Chapitre 9
Lorsque Guerric vient frapper à la porte de la chambre de Serena, la jeune femme lui propose d'entrer. Son meilleur ami finit par venir s'asseoir au bord de son lit en ne posant que la pointe de ses fesses sur le matelas par respect de ne pas empiéter trop dans l'intimité de Serena.
Il pose sa main sur l'épaule de la jeune femme dont les yeux sont en train de luire de plus en plus lorsqu'elle croise son regard.
- Noah m'a dit qu'il t'avait trouvé pas bien lorsque tu as quitté la piscine, que se passe t-il ? lui demande Guerric.
- Cet endroit brasse tant de souvenirs en moi, murmure t-elle en luttant contre les larmes. Guerric je ne pourrai jamais faire mon deuil, maman me manquera toujours.
- Je comprends que ça puisse faire ressurgir quelques émotions au fond de toi, s'exclame Guerric en l'enlaçant. Je pense que c'est difficile de faire son deuil, peut-être que tu ne le feras jamais mais la douleur guérira un peu, tu auras moins mal avec le temps et ta maman aimerait que tu profites de tes vacances. Si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour elle. Paco a trouvé un resto sympa pour ce soir, on devrait partir maintenant, sèches tes larmes princesse Serena. Si tu veux en rentrant, je pourrai passer dans ta chambre un moment si tu as besoin d'évoquer tes pensées, de me parler, sache que je serai toujours là pour toi.
Les lèvres de Serena tremblent par saccades, elle lutte contre elle-même, contre l'océan d'émotions qui la submerge. Elle se lève pour rejoindre ses amis. Le trajet en voiture est très court, elle doit remettre de l'ordre dans sa tête avant qu'il ne s'achève. En sortant de la voiture, elle remet sa mèche derrière son oreille et accepte le bras que lui tend Paco. Son frère jumeau, Noah, vient l'enlacer d'un câlin amical et de consolation.
- J'ai réservé au prénom Paco, s'exclame t-il. Oui pour quatre personnes, merci beaucoup Madame !
La cinquantenaire leur désigne une petite table au fond de la terrasse, là où les bordures sont décorées par de très hauts palmiers et des haies de lauriers de toutes les couleurs. Les mojitos au fruit de la passion sont aussitôt apportés à peine commandés. Le cadre est idylique, rien à reprocher.
Serena suçote du bout des lèvres sa paille en bambou, des petits mouvements sensuels exercés par celles-ci plutôt pulpeuses. Son lot de consolation est ce jeune homme aperçu aux abords de la piscine, parler de rencontre serait trop précipité étant donné que ni l'un ni l'autre ne se sont adressés la parole. Pourtant il avait l'air lui aussi en pleine contemplation sur la jeune Serena.
Elle le revoit prendre appui sur le bord de la piscine pour sortir de l'eau, les seules images qu'elle a en tête sont ses muscles bien gonflés lorsqu'il a fait cet effort. Cela l'a rendue rêveuse et un sourire niais commence à s'afficher sur son visage sous l'air interrogatif de Guerric et des jumeaux. D'ailleurs, comment était son visage ? Serena a du mal à se le remémoriser, elle qui s'était bien attardée sur le joli corps de l'homme qui hante ses pensées. Tout était agréable chez lui, ses pectoraux, ses abdos bien tracés et encore plus la forme qui est en train de la faire devenir rouge comme une pivoine. Serena se mord la lèvre, le grand gaillard était non seulement bien bâtit mais il avait l'air d'en avoir sous le boxer ! Le tissu mouillé et moulant de son maillot de bain avait dessiné suggestivement la forme de son gland. Serena a l'appétit ouvert, elle déguste, imagine sans émettre le moindre son. Ce qui l'avait frappé, c'était ses magnifiques yeux verts qui l'ont regardé lorsque le contact visuel s'est établit.
La jolie femme se questionne, elle aimerait l'aborder et est même en train d'envisager la façon dont elle pourrait entrer en contact avec lui. Elle secoue la tête en pouffant de rire, elle qui s'était promis de ne plus s'approcher des garçons afin de ne pas souffrir plus qu'elle ne souffre déjà et essayer avec une femme est loin de la tenter.
- C'est bon au moins ce que tu manges ? se moque Paco. On ne t'a pas entendu de tout le repas ! Tu étais à l'Ouest mais avec le sourire alors on ne t'a pas dérangé.
- Oui, je me régale ! Répond t-elle gaiement. Pour preuve j'avais une faim de loup ! Il ne reste plus rien donc oui c'était même délicieux.
- Sur quelle planète étais-tu ? rigole Guerric à son tour. C'est clair je préfère mille fois ce beau sourire aux larmes que tu versais dans ta chambre avant le resto ! Tu pensais à quoi ? Un beau garçon ?
Serena se mord la lèvre et semble à présent excitée, presque à sautiller sur sa chaise.
- Petite confidence les gars, ajoute t-elle. Oui effectivement j'ai vu un très beau garçon à la piscine et je crois que lui aussi me regardait derrière ses lunettes de soleil. Depuis je n'arrive pas à me détacher de son image !
- Mais oui, celui qui est sortit de l'eau au moment où tu es passée devant lui ! La taquine Guerric. Il est plutôt pas mal c'est vrai ! Et j'ai très bien remarqué ses regards insistants qu'il avait envers toi. Il te regardait de la tête aux pieds, ça m'a beaucoup amusé ! Je me suis dit ces andouilles ne vont pas se parler !
- C'est vrai ? glousse Serena.
- Ben oui, il n'avait d'yeux que pour toi, renchérit Noah en tirant la langue. Je l'ai vu aussi ce garçon !
- En plus, il a de quoi te faire baver Serena, continue Guerric. Il était quand même bien sculpté ! Et son boxer moulait carrément son matériel ! J'imagine que tu t'es un peu rincé l'oeil te connaissant !
- Tu crois que j'allais me gêner, rigole la jeune femme. Je n'en ai pas perdu une miette Guerric ! Tu crois que je vais le revoir ?
- On va le chercher, crois-moi, insiste Noah en la dévisageant avec son large sourire. Ce serait bête de rater une belle histoire, non ?
- Noah, j'ai juste dit qu'il était beau je n'ai nullement l'intention d'aller le draguer, euh tu vois les yeux c'est fait pour voir ! Et à l'heure d'aujourd'hui ça me convient je n'ai aucune envie de poursuivre plus loin et d'encore souffrir un coup...
La bonne ambiance est enfin au rendez-vous, dans l'allée du camping les quatre jeunes adultes bavardent avec entrain. Serena s'immobilise, Paco lui rentre dedans étant donné qu'elle s'est arrêtée trop brutalement. Le temps qu'il s'excuse, le jeune homme qu'elle a vu au bord de la piscine finit par disparaitre à l'intérieur du cottage voisin. Elle reste sans voix, troublée de savoir que tous les deux logent à proximité.
Après s'être excusée, tous les quatre entrent dans la petite salle à manger. Paco a fait les cafés et les infusions puis après ce petit moment convivial chacun regagne sa chambre.
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