Chapitre 23

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'' Il s'est bien foutu de ma gueule ! '', répète t-elle en tournant dans sa chambre comme un lion en cage. L'attitude de Jonathan l'avait profondément déçue en début de soirée. Elle le revoit sourire charmeur accroché aux lèvres dévorer des yeux la serveuse qui était plus sexy que d'ordinaire. Leur petit manège l'avait dégoûtée, elle s'était même demandée s'il ne l'avait pas choisi pour complice dans le but de la rendre jalouse ou bien s'il avait la capacité de passer à une autre femme en un claquement de doigts. Serena approuve la majorité du temps les goûts musicaux de Noah mais ce soir là, la musique qui sort de son enceinte portable lui tape sur le système et c'est renforcé par le pianotement des doigts de son frère jumeau sur l'écran de son ordinateur. Guerric n'est pas encore venu lui dire bonne nuit, cela lui laisse un bon laps de temps pour cogiter et éventuellement passer à l'action. Il est parti à la douche il y a peu mais elle sait qu'il ne lui faut pas longtemps pour se savonner. Bientôt il reviendrait lui faire une bise. Le temps qu'il se rende aux douches publiques et qu'il en revienne, suffirait à la jeune femme pour s'éclipser.

'' De toute façon personne ne se rendra compte de mon absence ! '' murmure t-elle agacée au plus haut point. '' Je ne sais pas où j'irai mais quoi que je fasse il ne me reste plus longtemps ''. Guerric est le seul dans la confidence au sujet de ce que Serena vient de mentionner, pourtant à ses yeux, il lui avait promis que tout cela n'était que des conneries auxquelles elle avait bêtement cru parce qu'elle se trouvait en détresse à ce moment-là. Mais au fond d'elle, elle reste persuadée que cela va bientôt se produire, c'est ce qu'on lui avait dit sans la quitter des yeux.

Et c'est sans doute une raison qui la retient d'un rapprochement avec Jonathan. Délicatement ses doigts pressent la poignée de la porte de sa chambre qu'ils abaissent sans un bruit. Elle ressent des palpitations en vérifiant si les jumeaux étaient bien dans leur chambre et en s'assurant que Guerric n'était pas revenu des douches collectives entre temps. C'est signe que son coeur ne s'est pas encore arrêté de battre. C'est en nuisette et en tongues qu'elle franchit le seuil de la porte d'entrée sans faire de bruit pour descendre les petits escaliers en bois. Elle scrute les alentours en tournant la tête de tous les côtés, personne à l'horizon et la terrasse de Jonathan est éteinte et les volets de leur cottage fermés. Personne pour faire la tour de contrôle et mettre en échec son plan d'action guidé par la peur de la mort. Le vent agite ses cheveux en plein dans son visage malgré qu'ils soient encore mouillés, elle lève les yeux au ciel zebré d'éclairs et sait que l'orage frappera bientôt la côte atlantique. Le Wharf avait attirée son regard lorsqu'elle a feuilleté un flyer lors de leur arrivée le tout premier jour de leur séjour. Ils ne s'étaient jamais rendus là-bas mais elle voit bien la direction qu'il faut prendre pour atteindre les bords de plage. Cet appontement en bois lui parle, les souvenirs lui reviennent en se mettant en marche. Elle s'y est rendue à l'époque avec sa maman, un moyen de se rapprocher un peu plus d'elle. Elle fait plusieurs kilomètres en l'espace d'une heure, avec le but de rejoindre sa maman, plus rien ne la maintenait ici et pour le peu de temps qu'il lui restait, elle souhaitait en son fort intérieur mettre fin au calvaire qu'elle trimballe depuis des mois.

Guerric sait que Serena ne dort pas, la lumière éclaire le dessous de sa porte. Il frappe une première fois aucune réponse, il s'attendait à la voir en larmes la tête enfouie dans son oreiller mais se retrouve face à une chambre vide. Hâtivement, il fait le tour du cottage, ouvre la porte des toilettes ce qui fait râler Paco.

  • T'ain mec t'abuses laisse-moi pisser !

  • Tu as vu Serena ? lui demande Guerric. Je ne la trouve pas, elle n'est pas dans sa chambre !

  • Oh, elle doit être en train de bouder quelque part ! déclare Paco en haussant les épaules. C'est une femme hein ! Tu sais bien comment elles sont, elles tirent la gueule à la moindre contrariété.

  • Paco, je ne plaisante pas ! Le ciel est menaçant, on doit la retrouver, je ne laisse pas mon amie sous l'orage ! C'est hors de question ! panique Guerric.

Noah fait son apparition, torse nu au milieu du salon. Ses abdos sont bien tracés, lorsqu'il remarque l'air affolé de son pote, il commence à poser des questions.

  • Serena est avec toi ? Dans ta chambre ? S'empresse d'aller voir Guerric en bousculant Noah.

  • Ben non, pourquoi ?

Guerric n'a aucune résistance face au stress, il se pince l'arrête du nez et inspire profondément. Paco explique en vitesse la situation à son frère jumeau. Noah attrape son t-shirt à la volée et l'enfile en sortant du cottage précédé par Guerric et succédé par un Paco nonchalant.

Vanille dévérouille la porte au plus vite lorsqu'elle voit les trois garçons apparaitre derrière la baie vitrée. Elle déboule sur la terrasse en nuisette plutôt sexy pour une nuit sensuelle avec Anthony. La dentelle de son buste laisse apercevoir ses jolies formes ainsi que ses tétons peu dissimulés sous les fleurs brodées, son corps est recouvert par un voile transparent qui sublime ses hanches et permet d'admirer sa lingerie. Confuse, elle réalise qu'elle s'est bien assez dévoilée aux trois jeunes hommes, elle se recouvre avec les pans de son kimono qu'elle noue aussitôt autour de sa taille avec sa ceinture en satin.

  • Que se passe t-il ? questionne t-elle inquiète en voyant leurs visages décomposés. Un problème les gars ? Elle est où Serena ?

Anthony débarque en trombes à son tour, en boxer moulant, il entoure les hanches de sa femme et leur lance un regard interrogatif.

  • Est-ce que Serena est chez vous ? demande Guerric en entrant dans leur cottage sans permission.

  • Pas à ce que je sache, répond Vanille.

  • Jonathan est tout seul ? poursuit l'ami de Serena, à bout de souffle.

  • Jusqu'à preuve du contraire, oui, réplique Anthony. A moins que la coquine soit passée par dessus la fenêtre de sa chambre, mais ça a l'air bien calme. Enfin, vous nous expliquez ce qui se passe ?!

  • Serena est introuvable, s'exclame Paco. Sa chambre vide, les draps froissés mais personne dedans !

Jonathan se précipite auprès d'eux en entendant qu'il s'agit de Serena. Sa soeur fronce les sourcils, ils la suivent jusqu'à leur cottage. Elle soupire le portable collé à son oreille, la sonnerie résonne aussitôt dans la chambre de la jeune femme. Vanille déplie un petit papier calé sous le téléphone de Serena, elle prend une grande inspiration pour l'ouvrir et leur lance un regard vide d'émotions tellement elles sont confuses en elle.

  • '' Je vais rejoindre ma mère ", lit-elle la voix tremblante et la gorge sèche, son frère s'empare du papier.

  • On ne doit pas perdre une minute de plus ! panique le beau brun. Elle n'est peut-être plus là... Putain où es-tu Serena ? Qu'est-ce que t'as fait ?

  • Pas d'affolement, se ressaisit Vanille. Assieds-toi deux minutes toi ! On va se séparer en plusieurs groupes pour entamer des recherches, si elles ne sont pas concluantes, on appelle la gendarmerie dès demain matin ! Mais d'abord Guerric tu connais son code ?

  • Oui elle me l'a donné mais jamais je n'irai fouiller dans son portable sans son accord !

  • Oui mais là c'est un cas d'extrême urgence alors entres le, lui ordonne Vanille. Guerric, Serena a besoin de toi, elle ne t'en voudra pas pour ça. Tu auras toutes les excuses du monde !

Guerric grimace en laissant traîner son pouce sur l'écran, le groupe d'amis fait de fond en comble le téléphone de Serena, par respect, ils n'ouvrent pas les conversations anciennes et ils se rendent vite compte que les derniers messages datent d'il y a plus de quatre heures et c'était seulement entre eux. Son ami a les larmes aux yeux, les mains toutes tremblantes.

Anthony prend les devants en entourant le cou de sa chérie.

  • Ecoutez les gars, Paco et Noah ensemble, vous fouillez au peigne fin le camping, s'exclame Anthony. Et vu que ce sera vite fait, vous irez explorer le côté ouest de la plage, avec Vanille on va s'habiller et on partira du côté est ! Jonathan et Guerric, vous irez faire le tour de la ville en voiture et des forêts alentours ! N'oubliez pas vos téléphones !

  • Non, je veux à tout prix retrouver Serena ! s'oppose Jonathan. Je fais cavalier seul, après tout c'est de ma faute si Serena s'est enfuie ce soir !

  • Ok... finit par accepter Vanille. Mais fais attention à toi ! Tu te charges de la ville et des plages alentours, on prend Guerric avec nous !

Les amis partent par groupe hormis Jonathan. Lorsqu'il monte dans sa voiture, quelques gouttes viennent s'écraser contre le parebrise. Il se tient la tête entre les mains, les coudes contre le volant, les idées embrouillées et surtout ce mot inquiétant qu'il a glissé dans la poche de sa chemise. Les larmes lui reviennent aux yeux, il se sent coupable d'avoir agit comme un petit con en rendant les avances de la petite serveuse. Lui tout ce qu'il voulait faire, c'était de rendre jalouse Serena et de la voir revenir s'excuser de s'être en allée après un baiser aussi envoûtant. Pas le temps pour les remords, il tourne les clés dans le contact, les essuies-glace se mettent en mouvement, les feux éclairent la route. Pas la moindre trace de Serena après avoir passé deux heures à tourner en ville et à demander aux personnes qui tiennent les bars et restaurants s'ils ont vu une petite femme aux cheveux acajous, carré plongeant, super mignonne, petite poitrine, il commence à désespérer. Il revient garer sa voiture sur le parking du camping pour faire le trajet à pieds. D'après les dires de Guerric, il ne s'est pas passé tant de temps que ça entre sa douche et son retour pour dire bonne nuit à Serena. '' Elle ne doit pas être bien loin '', pense t-il au fond de lui.

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