The Moon Dance

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Il est vingt heures trente et je suis toujours en peignoir devant mon armoire. Je ne sais pas quoi mettre ! Soirée Jazz, n'est-ce pas ? Je laisse de côté les jeans. Une jupe ou une robe ? Je suis plutôt d'humeur à porter une robe. Je fixe la penderie et je n'arrive toujours pas à me décider. Ce n'est pas que je sois une "fashion victime", mais les soldes avec Caroline remplissent toujours un peu plus ma garde-robe. Je fais glisser les cintres dans la penderie quand quelqu'un sonne à la porte. Je regarde que mon peignoir soit bien fermé, et je me dirige vers l'entrée. J'aperçois Caroline à travers le judas. J'ouvre la porte complètement médusée par sa tenue et son avance sur l'horaire. Elle est habillée avec un short blanc et un haut pailleté bleu foncé. Je referme la porte derrière elle :

  • Mais tu es déjà là ?
  • Oui ! Il n'est jamais trop tard pour prendre de bonnes résolutions ! Mais toi, tu vas finir par nous mettre en retard. Tu n'es toujours pas habillée ! J'ai bien fait de venir plus tôt. Aller, hop ! Il faut se dépêcher !

Et la voilà qui me pousse vers ma chambre, me donne une petite claque sur les fesses ! Je me retourne la fusillant du regard : pas touche ! Elle me sourit, la malice au fond des yeux. Caro regarde la penderie, et tourne son regard vers les robes. Elle me regarde à nouveau d'un air de dire " je te connais par cœur ! "

  • Tu voulais mettre une robe n'est-ce pas ?
  • Oui, mais je sais pas laquelle choisir. Je m'avance vers les cintres et en fait glisser quelques-uns. J'aime bien ces trois. Je la regarde, cherchant son approbation.
  • Du noir ? Je sais qu'elles ont une belle coupe, mais je pensais à plus coloré. C'est une soirée Jazz pas un comité d'entreprise ! Attends un peu, je suis sure qu'il y a une robe parfaite.

Caroline sort l'une après l'autre toutes mes robes colorées et les pose sur le lit. Elle s'arrête un instant, puis en attrape une bleu ciel qu'elle me tend.

  • Tu mets celle là ! ordonne t'elle.
  • T'es sure ? J'ai pas l'habitude de mettre une robe comme ça. Je ne peux même pas mettre de soutien-gorge !
  • Fais-moi confiance, elle est parfaite ! Et puis tu discutes pas ! Vas enfiler cette robe !

Je ressors de la salle de bains et me place devant le miroir de la penderie. La robe est plutôt courte, elle m'arrive à mi-cuisse. Le haut de la robe est plutôt prés du corps tandis que la jupe est lâche et plissée. Je pivote de droite à gauche et un mouvement aérien anime la jupe. J'ai bien fait de mettre une petite culotte plutôt qu'un string. Sur la piste de danse, tout le monde risque de pouvoir admirer mes fesses ! Je me retourne pour voir mon dos dans le miroir. La robe est retenue par un joli nœud sur ma nuque, et un dos-nu dévoile ma peau jusqu'à mes reins. Au touché, le tissu est lisse et léger. Je me souviens maintenant pourquoi j'avais acheté cette robe ! Elle est sublime, et je serais presque sexy !

« Elle te vas à la perfection ! assure t'elle en me prenant la main pour me faire tourner sur moi-même.»

Coiffée d'une simple queue-de-cheval pour dégager ma nuque, j'ajoute une paire de boucles d'oreille, un peu de parfum, et juste un trait de crayon noir sur mes yeux. Je rejoins Caroline dans le salon : « Je suis prête ! On peut y aller. »

Nous arrivons devant le Moon Dance. Quelques personnes fument devant l'enseigne. Il fait frais, alors nous poussons la porte rapidement. La lumière tamisée donne une ambiance chaleureuse. Le bar sur la gauche, fait face aux tables et à la piste de dance. Un groupe de musiciens s'installe sur la scène. Caroline salut Fred le barman et m'entraîne à sa table favorite. Elle est placée au fond de la salle juste en bordure de la piste de danse. Elle s'assoit face à la porte d'entrée pour observer les allées et venues des clients. Fidèle à elle-même, elle cherche l'homme qu'elle prendra en chasse comme une panthère. Assise en face d'elle, j'attends qu'un serveur vienne prendre notre commande.

Les notes commencent à envahir l'espace, et les spectateurs se font plus nombreux. Du Miles Davis pour installer une ambiance Jazz décontractée. Je m'appuie sur le dossier de la chaise, en croisant les jambes, pour profiter de la musique. Le saxophone me fait frissonner. J'adore le Jazz ! Nos boissons sont arrivées pendant que Caroline me demande comment s'est passée ma journée. Dès que je lui parle de mon père et que je prononce le nom de Bastien, elle comprend tout. Elle m'arrête de suite. Elle ne veut surtout pas gâcher la soirée en abordant le sujet de mon ex-petit copain. Tant mieux !

Elle me raconte à son tour sa journée de boulot. Elle est secrétaire dans une grande concession de voiture. Un client est venu acheter une nouvelle voiture et voulait faire reprendre sa poubelle. Elle cherche son téléphone dans son sac pour me montrer une photo. Son sac est beaucoup trop grand ! Pendant qu'elle fouille, j'attrape mon verre pour boire deux ou trois gorgées de mon cocktail sans alcool. La musique change et le rythme s'accélère avec un tube de Ray Charles " Hit the road Jack ". Caroline refait surface avec son portable, mais son air triomphant se transforme en étonnement. Une voix suave me murmure au creux de l'oreille « Bonsoir vous ! »

Mon cœur rate un battement et des picotements parcourent ma nuque. Je me retourne alors qu'il avance vers la piste de danse, d'une démarche assurée, pour se mêler aux autres danseurs. Il est simplement vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon noir. Il est terriblement beau ! Arrêtes de baver comme une idiote, Léa ! Je me retourne vers ma meilleure amie :

  • Tu aurais pu dire un truc !
  • Je n'ai pas eu le temps ! Il t'a dit quoi ?
  • Rien... Juste "Bonsoir vous". Mais qu'est-ce qu'il fait ici ? Dis-moi que tu n'as rien fait dans cette histoire ?
  • Non mais j'y suis pour rien moi ! se défend t'elle. Si tu veux mon avis, tu lui plais autant qu'il te plaît. Alors fonce sur la piste ma grande !
  • Oh... Je suis pas sure... Tu viens danser avec moi alors.

Sur la piste de danse, j'essaie de ne pas penser à cet homme. Doucement, je me laisse envoûter par le son, et je bouge d'abord timidement. L'énergie de Caroline me gagne. Elle me défie de quelques pas de danse auxquels je réponds. Hey ! Pas mal du tout ! Je n'ai pas tout perdu, finalement. Caro me fait une grimace et j'explose de rire. Je me sens bien. Un peu plus légère. Comment ai-je pu oublier que j'adorais danser ? J'ai l'impression de revivre un peu. Bastien m'a tellement privé de ces fabuleux moments avec Caroline. Caroline m'attrape la main et me fait tourner. La robe et les cheveux dans le vent, je m'amuse vraiment ! Houlà ! Je m'étourdis un peu. Je cherche mon équilibre en fixant le sol. On me prend la main. Je lève la tête pour me trouver nez à nez avec lui ! Je rougis, je le sais. Il me regarde cherchant mon approbation. J'ai le cœur qui bat un peu plus fort. Un pas en avant, et je pose ma main sur son épaule. Il me conduit sur les notes de musique d'un pas léger. Au début, je suis un peu tendue, puis je prends confiance. Je croise le regard fier de ma traitresse d'amie, qui m'a poussé dans ses bras.

Il danse très bien. Son parfum est le même qu'hier. Je ferme les yeux un instant pour m'enivrer de l'effluve musqué. Sa main posée sur ma taille est ferme. Son contact me refait penser au rêve de la nuit dernière. À cette pensée, je me sens toute chose. Il m'attire contre lui et me soulève pour faire une figure. Mes battements de cœur s'emballent. Sa force me porte comme si je n'étais qu'une plume. Je plonge mes yeux dans les siens, et il me sourit. Je fonds comme neige au soleil ! Je lui rends un sourire, puis me laisse guider.

Les gens autour de nous ont disparu. Il n'y a plus que nous deux, dansant corps contre corps. Nos pas se font plus intenses, et les figures plus sophistiquées. Je ne peux plus me détacher de son regard. La musique ralentit. Le chanteur annonce une petite pause. Nous nous arrêtons à regret. Il relâche doucement son étreinte. Ma main glisse lentement sur son bras musclé. Je suis électrisée par ce contact. Je suis tout essoufflée. Il presse délicatement mes doigts pour attirer mon attention :

« Puis-je vous offrir un verre ? »

Je hoche la tête et il m'entraîne à sa table. Un serveur s'approche pour prendre notre commande. Il commande une carafe d'eau et un verre de jus d'abricot, puis se tourne vers moi.

  • Un diabolo cassis. Dis-je d'une petite voix, tant je suis encore essoufflée.

Je cherche un instant Caroline du regard. Elle minaude devant un grand type brun, tout à fait son genre. Elle a fini par trouver sa proie pour la soirée. Je reviens vers ce danseur émérite.

  • J'ai adoré danser avec vous, mais je ne connais toujours pas votre nom ?
  • Je m'appelle Dimitri. Et je vous retourne la question ?
  • Léa. dis-je dans un souffle.

Je crois que tout me plaît chez cet homme. Ses yeux, son odeur, sa façon de danser, et même son prénom. Les musiciens sont de retour sur la scène. Nous avons fini nos verres. Il me tend la main en me demandant « Prête pour une autre danse ? »

C'est le moment des slows. La soirée touche à son terme et je n'ai pas envie de quitter ses bras. Notre échange est si intense. Mon corps tout entier vibre d'impatience à l'idée qu'il puisse y avoir plus d'intimités. Voici la dernière chanson. Nos regards sont vissés l'un à l'autre. Un peu d'audace s'empare de moi. Ma main glisse de son épaule pour effleurer son cou. Je le sens tressaillir sous ce contact. Je suis brûlante de désir, et j'attend son étincelle. Il se penche sur moi pour m'embrasser. Ses lèvres me brûlent. Il s'écarte lentement et me murmure : « Je vous raccompagne ? » Oui.

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