Félicitations ! Vous avez été choisis pour…
de Jaskiers
Harry avait reçu l’un de ces mails, que nous considérions, nous, ses ancêtres, comme un spam ou une mauvaise blague, mais à l’époque futuriste d’Harry, c’était on ne peut plus vrai.
« Vous avez été sélectionné pour séjourner une semaine dans l’espace ! »
Autant vous dire que Harry aurait préféré rester les pieds sur la bonne vielle planète Terre. La société du milliardaire Elon Besoz sélectionnait, au hasard, une personne chaque année pour aller séjourner sur la Lune. Pourquoi ? Parce que le millionnaire l’avait décidé ainsi, il y a quelques décennies. Et pour vous mettre dans l’embarras, cette société n’hésitait pas à rendre publique votre sélection.
Évidement, certaines personnes auraient vendu leurs parents pour marcher sur la Lune. Et le richissime Elon avait des aficionados qui buvaient chacun de ses mots et acquiesçaient à chacune de ses décisions. Même après sa mort, il était perçu comme un demi-dieu.
Harry, lui, n’en avait que faire de la Lune.
Depuis près de 50 ans, ce voyage vers la Lune, qui se déroulait une fois par an pour un "terrien chanceux", était devenue ennuyeux aux yeux du jeune homme. Il avait 22 ans, née en plein milieu de ce phénomène de tourisme spatial.
Pour nous, les ancêtres d’Harris, le tourisme spatial n’en est qu’à ses balbutiements. Pour lui, c’est une chose normale, rentrée dans les mœurs. On ne va plus en vacances au bord de la mer ou à l’étranger, mais sur Mars. On navigue dans les anneaux de Saturne, on observe les trous noir depuis des vaisseaux de vacanciers, on ne les traverse pas encore, ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant. Personne n’ai jamais revenu de ces trous noirs, des animaux puis deux hommes ont franchi un trou noir, aucuns n’est jamais revenus. Le mystère plane encore autour d’eux.
« Félicitions Harry Bertimore ! Vous êtes l’heureux gagnant du tirage au sort planétaire, vous voici détenteur de votre ticket pour un séjour sur la Lune d’une semaine ! »
Harris ne lu pas le mail entièrement. Il referma sa boîte mails, qui avait remplacé nos boîtes aux lettres actuelles depuis une centaine d’années, lorsque son téléphone portable, qui n’était rien d’autre qu’une puce implantée dans une main et que l’on activait par un simple toucher de la paume, se mît à émettre un son de notification. Puis un deuxième, un troisième. Ça ne s’arrêtait pas.
Il darda un coup d’œil pour savoir qui étaient les auteurs de ces messages.
Deux amis, son petit frère et un message vocal de sa mère.
Il ferma sa main droite contenant la puce téléphonique, geste qui consiste à éteindre son téléphone de nos jours.
Le jeune Harry resta planté sur sa chaise (qui n’avait pas de pieds, mais flottait doucement), il allait falloir dire à Space Kicks qu’il refusait leur voyage, une première dans l’histoire de l'entreprise. Sa photo, ses informations, étaient déjà étalées sur l’UltraWeb, notre internet actuel, sauf que cet Ultraweb consistait en la même chose qu’avec le téléphone, une puce, dans la mains gauche dans le cas d’Harry. Ouvrez votre main et internet s’affiche de manière holographique devant vos yeux. Et uniquement les vôtres.
Toute la planète le connaissait maintenant, sans le vouloir, sans le désirer. Il allait être la cible de nombreux jaloux, des médias et de l’humanité toute entière.
Le monde allait le traiter comme un paria, un être ingrat, irrespectueux, mais jamais il ne quitterait la planète Terre. Pourquoi aller sur la Lune quand il n’était jamais sorti de son pays ? Rien n’était original dans ce voyage sur la Lune, car il était estimé que 2 personnes sur 5, en Occident, avaient déjà visité la Lune et sa face sombre.
Il ouvrit sa main gauche, se connecta sur le réseau social en vogue du moment, FaceIntra, et posta : « Je donne ma place pour le voyage sur la Lune. Premier arrivé, premier servit. »
Il reçut tellement de notifications qu’ils lui donnèrent le vertige. Il ferma son poing. Les notifications explosaient dans ses oreilles, il avait fermé l’IntraWeb mais les notifications continuaient à lui vriller les tympans. La technologie avait encore des bugs à cette époque, liés principalement à la difficulté de la fusion entre corps humain, organique, et la technologie. Plus d’écran bleu, mais des décharges et des sons stridents se propageant dans tout votre corps. Le progrès !
L’envie d’arracher ces puces, ces « BioTechImp », lui vint, et ce n’était pas la première fois.
D’inquiétante enquêtes faites par des « anciens », surnom donné à ceux qui refusaient les implantations, et ce, peu importe leur âge, ont révélé les secrets de ces centaines d’entreprises créant ces petites puces de très hautes technologies. Ils avaient découvert que des « programmes expérimentaux » avaient été installés dans ces petites perles de technologies. Ces programmes expérimentaux consistaient à récolter et à tester des « logiciels » permettant de « lire » dans les pensées et il y aurait même eut des logiciels expérimentaux amassant des datas dans le but prochain de pouvoir contrôler un corps « pucé ».
Les médias se sont faits les relais de ces enquêtes, sérieuses et minutieuses, mais des philosophes, des scientifiques, médecins et autres commentateurs ont accusé ces « anciens » d’être des adeptes de la théorie du complot, des ennemis du progrès, et du futur.
Toujours est-il qu'Harry était devenu de plus en plus anxieux, et sceptique, envers cette technologie. Très peu de personne vivaient sans implants. Si l’on devait comparer à aujourd’hui, ne pas avoir de « puce » serait comme ne pas avoir de téléphone (smartphone ou fixe).
Perdu dans ses doutes, plongé dans une anxiété terrible et les sonneries incessantes, le jeune homme entendit des tambourinements dans sa porte. Croyez-le ou non, les portes non pas vraiment évoluées. Des accidents avec des portes blindées s’ouvrant automatiquement à votre passage à une vitesse incroyable a écarté la technologie des portes. Qu’elles ont été ces incidents ? Des membres écrasés, des corps décapités. Des hackeurs avaient trouvé le moyen de les contrôler et… de tuer.
Vous vous demandez peut-être si les implants, les « puces », pouvaient être hackés ? C’était possible. Et autant vous dire que certaines victimes de piratage se sont suicidées. Imaginer que quelqu’un prenne le contrôle de tout ce que vous pouvez voir, toucher ou entendre, projeter ce qu’il veut à vos rétines et enregistrer tout ce que vous faite ?
Enfin, Harry s’approcha de la porte à tâtons.
« – Harry ouvrez !
- Je… ne suis pas intéressé par la Lune.
- Nous non plus !
- Partez !
- Non, nous pouvons vous aider !
- Qui êtes-vous ?
- Des « anciens ».
- Et que me voulez-vous ?
- Vous aider.
- Comment ?
- L’expliquer derrière une porte ne va pas être chose aisée, ni discrète. »
Harry qui ne recevait jamais de visiteur senti en son for intérieur qu’il lui fallait ouvrir et voir ce que pouvait lui proposer les « anciens ». Qu’avait-il à perdre ?
Il ouvrit et vit une jeune femme, dans le vingtaine et deux hommes, un dans la trentaine et l’autre, plus vieux, dans la soixantaine. Ils rentrèrent sans se faire prier.
Puis, des lumières bleues et rouges émirent leurs lumières par les fenêtres de son appartements.
« – Harry, il va falloir être courageux.
- Vous êtes des flics !
- Non, mais eux dehors oui. Je suppose que l’on a été suivis. Suivez-nous, ne doutez pas, obéissez jusqu’à ce que nous soyons hors de dangers
- Putain, mais j’ai rien demandé.
- Justement, vous êtes une victime ici, laissez nous vous aidez.
- J’ai plus rien à perdre, allons-y. » Répondit Harry, dépité.
La jeune femme, celle qui était l’interlocutrice de Harry, sortit un vieux calibre, nos calibres du présent.
« – Une porte de sortie par l’arrière ?
- Oui.
- Ils ne doivent sûrement pas le savoir, enfin pas encore. Prenons-les de vitesses. Vite. »
La petite troupe sortit par la porte de derrière. Et ils s’enfoncèrent dans la ville tentaculaire, au loin, une forêt et quelque part au milieu, un refuge. Du moins, c’était ce que le jeune homme pensait. Les gens réfractaires à la technologie vivent dans la nature n’est-ce pas ? C’était ce qu’il avait vue à la télévision en tout cas.
La vie d’Harry avait basculé à jamais, sans n’avoir rien demandé. Rien ne change entre son époque et la nôtre, parfois, nous n’avons pas le choix, ou bien, ce choix est une mascarade. La vie a en réserve une bonne dose de mauvaise surprise. Et elle en a plus que des bonnes, elle aime les cadeaux empoisonnés.
Jaskiers
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