Le général entre dans la cellule et regarde l’homme qui dort paisiblement, allongé sur le lit. Il s’approche de sa fiche et la lit.

Trente-trois ans, un mètre quatre vingt-quinze, cent cinq kilos, yeux vairons : œil droit vert, œil gauche bleu azur. Cheveux noirs de jais.

Il passe à une autre cellule, celle d'une femme au sommeil visiblement agité, car elle change régulièrement de position.

Sa fiche recense les données suivantes : un mètre soixante-quinze, quatre-vingt trois kilos. Yeux vert-noisette. Cheveux roux mi-longs. Trente-sept ans.

Un petit malin a rajouté des commentaires d’une main malhabile : seins généreux, hanches fermes, jambes bien galbées.

Avec un pincement au cœur, il se dirige vers le troisième cobaye : un adolescent de dix-huit ans qui regarde le plafond. Il n’a pas besoin de lire le descriptif, il connaît ses détails. Cependant, il doit se montrer objectif, comme pour les autres. Il se récite mécaniquement ses caractèristiques : un mètre soixante-cinq, cinquante kilos. Cheveux blonds dorés, courts. Yeux bleus.

Il sort rejoindre les autres.

Dès son arrivée, on le questionne. Il est trop tard pour reculer.

« Sont-ils prêts ?

—...

— Le temps presse.

— Il est temps de les lâcher. », annonce-t-il laconiquement.