(DIA NA) ma tante
Ma fille Béatrice Grace Trécourt morte en coucher le 14 février 1992.
Ma fille Béatrice Grace Trécourt morte en coucher le 14 février 1992.
Ma fille Béatrice Grace Trécourt morte en coucher le 14 février 1992.
Alors que mon oncle Roger, sainte Françoise et Diana se disputent, je ne les entends pas vraiment parce que je reste bloqué sur cette phase du testament. Ma mère est décédée en me mettant au monde. Mon cœur déjà bien amoché finit d'éclater de douleur parce que je me rends compte qu'il ne me reste absolument rien.
Ma mère dont je porte de le premier prénom est morte en m'offrant la vie. Ma grand-mère, de qui je semble avoir aussi hérité le mon prénom, est partie sans que je la connaisse. Mon grand-père qui semblait m'aimer plus tous n'a pas pu se réconcilier avec moi, mais la femme diabolique qui m'a élevé et qui me déteste cordialement vit toujours.
La vie n'est-elle pas tragique et quelque peu ironique ?
J'observe la seule figure maternelle connue depuis l'enfance et de la bile me monte à la gorge.
Diana, ma tante.
Une personne malveillante, vindicative et cruelle.
Il y a six ans, je la voyais déjà sous un angle différent ; mais depuis hier ce que je perçois d'elle me répugne un peu plus chaque jour. Ce testament'm'informe que j'ai perdu tous ceux que j'aurais pu aimer et qui auraient pu m'aimer en retour. Et bien loin de s'inquiéter de ce que cette nouvelle peut engendrer chez moi, ma tante se préoccupe uniquement de savoir ce que la mort de Papi Lou peut lui rapporter.
La voir si dégoûtante me laisse asphyxier, presque morte moi aussi. Bien plus triste que furieuse. Je me demande si elle a toujours été comme ça ou si j'étais simplement aveugle. Ne m'a-t-elle jamais aimé, même un tout petit peu ? Faisait-elle semblant ?
Mes souvenirs d'enfance se déversent sur moi par vagues successives et mon cœur se serre de chagrin. J'ai sous les yeux la réponse à toutes mes questions depuis longtemps, c'est juste que j'ai toujours refusé de voir la réalité en face.
Elle ne m'aime pas.
Je dévisage toutes les personnes présentes dans la pièce, et tout à coup cette situation devient beaucoup trop "malaisante" à mon goût. Au lieu de nous rassembler, la mort de papi Lou nous divise davantage au point de faire de nous des bêtes enragées capables de se déchirer pour de l'argent.
Je tente de me lever afin de m'éclipser du cabinet du notaire, or, je suis retenu par oncle Roger.
-Tu n'as aucune raison de te sentir coupable Aélys. S'il y a quelqu'un qui doit se sentir honteuse ici, c'est ma sœur Diana.
Il pivote la tête vers celle qui fut autrefois ma mère et lui balance méchamment.
-Tu vas t'asseoir gentiment et te taire, Diana. Parce que je te jure que si tu ne le fait pas, tu vas amèrement le regretter. Ne me force pas à parler de l'été quatre-vingt-onze. Tu as déjà fait assez de mal à cette petite.
Ne saisissant pas de quoi parle oncle Roger, mon regard passe de lui à cette tante qui semble me haïr. Pour la première fois, je remarque que celle-ci blêmit pendant un instant.
Se pourrait-il qu'ils me cachent quelque chose de bien plus grave ?
Oubliant presque où nous nous trouvons, je me tourne vers oncle Roger pour l'interroger, mais je suis coupé par Diana. Elle semble ne pas vouloir abandonner et réplique, une lueur malfaisante dans les yeux.
-Je n'en ai rien à foutre Roger. Peu m'importe ce que tu lui dis, cela n'a plus aucune importance maintenant. Celle qui va souffrir de la situation, c'est elle, alors si tu souhaites lui dire la vérité, grand bien te fasse mon cher frère.
Choqué, mon oncle est complètement abasourdi devant sa déclaration.
-Mon Dieu ! Qui es-tu donc ? Tu ne peux pas être un tel monstre, Diana.
Ma tante ricane.
-Tu crois ? dit-elle avec une expression mesquine sur le visage.
Mon oncle secoue la tête.
-Tu ne me connais pas Roger, parce que si tu me connaissais vraiment, tu saurais que je ne peux pardonner à une personne qui ne cesse de tout me prendre.
Cette fois, mon oncle réagit violemment.
-Es-tu simplement folle ou bêtement odieuse ? Cette petite n'a rien à voir avec cette histoire. La putain de rivalité que maman et toi avez entretenue contre sa mère et sa grand-mère ne la concerne absolument pas, Diana.
-Bien sûr que si, crie ma tante.
-Bordel, aidez-moi, cette femme est tarée. Bien sûr que non. Cet enfant n'est pas responsable des erreurs et des mauvais choix de nos parents. Je me demande comment papa a pu te faire confiance un seul instant lorsque dans ta perfidie, tu as proposé de l'élever sans que personne n'en sache rien.
-Tu savais, demande-t-elle plus que surprise. Comment ? Et toi si sensible et vertueux, tu ne m'as pas pensé me dénoncer pendant toutes ces années.
-J'y ai pensé bien plus tard figure-toi, lorsque je t'ai surpris dans le bureau en train de raconter la vérité à mère. Mais au moment des faits, je n'en savais encore rien. En frère qui aime sa sœur, je n'avais pas réalisé que tu cachais une personnalité perverse. L'été mille neuf quatre-vingt-onze, tu as tenté de séduire Vincent parce que ton mari Claude batifolait déjà avec Agnès et te demandait le divorce. Or, Vincent Bremond aimait une seule femme, Béatrice Trécourt.
Mon oncle ricane.
-Tu as cru qu'en le persuadant qu'Aélys n'était pas de lui, tu le récupérais. Mais tu n'avais clairement pas prévu que de chagrin, il fuirait Aix. Il semble que la spécialité des femmes de cette famille soit de séparer des personnes qui s'aiment. Il faut croire que notre karma est vraiment pourri puisque Viviana a cru bon de reproduire tes propres erreurs. De dépit, tu t'es retrouvé dans l'obligation de récupérer Claude.
Incapable de se maîtriser Roger crache son monologue avec déception.
-Manipulatrice au possible, tu as simulé une grossesse en même temps que celle de notre demi-sœur à cette fin. Je me suis toujours demandé qu'elles étaient tes plans pour la suite, si Claude s'était rendu compte qu'il n'y avait pas d'enfant.
Il cherche une réponse auprès de ma tante qui ne vient pas, alors de colère, il dit.
-Une fausse-couche ?
Tremblant devant le silence de ma tante, il ricane davantage amère.
-Mais coup de théâtre, notre demi-sœur est morte en couches. Notre père a perdu sa fille et Cassandre Trécourt n'arrivait pas à s'en remettre. Brisée, elle lui a toute suite confiée le bébé en accusant papa d'être le responsable de la mort de Béatrice, sauf qu'il n'y était pour rien. Tu étais l'unique responsable de cette tragédie. Contrairement à toi, je n'ai jamais voulu voir notre père souffrir parce qu'il aimait quelqu'un d'autre que notre mère. L'amour ne s'impose pas Diana.
Des larmes s'échappent des yeux de mon oncle et des miens car je n'arrive plus à les retenir face à tant de révélations.
-Tu es effrayante Diana. Quand j'ai tout su de tes manigances, je me voyais mal dire à Louis que tu étais une malade mentale capable de prendre sa petite fille en charge à des fins personnelles. J'ai fermé les yeux parce que j'ai tenté de croire que tu l'aimerais comme la tienne.
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