S'écrire
Prendre la plume pour écrire un texte engagé.
Au trône de la réalité, faire ses convictions siéger.
Afin que nos droits soient sereins, non pas fustigés
au profit d'un système carcéral qui nous a piégé.
Des barreaux ne nous faisant taire, plutôt enrager.
Nous sommes maîtres de nos pensées, même affligés.
Mais la tête sous l'eau, il devient impossible de songer.
Au quotidien c'est notre argent que l'on doit allonger,
pour survivre dans le matériel et ne pas plonger.
La conscience peut évoluer en palpable objet.
Peu importe le verbe imposé. Sais faire de toi le sujet.
Écrit sans craindre les exclamations. Souligne les préjugés.
Lorsque la société te censurera avec son devoir de te juger,
c'est la liste des faits à dénoncer qui se verra prolongée.
Si nos stylos pleurent pour la liberté d'expression figée,
nos esprits n'ont pas souvenir qu'une stèle lui ai été érigée.
Alors continuons de la faire vivre, sans cesse revue et corrigée.
Écrire comme un accouchement verbal illégal que l'on assume.
Écrire pour ceux que l'on aime, se délivrer de son amertume.
Écrire simplement pour libérer toute la ferveur de sa plume.
Aérer son coeur pour écrire une lettre d'amour.
Ouvrir la porte au lieu de la fermer à double tour.
Comme un hymne aux êtres chers qui nous entourent.
Leurs paroles sont pures, parfois dures, bénéfiques toujours.
Même leurs silences expriment une fidélité sans recours.
Le partage est scellé, tel un pacte excluant un retour.
Leur signature : un sourire, un geste, un simple bonjour ;
car en sentiment il n'y a pas besoin de long discours.
Au moindre vague à l'âme, lame de fond, ils accourent.
Du cadran les aiguilles ont déjà fait le tour.
Les moments passés avec eux sont vraiment trop courts.
Ils parent nos lieux habituels des plus beaux atours.
Ensemble du monde nous redessinons les contours.
Les fardeaux partagés semblent beaucoup moins lourds.
Pour tout cela, ils méritent des déclarations de troubadour :
que les mots aient la fraîcheur des premiers jours,
la beauté des richesses qu'ils sèment sur nos parcours.
Écrire comme un accouchement verbal illégal que l'on assume.
Écrire pour ceux que l'on aime, se délivrer de son amertume.
Écrire simplement pour libérer toute la ferveur de sa plume.
Écrire comme se propage une marée noire.
Noircir des pages pour crier son désespoir.
À vif, sur le fil du rasoir,
trancher les attentes illusoires.
Sortir la boîte de Pandore du tiroir
afin de la sceller d'un indestructible fermoir.
Exorciser les démons pour ne pas choir,
ne pas finir broyé entre leurs mâchoires.
Avoir gagné au moins une victoire.
Comme on agiterait un mouchoir,
au revoir la tristesse et son frêle bougeoir.
Prendre le stylo comme exutoire,
la clé pour s'évader de l'étouffoir,
trouver une autre issue à l'histoire.
À la source de l'encrier, croire
en la renaissance ; enfin s'émouvoir.
L'écriture a ce magique pouvoir.
Écrire comme un accouchement verbal illégal que l'on assume.
Écrire pour ceux que l'on aime, se délivrer de son amertume.
Écrire simplement pour libérer toute la ferveur de sa plume.
© Slamity Jane - SACEM
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