12 - Après la bataille - 3/3

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La petite amie d’Hugo n’était autre que Chloé Legrand, la sœur de Lucas pour qui je n’avais absolument plus aucun intérêt, maintenant que j’avais compris à quel point ce garçon était détestable. Elle était en outre la fille de Madame le Maire et de son mari, le chef du syndicat agricole. Pour tout dire : des gens que je n’avais aucune envie de croiser.

— Comment va-t-on les recevoir, ces gens-là ? me demanda ma mère en riant. Tu vas leur faire une de tes fameuses blagues ? On leur prépare un repas infect ?

— Je ne sais pas trop. Faire un mauvais plat nous retomberait dessus. Il faudra que nous soyons plus subtiles. Non, je pense qu’il faut que ce soit Papa qui se ridiculise, ce serait bien plus amusant. Mais je n’ai pas encore l’idée. Il faudrait qu’ils se quittent en mauvais termes. Cherchons les secrets que l’on a sur lui pour les ressortir. J’ai envie qu’ils partent en claquant la porte.

— Bon, on se note ça et on creuse, la nuit nous apportera peut-être la solution.

— De notre côté, on fait un repas irréprochable, proposai-je.

J’étais toujours en armure de cuir, ma lance à mes côtés et ma mère n’en avait même pas parlé.

Lorsque Lydia sortit de la douche, je passai la voir dans sa chambre pour savoir ce que le chant de Cantaran et Melodia lui avait suggéré, et comment elle se sentait. Au passage, j’avais laissé ma lance dans ma chambre.

Leur message en ce qui la concernait était assez simple : ceux qui les avaient protégés étaient des elfes et ils ne souhaitaient pas que leur existence soit révélée. Elle devrait garder ce secret pour elle toute sa vie. Elle avait compris que les elfes ressemblaient à des humains, plus beaux, et qu’ils vivaient très longtemps, veillant sur la nature.

On lui avait aussi expliqué qu’elle allait se souvenir de tout, mais pas ses copains. Ils ne devaient donc pas savoir. Enfin, ils avaient fait en sorte qu’elle ne garde pas la peur trop ancrée en elle, même si elle était consciente que les monstres pourraient revenir.

Elle savait surtout qu’elle devrait user de prudence, et transmettre cette attitude à ses camarades lorsqu’ils retourneraient jouer dans la forêt. Elle avait dans l’idée d’entraîner ses amis à des jeux où ils devaient passer inaperçus pour apprendre à survivre dans des situations comme celle-là. Une meneuse, ma Lili.

Elle finit par me parler d’Hindred, elle l’avait trouvé impressionnant et très beau. Elle garderait probablement longtemps cette image en elle.

Laissant ma sœur se reposer, j’allai m’adonner au plaisir réconfortant d’une bonne douche bien chaude. Si, ou du moins quand je partirais vivre avec Eorelle, je ne disposerais de ce confort.

Je fus soulagée d’enlever ma tenue de combat. Elle était bien pesante. Avant de me coucher, j’examinai ma lance. Elle avait été magnifiquement sculptée. En son centre était logée une pierre bleu saphir. Cette couleur était la même que celle de la pierre dans la cache au-dessus de la porte d’Eorelle. J’imaginais qu’elle pouvait être liée à Alamarielle. Quel pouvoir avait-elle pu conférer à cette arme ?

La regardant de plus près, il me sembla que quelque chose de microscopique y était gravé. Je trouvai une loupe dans l’un de mes tiroirs et l’examinai encore plus à attentivement.

Ce qui était inscrit aurait pu ressembler à un code, ou une écriture. J’en repérai trois blocs bien séparés. En examinant encore la pierre, il me sembla que de son centre émanait une énergie.

J’interrogerais Eorelle, ou peut-être l’un des deux mages pour avoir leur avis sur le sujet.

Pour l’heure je fis un petit tour sur le web pour consulter le site du journal local. L’article sur la découverte des enfants perdus était déjà en ligne. J’étais présentée comme une héroïne aux côtés de mon ami et non moins héros Bastien. La photo que Stéphane avait prise de moi était là. J’étais à côté des gamins et de leurs parents en jean et T-shirt, un bâton de marche à la main. J’aurais dû être surprise, mais ne le fus qu’à moitié. Quelque part je devais m’y attendre un peu, ou peut-être que ma capacité à être étonnée de faits étranges s’était émoussée.

Une petite sonnerie me prévint de l’arrivée d’un SMS.

Stéphane : « Soupçon confirmé, le cachet contenait effectivement de l’arsenic. »

Margaux : « Super, on va pouvoir prouver que grand-père a été empoisonné par le toubib. On prévient la gendarmerie ? »

Stéphane : « Il va falloir, je pense. Comme ça, on pourra trouver les autres victimes. Tu vois avec Bernard si on peut envoyer tout ça ? »

Margaux : « OK »

Le lendemain je n’aurais pas le temps avec tout le travail de « nettoyage » que nous devions faire avec Bastien et les elfes, d’ailleurs qu’entendaient-ils exactement par là ? Je devais donc demander à ma mère d’aller poser la question au temple. J’allai voir si elle dormait et comme ce n’était pas le cas, je pus transmettre le message.

Puis j’allai me coucher, épuisée. Après cette journée macabre, je redoutais les cauchemars et fis usage de l’essence de violette, grâce à laquelle je dormis d’un juste sommeil réparateur. Les rêves que je fis me guidèrent dans les méandres de la pierre accrochée à ma lance. Dans ma tête, ce code ou cette écriture avait pris un sens, mais celui-ci disparut au réveil. Était-ce réel ou mon subconscient avait-il inventé quelque chose ?

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