Chapitre 3
Serena songe à se débarrasser de son horloge murale. Le tic tac incessant est le compagnon de ses insomnies, la troquer contre une beaucoup plus discrète serait bénéfique pour son sommeil. Elle décide de se lever, il est évident qu'elle ne dormira pas plus.
Au fond d'elle, la belle pétille d'excitation, vous savez celle que l'on ressent lors d'un départ en vacances. Celle qui nous empêche de fermer l'oeil la nuit qui précède le voyage. La valise se tient droite devant la porte d'entrée, il ne manquera plus que les effets de dernières minutes.
L'eau cascade pour venir assombrir la belle chevelure de Serena. Ses mains se glissent à l'intérieur pour masser son cuir chevelu, les gouttelettes lèchent tendrement sa peau déjà préparée pour des vacances au soleil. Le froid rafermit encore plus le corps de Serena. Le jet goûte ses tétons jusqu'à créer des picotements à leur durcissement puis s'écoule plus délicatement le long de son ventre plat avant de se glisser entre ses jambes. L'éponge laisse sur son passage une agréable senteur de noix de coco, esprit vacances avant l'heure.
Serena fait face à son reflet dans le psyché de la chambre, heureusement que le sport lui permet de rester bien gaulée car on ne peut pas en dire autant de son visage. Elle fait la grimace lorsqu'elle se rapproche de son double, ses traits sont tous tirés, les cernes signes de nuits blanches sans fin maculent le dessous de ses yeux. Troublée du contraste entre son corps dénudé, plutôt agréable pour les regards et son teint pâle ensommeillé, elle reste bloquée face au renvoi de son image pendant bien cinq minutes qu'elle aurait pu consacrer à autre chose.
- Une tête à faire fuir un mort, s'exclame t-elle à voix haute.
Serena enfile une culotte blanche en dentelle, presque shorty avec par dessus un joli short marron qui fait ressortir le doré de ses cuisses. Une paire de sandales avec un léger petit talon et elle passe par dessus sa tête, un crop top qu'elle a réalisé elle même au crochet. Ecru, ajouré juste en dessous de la poitrine dont le décolleté est en V. Les deux rangées qui longent son ventre sont ornées de petits coquillages en imitation, suspendus par un petit fil qui a été cousu à la main. Serena attrape ses cheveux du devant dans une pince qu'elle fixe sur le dessus de son crâne pour ne pas être gênée par quelques mèches rebelles.
Serena s'assoit à califourchon sur sa lourde valise, les fesses cambrées en arrière pour s'assurer de bien aller jusqu'au bout avec la fermeture éclaire pour le verrouillage de la valise. Elle s'emmitoufle dans un long gilet de maille et amène la poignée à elle pour sortir sur le palier.
L'air frais fait danser ses cheveux au carré, au loin elle reconnait la voiture que conduit souvent Noah, le pote de Guerric. Son frère jumeau, Paco est aussi du voyage. Noah contourne la voiture pour lui faire une bise sur chaque joue et lui donner un coup de main pour charger le bagage dans le coffre.
Serena est prise de bouffées de chaleur lorsqu'elle se glisse sur la banquette arrière, le regard des trois jeunes hommes braqué sur elle est en train de la faire rougir.
- Tu as meilleure mine que la dernière fois que Guerric t'a ramené, s'exclame Paco. Tu étais tellement molle que l'on aurait dit une poupée de chiffon !
- Lâche là, Paco, ronfle Guerric. Serena a eu des malheurs que seule une personne qui a perdu un être cher peut comprendre. Tu ne peux pas imaginer tout ce qu'elle a traversé.
- Il n'a pas tort, Guerric. Merci d'avoir pris ma défense mais il a raison, c'est vraiment l'impression que je donne. Le maquillage est pour beaucoup, j'ai toujours la même tête de déterrérée sinon.
- Sauf que personne ne devrait te le rappeler constamment, reprend Guerric. J'ai galéré pour qu'elle vienne avec nous alors les mecs soyez gentils ne la faites pas fuir !
Les frères jumeaux se mettent à rire, un sourire se peint sur son visage, pour vous cela ne signifie pas grand chose un sourire mais pour Serena, qu'est-ce que ça fait du bien cette sensation de revivre un peu. Les hauts parleurs crachent du son, l'ambiance est au rendez-vous malgré que ce ne soit que quatre heures du matin. Noah emprunte l'entrée d'autoroute, la circulation est déjà dense, le jeune homme ferme presque les yeux pour l'insertion afin de forcer le passage pour ne pas être contraint de s'arrêter au bout du cédez le passage. L'accélération et le changement de voie se fait sans encombre, Noah essuie machinalement les quelques perles de sueur qui coulaient le long de ses tempes.
- Le Nissan Juke m'a un peu mis la pression, s'exclame Noah. Il accélérait comme un abruti ! J'ai des palpitations.
- Ne t'inquiètes pas mec, tu as tout ton temps, répond Guerric.
Les bras de Noah sont crispés comme pas possible, ses veines les ont bien teintés. Serena ne peut les quitter des yeux, elle semble soucieuse de l'état de leur ami qui risque de vite prendre des douleurs dans les membres. Bienveillante, elle lui tend sa gourde d'eau bien fraîche lorsque la voiture est bien stabilisée dans sa voie. Noah presse ses lèvres contre le goulot, cela coule même le long de son cou. D'un hochement de tête, toujours concentré sur la route, il remercie Serena qui renverse un peu d'eau dans sa paume pour l'étaler sur la nuque de son ami.
- On a huit heures pour voyager de la Bretagne aux Landes, s'exclame Guerric. C'est ce que me dit Waze.
Noah affiche une drôle de tête, huit heures lui paraissent une éternité pour longer le côté Ouest de la France. Serena le sent stressé à chaque fois qu'une voiture se rabat presque devant son pare-choc avant.
- Si tu me fais confiance, ta voiture je peux la conduire, se propose Serena. Je ne suis pas plus inquiète que ça de conduire sur l'autoroute.
- Il te le dira pas mais on sait tous que Noah n'est pas un mordu du volant, le taquine Guerric. Il serait même plutôt pour que tu prennes sa place.
Les jeunes s'amusent de moqueries sympathiques envers les uns, les autres. La première pause se fait après trois heures de conduite. Les garçons s'empressent de se réfugier derrière un tronc d'arbre afin d'éviter la file d'attente pour les toilettes alors que Serena se place dans la queue.
'' Il ne faut pas être préssée '', se dit-elle dans son fort intérieur. Pour passer le temps, elle scrupte du regard son téléphone portable puis une fois son affaire terminée, elle retourne auprès des jeunes hommes qui l'attendent autour d'une table de pique-nique. Paco ouvre le sac de viennoiseries, tout le monde pioche ce qui lui fait envie, tous les quatre trinquent un coup dans leur cannette d'ice tea pour fêter leurs vacances en espérant pouvoir boire un verre, un vrai au bord de l'eau.
Les jambes étendues comme le reste de leur corps dans l'herbe, ils piquent un petit roupillon avant de reprendre le volant, tout au long du trajet ils se décident pour un ordre de conduite. La pause du midi qu'ils ont pris à 13 heures est prolongée contrairement aux précédentes, les bouchons les ont fatigués, il est préférable de ne pas prendre de risques. Les quatre amis prennent un pique-nique et finissent la digestion en jouant au '' six qui prend ''. Guerric entraîne ensuite toute la bande à reprendre le chemin, il se porte volontaire pour remplacer Paco dont les yeux se ferment tout seuls.
Le soleil brûle déjà à travers les vitres de la voiture, l'odeur des pins pénètre dans l'habitacle. Les amis sont soulagés d'arriver sur le lieu de leurs vacances. La pancarte les rassure, Waze les a bien guidés au camping le '' Vivier '' malgré quelques détours qui ont rallongé le trajet.
- Bienvenue à Biscarrosse ! s'exclame Guerric, heureux comme un gosse.
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