Chapitre 21
Jonathan reste imprégné de la sensation qu'ont laissé les lèvres de Serena sur les siennes. Cette explosion de douceur, d'avidité qu'elle lui a fait ressentir tout au fond de lui, après cela comment a t-elle pu le laisser en plan ? Abruti par les actes de la jeune femme, il reste planté au milieu du sable encore haletant de cet échange langoureux mais tellement tendre. Jonathan ressent comme un coup de poignard qui lui traverse le coeur, ce qu'il ressent c'est de l'inompréhension mêlée à une blessure. Oui, Serena vient d'anéantir tous ses espoirs en une fraction de secondes et cela l'a bléssé, lui qui avait cru ce moment sincère et l'avait vu comme un partage sensuel et affectueux. Son pied gratte nerveusement le sable qui ensevellit ses chaussures alors que toutes les têtes qui proviennent du groupe d'amis se tournent vers lui. Jamais il ne s'était senti autant humilié et dans l'obscurité ses yeux se mettent à luire.
Serena se débat avec l'hamas de sable qui recouvre ses chevilles, elle s'époumonne dans ses sanglots pour gravir la dune qui sublime le paysage. Au fond d'elle, elle regrette déjà d'avoir tout gâché avec ce jeune homme avec qui elle pourrait se sentir bien mais la crainte d'un nouvel abandon prend aussitôt le dessus. D'abord sa maman qui est partie rejoindre les étoiles, puis son ex petit ami qui n'a pas supporté le fardeau qu'elle représentait à elle seule, c'est ainsi qu'elle se voyait. Elle ne pourrait pas se permettre une relation avec Jonathan qui aussitôt les vacances passées, la quitterait sans doute à cause de la distance kilométrique qui les séparerait. Quelque chose est en train de naître entre ces deux coeurs, c'est d'une évidence et il faudrait être stupide pour ne pas le voir. Elle préfère tout stopper là, que de retrouver son coeur de nouveau en mille morceaux alors qu'elle est loin de s'être reconstruite. Elle se maudit intérieurement pour ce qu'elle a fait à Jonathan, se bat contre elle même et les pensées destructrices qui la submergent depuis la perte de l'être le plus cher qu'elle avait au monde.
Jonathan refuse de regarder sa soeur, il l'évite en se tournant dos à elle. Vanille tient à lui faire face mais il continue de lutter par fierté. Il renifle disgrâcieusement en repoussant sa soeur à plusieurs reprises. Vanille parvient à le cannaliser en se plaçant derrière lui, ses bras entourent le torse de son frère qui relâche la tension dans ses épaules. Elle lui murmure des paroles rassurantes et est là pour lui, pour le soutenir. Il bouillonne, sa chaleur corporelle réchauffe Vanille qui commençait à avoir frais avec l'air marin.
- Tu m'expliques où j'ai merdé soeurette ? Là, je ne vois pas, bougonne t-il. Je sais que je ne suis pas doué avec les filles mais quand même... J'embrasse si mal que ça ?
- Arrêtes, Jonath, tu as été merveilleux avec elle, commence Vanille. Tu as dû faire ressurgir des émotions au plus profond d'elle, ça a dû la boulverser. Tu n'es en aucun cas responsable de l'action qu'elle a faite ! Tu m'entends ? Tu n'as rien fait de mal.
- Je ne comprends pas, répète t-il. Tout était parfait, comment peut-elle tout gâcher comme elle vient de le faire à l'instant ?
Les sinus de Jonathan piquent de plus en plus, ça lui demande un effort surhumain pour ne pas craquer de nouveau devant sa soeur ainsi qu'Anthony aussitôt rejoint par les jumeaux.
- Paco, ne te ramène pas, lâche Anthony. Ce n'est pas le moment de vanner Jonath !
- Ah ça va, je sais que je suis un peu lourd mais je sais me tenir dans une situation comme celle-ci, gorgne le jeune homme. La petite Serena, elle va m'entendre à notre retour !
- Je pense qu'elle n'a pas besoin de ça, rétorque Noah. On reste en dehors de cette histoire, compris ?
- Ah les femmes décidémment, je n'y comprendrais jamais rien ! déclare Paco, cela fait sourire Jonathan. Tu vois si ça peut le faire sourire !
- Moi non plus je t'avoue, s'exprime Jonathan le coeur gros sur la patate.
- Serena renferme trop de souffrance et de peine en elle, confie Noah. Tu vas galérer mon gars, elle se méfie de tout, n'a pas confiance en les hommes qui la draguent. Tout peut se dérouler à merveille et la minute d'après ça se casse tout la gueule. Elle imprévisible, instable, nous ne l'avons pas connu comme ça et là, elle est dans sa phase noire que seul Guerric connait les codes pour avoir accès à l'ouverture de sa carapace. Je pense surtout que tu devrais persévérer Jonath, tu lui as fait vivre un moment incroyable et elle a une peur affreuse d'être abandonnée.
- Pourtant ce n'est pas ce que je ferai, renchérit Jonathan. Si je venais à faire de notre relation, une relation amoureuse, ce serait pour l'aimer. Qu'importe où elle se trouve sur Terre.
Serena manque d'oxygène à l'intérieur de ses poumons à force de courir, de pleurer de rage, d'être autant submergée par chacune de ses émotions qui la font sentir plus vivante que jamais. Ses jambes cèdent sous son poids, ses genoux s'écrasent sur le sable ainsi que l'avant de son corps qui vient se recroqueviller contre ses cuisses. Des bras musclés compriment le dessous de sa poitrine qu'elle sent remonter, elle se retrouve debout, le dos blotti contre le torse de Guerric. Serena n'a pas la force de s'échapper et de prendre la fuite. Honteuse, elle garde la tête basse lorsque son ami la contourne et vient poser ses mains sur ses joues. Il lui dépose un baiser sur le front avant de la contraindre à le regarder.
- Pourquoi ? se contente t-il de demander sans l'accabler davantage.
Elle hausse une première fois les épaules, son nez et ses larmes coulent le long de son visage. Elle se sent mal et n'arrive pas à prononcer un seul mot. Guerric est très patient, il ne la force pas et reste immobile les yeux plongés dans ceux de la jeune femme.
- Autant je t'ai toujours dit lorsque je ne sentais pas un homme que tu fréquentais, autant là ma belle tu peux y aller les yeux fermés avec Jonathan, finit-il par dire pour rompre le silence. Tu n'as rien à craindre, il est suffisamment mature pour ne pas te faire de mal, Serena. Je pense que tu peux lui faire confiance et votre histoire mérite de s'y attarder. Tu n'as aucune obligation de précipiter les choses, il t'attendra, à ton rythme.
- J'ai si peur Guerric, déclare t-elle. Peur de m'attacher à lui et qu'il disparaisse, qu'il m'abandonne comme l'a fait maman.
Guerric colle son front contre celui de Serena, les larmes de chacun se mélangent sur leur visage. Cet homme ressent la douleur de sa meilleure amie comme si c'était la sienne. Au décès de la maman de Serena, il avait pleuré avec elle. L'accompagner avait été éprouvant mais il ne s'était pas en allé pour autant et ça elle lui en était reconnaissante.
- Ta maman ne t'a pas abandonnée Serena, elle vivra toujours en toi, affirme Guerric en la serrant dans ses bras pour étouffer leur chagrin. Elle veille sur toi de là où elle est, elle ne peut qu'être fière de la force que tu mets pour te relever. Et je lui ai fait la promesse de garder ma main tendue lorsque tu en auras besoin, tu sais qu'auprès de moi tu peux te référer.
Elle sanglote contre le torse de son meilleur ami, son t-shirt est souillé mais il ne lui en tient pas rigueur.
- Et puis une bonne discussion avec Jonathan et tout repart ! ajoute Guerric. Tu peux lui faire part de ce que tu souhaites et ne souhaites pas dans une relation, lui demander de prendre le temps, lui déclarer tes craintes.
- Hé non, il ne va plus me parler avec ce que j'ai fait, j'ai tout gâché !
Guerric lui prend le bras, elle frissonne contre son corps alors il se décide de la ramener au cottage pour qu'elle puisse retrouver sa chambre. Ils marchent dans le sable fin pendant encore un quart d'heure et sur le chemin, il envoie un texto à Paco pour que son frère et lui récupèrent leurs affaires laissés sur la plage. Arrivés à la maison, Serena se sépare de lui, elle lui fait ressentir son besoin d'être seule dans la dernière phrase qu'elle prononce.
Guerric s'est endormi vêtu d'un boxer, emmitoufflé sous la grosse couette en ce soir d'été plutôt frais. Il sent la couette se dérober le long de son corps, découvrant son torse et ses cuisses velues. Il réalise que Serena l'a rejoint pour dormir avec lui. Il sent la jeune femme se caler contre son torse, tournée dos à lui, les fesses blotties là où elles ne devraient pas être. Leurs cuisses se rencontrent et elle fait passer le bras de son ami autour de son buste. Elle trouve le sommeil facilement, apaisée d'être en sécurité auprès de Guerric. Pour lui, sombrer dans les bras de Morphée est moins évident. La chaleur corporelle de son amie réveille gentiment ses sens. Malgré son long t-shirt, lorsqu'elle s'est couchée auprès de lui, il est remonté de plusieurs centimètres découvrant la totalité ses fesses moulées dans une culotte en dentelle d'après le toucher qu'il sent contre sa virilité. Guerric se sent bien à l'étroit, le boxer tendu par son érection, il décale légèrement son bassin pour ne plus être en contact avec les fesses bombées de sa pote. S'il peut leur échapper, il ne peut pas bouger son bras de la poitrine libre en dessous de son t-shirt, Serena le bloque avec les siens et pour une fois qu'elle dort profondément, il ne veut pas prendre le risque de la réveiller.
La nuit parfait bien longue pour Guerric qui est dans l'incapacité de remuer ne serait-ce qu'un seul orteil. Bien qu'il ait un profond respect pour sa meilleure amie, elle reste une femme et une femme qui pose ses fesses contre son attribut, difficile de rester insensible. Ce n'est que vers le matin qu'il parvient à s'endormir.
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