avec de grands sourires, comme si je pouvais comprendre ce qu’ils me racontaient. Les adultes sont bêtes des fois. Mais j’étais le centre d’attention et c’était chouette. Au début, comme j’avais peur la nuit, je pleurais. Alors, ils me prenaient dans leur chambre pour dormir avec eux. Cela me rassurait. J’ai marché assez vite, je voyais bien la fierté dans le regard de mon papa. Par contre, j’ai mis un peu de temps à être propre, mais c’est pour tous les bébés pareils. Jusqu’au jour où Maman a annoncé à tout le monde que j’allais avoir une petite sœur. Elle avait son ventre qui grossissait, grossissait. Puis ce fut le moment, ils partirent à l’hôpital et revinrent quelques jours plus tard avec ma petite sœur. Elle était toute minuscule et pas vraiment jolie finalement.

C’est là que cela a commencé. Ils se sont beaucoup moins occupés de moi. Ils lui achetaient plein de jouets et quand elle pleurait la nuit, elle avait le droit de dormir avec eux, alors que moi, j’étais trop grand qu’ils disaient. Je restais tout seul, dans mon lit, avec mon nounours qui n’était plus si doux et ne sentait plus si bon. On mangeait tous ensemble dans la cuisine, puis on allait regarder la télé au salon, mais c’était elle qui recevait des câlins, alors qu’il m’envoyait me coucher tôt. Et puis c’est devenu de pire en pire. Quand elle a commencé à marcher à quatre pattes, elle n’arrêtait pas de m’ennuyer. Elle me piquait mes jouets, me pinçait, une fois elle m’a même fait très mal en me mettant un doigt dans l’œil, mais nos parents ont juste trouvé cela très drôle. J’ai commencé à détester ma petite sœur, j’étais tellement heureux avant son arrivée, et si malheureux ensuite. Je savais que la vie ne serait plus jamais pareil, mais bon, j’essayais de me contenir. Mais un jour… un jour, elle verrait de quel bois je me chauffe si elle continuait…

Et ce jour est arrivé.

Isabelle regardait la télévision, sans vraiment l’écouter, perdue dans son chagrin. Thierry semblait plus attentif à la journaliste qui présentait le journal. Il attendait une information qui arriva enfin :

« Le parquet a ordonné l’euthanasie du chien qui a attaqué la petite fille, qui se trouve toujours dans un état grave », annonça la femme à l’écran.

Thierry tourna la tête vers Isabelle qui éclata en sanglots.

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