Au sommet du mont Olympe, une vaste agora se dessine au rythme de la course lunaire. Tandis que l'astre parcourt le long fleuve étoilé aux couleurs lactées, des silhouettes lumineuses apparaissent au compte-goutte dans l'amphithéâtre de roche. Si étincelantes que leurs identités ne laissent aucun doute pour le spectateur avisé.

Sous l'alignement des planètes, durant l'équinoxe de printemps, voilà que commence la noble assemblée des Dieux et des Déesses sous la voûte céleste.

Tous issus de régions et de cultures différentes, et pourtant tous réunis pour la même raison :

Zeus : Dieux et Déesses, et les quelques démons et rois des Enfers conviés, il est temps de statuer.

Grande figure à barbe et toge blanches, il eut de nombreux noms au fils des siècles et millénaires. Jupiter ; Yahvé ; Jéhovah ; Allah ; avant de prendre la parole ici bas. Maître des cieux et de la foudre, il avait surtout et toujours autorité sur Terre, chez les humains, ainsi que sur les autres Dieux et Déesses.

Zeus : Qu'allons-nous faire de l'humanité ? Cela fait des milliers d'années que ses membres prolifèrent, détruisant tout dans leur sillage. Si ça continue ainsi, nous n'aurons bientôt plus de monde à gouverner.

Athéna : Pourquoi pas une bonne guerre, comme on sait si bien les faire ? Cela leur rappellera à quel point la vie est courte, et surtout fragile comme le monde dans lequel ils existent.

Zeus : chère Athéna, être une Déesse de la guerre ne signifie pas que vous ne pouvez proposer que cette solution.

Hadès : Surtout que ce n'est pas elle qui doit gérer le surplus de morts qui en découlerait.

Zeus : Hadès dit vrai. Ce serait une surcharge de travail phénoménale, mais pour rien. Ils ne retiennent jamais la leçon. Ils trouvent un moyen de tourner les conflits à leur avantage.

L'assemblée devint un chaos vocal. Chacun exprimait sa volonté, son avis sur la question. Ceux dont la guerre était la raison d'être insistèrent. Les autres refusèrent en bloc et dans l'agora, la résolution du recours aux conflits armés fut rejetée.

Parmi eux, certains estimaient l'option comme bien insuffisante. Un groupe composé de Dieux, Déesses et Démons bien plus radicaux dans leur projet pour l'humanité. De quoi donner bien plus de travail aux maîtres de la mort.

Odin : Voilà notre programme pour restaurer la Terre. On va lancer l'Opération « Ragnarök »

Satan : On va faire un reboot complet. L'humanité ne changera jamais, et je suis bien placé pour le savoir. Le plan est donc de tout raser et de repartir à zéro.

Zeus : C'est de la folie. Vous vous rendez compte des conséquences ?

Odin : Ce n'est pas la première fois qu'on évoque cette option. On l'a toujours refusée jusqu'à maintenant, mais c'est peut-être le moment de faire ce choix.

Zeus : Pas si on peut l'éviter. Ce serait prendre un retard considérable sur le projet « Vita ».

Héra : Je l'avais bien dit qu'il nous fallait plusieurs bases de cultures et de recherches.

Zeus : Ce qui est fait est fait ! Désormais, on doit trouver un moyen de conserver nos travaux et les résultats obtenus.

Hadès : Sans oublier la surcharge d'âmes à recueillir et à gérer. On n’a ni la place ni le personnel pour ça.

La guerre, c'était non, et l’Apocalypse aussi. L'assemblait semblait tourner en rond : l'humanité était un gros problème pour les Dieux et Déesses qui n'arrivaient pas à statuer sur son sort, son devenir. Alors que faire ?

C'est un autre groupe, cette fois-ci composée de Thor et d'Eol, qui proposa sa réponse, avec le maître des océans pour chef de file et porte-parole.

Poséidon : Nous avons planifié plusieurs décennies de désastres. Tornades ; tremblements de terre ; tsunamis ; etc. Projet en deux objectifs, celui de montrer à l'humanité sa future fin, et l'autre de lui laisser une chance de l'éviter.

Zeus : Excusez-moi de critiquer votre travail, mais n'est-ce pas déjà le programme qu'on avait adopté et appliqué lors de la précédente assemblée ?

Poséidon : Pas du tout ! Nous avions décidé d'amplifier les catastrophes naturelles qui existaient sans nous. Là, on parle de les créer, les provoquer volontairement, les généraliser à l'ensemble de la planète. Cela devrait vite calmer tout ce petit monde et rappeler qui sont les patrons.

Zeus : Comme si cela pourrait modifier la donne. L'humanité ne semble pas décidée à changer malgré la menace potentielle de grands cataclysmes. Tout en disant avoir compris, ils font tout pour empirer la situation.

Poséidon : Là, ils n'auront pas le choix. En plus du renforcement de l'ancien programme, les terres seront englouties, les températures deviendront infernales, et l'air irrespirable. La vie ou la mort, voilà leurs seules options. Ce sera leur toute dernière chance.

Tous se regardèrent en silence, et prirent un instant pour réfléchir à la proposition formulée. Puis, ce fut une cascade acclamations d'approbations, accompagnée d'un tonner d'applaudissement. Tous semblaient y trouver leurs comptes.

Signe avant-coureur d'une apocalypse, ou ultime occasion de rédemption, seule l'humanité pouvait encore décider de son sort. Pour les divinités qui régissaient le monde, ce fut la toute dernière de leurs assemblées, avant la destruction définitive du problème « homo sapiens ».