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En bas, Barty regardait la scène avec un mélange de curiosité et d’énervement. Cet ancien soldat venait de tuer trois prisonniers redoutables. En temps normal, il aurait été ravi mais il avait besoin de meurtriers comme eux pour les tournois mensuels. C’était bien la première fois que cela arrivait. Il serra les poings puis avisa Stones, les bras ballants et essayant de reprendre son souffle.

— Fatigué, monsieur Stones ? Il ne vous reste que deux étages vous savez, deux petits étages, blagua-t-il.

— Ta gueule, enculé. Je redescends bientôt.

John Stones monta les marches, respirant difficilement et tenant sa main brisée. Il savait que, même s’il réussissait à tuer chaque ennemi, son futur était scellé. En bas, une centaine de matons l’attendrait et protégerait le directeur. Mais, le menacer et voir de l’agacement dans les yeux fous de Barty lui faisait plaisir.

Une nouvelle cellule s’ouvrit au fond du couloir. Personne ne sortit. On entendait juste quelqu’un siffloter et chantonner. John s’avança, même s’il n’en avait pas particulièrement envie. Il devait combattre à cet étage.

La douleur le faisait chanceler. L’ex-membre de la CIA marcha, toujours sur ses gardes et passa la tête dans la geôle.

Un petit homme rabougri restait en tailleur sur sa couche tout en grattant les pustules purulentes qui jonchaient son visage. Ses mains carbonisées semblaient avoir été trempées dans de l’acide. Sa gorge gonflée et recouverte de bubons verdâtres se mouvait sporadiquement. Il arrêta de fredonner lorsqu’il vit le vétéran.

— Enchanté, monsieur Stones. Je m’appelle Walter, dit-il d’une voix entrecoupée d’une toux grasse.

— Euh… Je ne comprends pas…

— Oui, je sais. Je suis censé vous tuer pour leur faire plaisir, mais aujourd’hui je n’ai pas envie et je n’ai jamais été un grand combattant. Ce n’est pas ma tasse de thé. Si vous êtes ici, c’est que vous avez battu Yorkan. Si vous avez terrassé un ruskov de plus de deux mètres, qu’est-ce que je pourrais bien faire ? Je peux à peine marcher droit.

Un silence oppressant suivit sa déclaration. John restait dans l’entrebâillement, les sens aux aguets, au cas où tout ceci était un piège. Walter le Chimiste reprit la parole.

— Vous pouvez monter, John. Je vous souhaite une belle mort.

— Comment ça ?

— Vous allez affronter Bulk, le pire de tous. Même les surveillants ont peur de l’approcher. Dépêchez-vous, ne perdez pas votre temps ici.

— Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous n’êtes pas comme ces psychopathes.

— Oh vous savez, psychopathe, sociopathe, ce ne sont que des termes. Si je vous disais qu’on m’appelle le Chimiste parce que je faisais des expériences sur n’importe qui, quand j’en avais envie, vous penserez quoi ?

— Que vous êtes un monstre et…

— Oui oui, voilà. Vous n’arrivez pas à faire la différence entre génie et fou. J’aurais pu changer la face du monde. Mais bon. Malheureusement ou heureusement, je n’ai plus guère longtemps à vivre. Mes expériences se sont retournées contre moi, je suis atteint de plusieurs maladies et d’un cancer généralisé en phase terminale.

Un sourira las étira ses lèvres et il congédia le vétéran. Hébété mais soulagé d’avoir évité un nouvel affrontement, John souffla et monta au dernier étage, retrouver Bulk, celui que tout le monde redoutait d’après Walter. Le dernier étage regroupait moins de cellules. Des trainées de sang mouchetaient le sol. Une mare pourpre, encore fraîche, s’écoulait des barreaux qui s’ouvraient péniblement.

Des doigts pubescents et bosselé s’agrippèrent aux murs. Une masse informe s’extirpa difficilement. Un homme énorme, déformé, défiguré, les cheveux poisseux et de la bile verdâtre s’écoulant de ce qui devait être sa bouche. Une fente dénuée de dents. Ses yeux globuleux sans iris dardaient un regard aliéné. John recula et frissonna. La vision d’horreur le tétanisait. Il n’avait jamais vu ça.

Tout en bas, Barty Sanders prit un mégaphone et racla sa gorge.

— Monsieur Stones, je vous présente Bulk. Vous êtes l’un des premiers à pouvoir le regarder d’aussi près. D’habitude, les autres participants meurent bien avant. Bulk, ici présent, est une création scientifique absolument ignoble et magnifique à la fois. Il est doté d’une force surhumaine et les balles ne lui font rien. Bien sûr il ne parle pas et son cerveau s’est atrophié. Il n’a qu’une envie : tuer et manger.

L’ex-marine ne savait pas quoi dire ni penser. Il allait donc mourir ici, massacrer et dévorer par une atrocité qu’aurait pu vomir les Enfers. Un monstre digne des plus grands films d’horreur. Une ignominie telle qu’il sentait la terre s’ouvrir sous ses pieds. Il voulut bouger mais il n’y parvint pas. Il était pétrifié.

Bulk s’avança vers lui, traînant ses pieds gibbeux. Ses mains recouvertes de verrues sanieuses se tendirent vers l’ancien Navy Seals.

John Stones ferma les yeux.

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