Prières de Vénus
Jupiter, espionnant ces dyonisaques rites
Depuis l'ether, sourit - cependant que renaissent
Peut être, à les voir, des souvenirs de jeunesse -
Car mon frère lecteur n'est pas seul hypocrite.
Cependant que le dieu savoure cette scène,
Derrière lui paraît sa fille dont le charme
Est encor magnifié par d'abondantes larmes
Qui glissent de ses yeux jusqu'à sa gorge obsène.
"Me voilà misérable, et encor plus peinée
Que le jour où ma soeur, quand j'implorais votre aide
Se moquait de l'affront que m'avait fait Diomède.
Mon père, au nom du ciel, que vous a fait Enée ?
Je ne sors ni ne dors, et je suis au supplice,
Plus encor que la fois où mon mari odieux
Dans un filet de fer m'offrit à tous les yeux.
Mon père, au nom du ciel, que vous a fait mon fils ?
J'aime Enée et n'ai point de ces froideurs sereines,
De Minerve ma soeur, qui dans la mer Egée
Peut laisser plusieurs jours périr son protégé :
Moi qui n'ai pas d'armure, au milieu de l'arène,
J'accourrais aussitôt si jamais émanait
Un danger, et mon sang, qui coule dans ses veines
M'est plus cher que celui qui coule dans les miennes.
Mon père, au nom du ciel, que vous a fait Enée ?
Ne doit-il pas pourtant porter la noble Troie
Jusqu'au fier continent où la houle le mène
Afin d'y engendrer la nation romaine ?
Mon père, au nom du ciel, faites d'Enée un roi !"
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