L'examen médical

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Un énième détail omis par Lyon nous avait fait haïr nos professeurs français : l’examen médical obligatoire. Plus qu’une simple prise de sang, il s’agissait d’une batterie de tests qui assurait que nous ne ramenions pas la variole ou la grippe espagnole sur le territoire.

Effectué à l’avance en France, le certificat nous aurait permis de dormir un dimanche matin. Mais c’était sans compter sur le manque d’informations. Résultat : deux cars blindés qui transportaient plus d’une centaine d’étrangers à jeun dans un hôpital du centre-ville. Bien entendu, tout cela à nos frais (cinq cents yuans en plus dans la poche de l’université, qui partaient on ne sait où).

Na m’avait expliqué que la clinique qui nous prenait en charge figurait parmi les meilleures et les plus chères de la ville.

Je n’aurais pas aimé consulter les autres.

Le hall d’entrée du bâtiment, d’une pâleur morbide, accueillait une file interminable de malades, derrière des dizaines de panneaux numérotés qui indiquaient les différents services. Les enseignants nous distribuèrent une liste de secteurs à visiter et à valider. Je fus dégouté dès la première étape.

Na me poussa dans la file des prises de sang. Ces dernières étaient effectuées à la chaîne, par une demi-douzaine d’infirmières. Le bras maintenu par un tuyau jaunâtre et fatigué, elles nous piquaient sans état d’âme. Par chance, les seringues étaient stériles. Quelques tubes puis on nous envoyait au secteur suivant.

Un autre médecin s’occupait du test de tension et de vision (je me demandais où était la corrélation entre les deux ?). Ici, pas de poire, rien à fixer autour du bras. La technologie a remplacé l’homme. Il suffisait de pénétrer son avant-bras dans une cavité qui se compresse et se détend autour de la peau, puis affiche tous les calculs, en quelques secondes. Plonger ma main dans cette machine utilisée par des milliers d’autres me rebuta au premier abord, puis je me suis rappelé le nombre de bactéries présentes sur les dispositifs à carte des magasins, puis plongea le membre, non sans grimacer.

Le test de vision, très succinct pour moi qui ne portait pas de lunettes à l’époque, n’était rien de plus qu’une lecture de lettres avec un œil caché. Le couloir menait ensuite vers la radio des poumons, tout habillé, une grande première.

La dernière épreuve, redoutée de tous, fut l’analyse d’urine. L’infirmière nous tendit une éprouvette et indiqua les toilettes pour notre petite affaire. Le plus étonnant restait la sortie : nous devions étiqueter et ranger nous-mêmes les fioles. Une fille, en échange avec moi, rajouta même de l’eau dans son tube par peur de ne pas fournir assez de matière pour l’analyse.

Une fois terminé, chaque élève attendait le reste, pour que tout le monde reparte ensemble. Mais tous ces étrangers ajoutés aux nombreux patients chinois rendaient l’attente interminable. J’avais l’impression d’être arrivé en bonne santé puis de repartir avec une pneumonie.

Après cinq heures à végéter sur des chaises inconfortables, les bus nous ramenèrent enfin au campus. Quelques semaines plus tard, les analyses tombaient.

J’étais en bonne santé.

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