chapitre deux
J'ai déposé Lola et Tess chez elles avant de rentrer pour me libérer de cette tenue bien trop chaude pour l'après-midi qui est annoncé. Je prend un short en jean blanc et un petit top lilas.
Seule dans la cuisine, je prépare mon repas pour ce midi, une salade de tomates avec de la mozzarella et une coupe de sorbet à la fraise. Miam. Je lance la suite de ma série – Gossip Girl, et m'attable devant les dramas de la vie new-yorkaise.
Vers quinze heures, mon téléphone vibre alors que je cherche de la déco activement pour mon nouvel appartement à Bordeaux. Entre un vase et des cadres, je jette un œil à mon écran verrouillé, qui accueille un message de Raphaël.
De : Raphaël
Après-midi plage + picnic, rien que nous deux. Ça te tente ?
De : Manon
Carrément ! tu viens me chercher ?
De : Raphaël
J’arrive dans quinze minutes.
Sans plus attendre, je file dans ma chambre, ouvre mes placard et prend un maillot de bain bleu si pâle qu'il serait presque blanc et l'enfile avant de remettre mon short et mon top. Je sors des sandales noires avec des détails dorés et prépare un sac de plage avec crème solaire, lunettes de soleil, un livre, et surtout, une serviette. Il est déjà l'heure et je retrouve rapidement mon amoureux qui rejoins vite la côte.
Il ne cessera jamais de me faire tomber sous son charme, j'en suis persuadée. Lui et moi, ça fait déjà deux ans que nous sommes ensemble et pas une seule fois j'ai senti mes sentiments à son égard faiblir. Je suis une amoureuse de l'amour, et je tombe en amour pour tout le monde, tous les jours. Mais depuis que Raphaël est entré dans ma vie, il fait en sorte que chaque jour, je retombe en amour pour lui. Et c'est pour ça que je l'aime autant.
Dans l'habitacle, les musiques s'enchaînent au même rythme que nos voix se déchaînent. Sa voix est affreusement fausse mais accentue mon hilarité. Je ne m'applique pas non plus pour chanter de façon très juste mais j'apprécie le moment, tout simplement, entre lui et moi.
Après une petite heure de route, nous arrivons enfin sur la côte et bientôt sur la plage. Il y a un peu de monde, surtout des jeunes qui fêtent l'obtention de leur bac pour la plupart, d'autres plus jeunes qui profitent des vacances. Nous trouvons un coin tranquille et déposons nos affaires rapidement pour aller au plus vite à l'eau.
J'ai rencontré Raphaël il y a trois ans, quand je suis arrivée au lycée, dans une classe où je ne connaissais personne. J'ai donc vite dû me faire des amies, un petit groupe de six filles, avec son lot de potins et de drames. L'une d'elle le connaissait depuis plusieurs années, espérant avoir sa chance avec lui, mais elle ne l'a jamais eu. Et quand elle a lâché l'affaire, résignée, Raphaël est venu à moi. J'ai été sceptique, j'ai même refusé par solidarité pour Maya, l'amie en question, puis elle m'a certifié ne pas y voir de problème. Alors une amitié est né entre lui et moi, une amitié qui n'a pas tellement tarder avant de devenir une jolie histoire d'amour, sans problème. Et aujourd'hui nous sommes encore là, ensemble et heureux.
Je regarde Raphaël, face à moi, le regard fixé sur l'étendue devant nous, l'air grave sur son doux visage. Cette image m'arrache un sourire.
- On va faire comment, l'an prochain ? Toi à Bordeaux, moi à Paris, me questionne-t-il.
Je prend un temps avant de répondre, réfléchissant à sa réflexion. Les choses seront bien plus compliquées avec tout le monde, et ça, on le sait tous. Mais je ne veux pas voir les choses finies de cette façon, alors je décide de vivre la situation sans trop me projeter, avec légèreté.
- On verra. Pour l'instant, on vit les choses secondes par secondes. On trouvera forcément des solutions, Raph. Je te le promets.
Il acquiesce, sans répondre, et vient placer ses bras autour de mes hanches. Je noue mes jambes autour de sa taille et glisse mon front contre le sien. Son corps tout près du mien me donne toute la sérénité du monde et je sais que cet endroit est mon préféré parmi tous les lieux dans ce monde. Je voudrais bloquer tous les sabliers du monde et casser tous les mécanismes du monde entier pour vivre cet instant jusqu'à la fin. Mais ce n'est pas possible alors nos corps se décollent et nous décidons de profiter des instants qu'il nous reste ensemble à fond, sans se soucier de ce qui arrive face à nous, comme l'iceberg face au Titanic.
Il est presque dix-neuf heures trente, la plage se vide doucement, ne laissant plus que quelques groupes de jeunes qui profitent du beau temps. Nous ramassons nos affaires et allons chercher une pizza dans le centre-ville avant de retourner là où nous avons passé l'après-midi.
Les derniers plagistes quittent le lieu et, bientôt, il ne reste plus que nous, sous le soleil qui décline quand les neufs coups du clocher de l'église retentissent. La vision qui s'offre à moi est à couper le souffle, et je souhaite à tout le monde de pouvoir vivre un jour ce moment avec la personne qu'ils aiment autant mais par-dessus tout, j'espère vivre ce type de moment jusqu'à la fin de ma vie. Alors quand Raphaël commence à se relever, je l'arrête, retenant son bras de ma main.
- On peut rester encore un peu, s'il te plaît ? je lui demande avec une moue.
Il ne répond rien mais se remet dans sa position initiale, à mes côtés, avec un sourire doux qu'il vient déposer dans le creux de mon cou. Et nous restons ainsi, face à l'immensité de l'horizon qui s'étend devant nos yeux rêveurs, les nuages désertant le ciel pour laisser les étoiles briller et le Soleil embrassant la Lune pour lui souhaiter une joyeuse garde. La Lune veille désormais sur nous, qui quittons finalement la plage.
Dans la voiture sur le retour, Raphaël garde le regard rivé sur la route sombre tandis que je détaille son visage, à l'affût de chaque petite chose comme le grain de beauté au coin de son œil, la marque de sa fossette au coin de ses lèvres et sa barbe de trois jours mal rasée. Je regarde attentivement chacun de ses détails pour les imprimer dans ma mémoire, ne jamais les oublier, et ce, même quand il sera loin de moi.
Des musiques de Doxx ne cessent de jouer au rythme où le bord de la route avance et se dérobe sous mes yeux, la Lune ne nous quittant pas, les mêmes impressions que pendant l'enfance.
Quand nous arrivons devant la porte de ma maison, je l'embrasse une dernière fois et ce qui ressemblait à un baiser d'amour simple s'est transformé en baiser d'amour passionnel à l'instant où il me fait sentir son sourire, indiquant aux papillons, présents dans mon ventre dès qu'il est proche de moi, de prendre leur envol et venir embraser mon cœur.
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