Franck était à l’accueil de la gendarmerie à Mâcon depuis deux semaines. Il avait décidé de commencer en bas de l’échelle, mais comme il trouvait le temps long planté derrière son bureau, il s’amusait à imaginer la suite de sa journée. Ce matin, trois personnes étaient venues pour leur voiture incendiée. Peut-être que la prochaine arrivera pour signaler un vol. Une voiture ? Non ! Avec les grandes vacances, il aurait peut-être le droit à une maison pillée, vidée de tout ses biens par des types sans scrupules. Ça serait cool ! Puis en remuant son café avec une touillette, il eut une pensée pour les victimes de ce genre d’affaire, en réalité, ça devait être affreux.

Il fut tiré de sa torpeur par l’arrivée d’une dame âgée, il la jaugea d’un coup d’œil. Elle ne semblait pas dingue, comme la vieille gâteuse qui revenait tous les trois jours, pour signaler la disparition de « Coco »  son petit YorkShire. Après avoir reluqué Franck plusieurs secondes, elle s’approcha de lui et lâcha :

— Salut tit gars !

— Bonjour madame ! Vous venez pour… répondit-il joyeusement.

La mémé se mordit la lèvre, puis hésitante, elle annonça :

— Je l’ai tué !

— Vous avez tué qui ? Et comment ? demanda le gendarme.

— Le violeur en haut de la Roche de Solutré, et ben je l’ai poussé dans le vide !

Perplexe, Franck se gratta les cheveux avant de balbutier :

— Attendez-moi là, deux minutes. Je vais chercher mon supérieur.

Puis, il fila dans le couloir en criant :

— BENOÎT, BENOÎT !

— JE SUIS AU CHIOTTE ! QU’EST-CE QUI SE PASSE ? gronda le chef d’une voix puissante.

Honteux Franck s’approcha de la porte pour expliquer :

— UNE MÉMÉ PRÉTEND AVOIR TUÉ LE TYPE RETROUVER MORT À SOLUTRÉ. JE FAIS QUOI ?

— PUTAIN, RETIENS LÀ ! J’ARRIVE !

Le jeune homme sprinta en direction de l’accueil, et en balayant rapidement la pièce du regard, il constata que la mamie s’était volatilisée. Son cœur s’emballa, et affolé, il contourna son bureau pour sortir précipitamment de la gendarmerie.

La petite vieille était plantée en plein soleil et soulagé, il déclara :

— Qu’est-ce que vous faites ? Je vous avais dit d’attendre à l’intérieur !

— Je prends mon dernier bain de soleil avant d’aller en prison  ! expliqua-t-elle d’un air amusé.