Chapitre Sept
A présent qu'il savait que Warren Hall était bien une école, il ne restait plus à Matt qu'à pister les élèves en uniforme noir. Sous prétexte d'explorer la ville, il passa de longues heures à parcourir les rues, à la recherche de tout bâtiment qui aurait pu abriter une école.
Il dénicha l'école publique, et se surprit à envier les lycéens qui ne portaient ni uniformes, ni cet air hautain qu'il reconnaissait à présent sur le visage de ses camarades.
Il s'abstint de les aborder, en revanche. Il ignorait quelles étaient réellement les relations entre les élèves de St John et ceux de cet établissement, mais il doutait que celles-ci soient bonnes.
Les journées se suivaient, Matt était accablé par l'infructuosité de ses recherches autant que par la chaleur sèche du mois de Septembre.
Il avait beau ne plus faire allusion à Warren Hall, il sentait bien que les élèves de sa classe n'avaient pas une très bonne opinion le concernant. Il s'en accommodait sans mal, mais se faisait en revanche du soucis pour son frère et sa sœur.
Jules était à présent parfaitement intégré, et cela déplaisait fortement à Matt. Voir son frère changer d'attitude et se mettre à imiter les façons de St John ne lui plaisait pas, pas plus que de voir Melody être mise à l'écart par les filles de sa classe.
En ayant refusée de porter la version longue du kilt de l'uniforme, Melody s'était mise à dos toutes les filles de sa classe, et avait un jour trouvée son casier recouvert de l'inscription « TRAÎNÉE ».
Matt crut perdre son sang-froid en voyant cela.
« Il faut le signaler. » déclara-t-il en frottant énergiquement la porte du casier avec du dissolvant. Les lettres inscrites au marqueur noir s'effaçaient doucement.
Melody secoua la tête.
« Ils ne feront rien. » tempéra-t-elle. « Le règlement n'impose pas le port de la jupe longue, donc ils ne peuvent pas me forcer, mais les profs sont d'accord avec elles. »
Du menton elle désigna les filles de sa classe qui les observaient, Matt et elle, de l'autre côté du couloir.
« Ils m'ont aussi demandé de rallonger ma jupe. » soupira Melody.
Mais ce n'était pas de la tristesse ou de l'inquiétude qui transparaissait dans la voix de sa sœur, c'était de la colère. Melody n'avait pas la plus petite intention de se laisser faire. Matt reconnaissait bien là le caractère de sa petite sœur.
« On pourrait le dire aux parents, dans ce cas. » suggéra-t-il en insistant sur les deux dernières lettres sur le casier.
A nouveau, Melody secoua la tête.
« Ils ont des occupations plus importantes pour le moment. Non, je vais gérer ça toute seule.
- Tu n'es pas toute seule. » assura Matt en refermant la porte du casier, nettoyée.
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