Durlinsbach, dimanche 25 octobre 2020 et FIN

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Geneviève et Bernard marchaient lentement le long du Grimbach. Les dernières pluies avaient grossi le débit, malgré une belle arrière-saison qui s’éternisait. Un généreux soleil irradiait à travers les feuillages rougeoyants. Geneviève sentit Bernard lui prendre la main. Elle lui répondit avec une légère pression.

— Cette balade est un vrai délice, lui souffla-t-il.

— Oui et ça fait bien longtemps que nous ne nous sommes pas promenés comme ça dans la nature.

— Et bien longtemps que tu n’as pas fait de photos, compléta Bernard.

— C’est vrai, soupira-t-elle, le regard perdu dans les reflets du ruisseau.

Elle réalisa combien ces instants lui manquaient. Silencieusement. Elle émit le vœu pieux de faire un effort pour trouver de nouveau du temps pour elle. Pour l’instant, elle restait encore assez perturbée par cette enquête qui l’avait entraînée, elle et son équipe, dans un univers qu’ils ignoraient, mais dont ils devaient bien admettre l’existence. Elle eut une pensée émue pour Léa Baysang. Cette pauvre fille qui avait encore toute la vie devant elle. Une vie fauchée par le délire mystique d’un homme.

— Et ton prof, là, il va être reconnu coupable ? lui demanda Bernard qui semblait lire dans ses pensées.

— Oui, bien sûr, il avait tout son discernement au moment des faits. Je doute même qu’il bénéficie de circonstances atténuantes.

Il se contenta de hocher la tête. Ils pénétrèrent sous les frondaisons des arbres, accueillis par les trilles cristallins d’un rouge-gorge. Le moulin apparut bientôt au détour du chemin, solitaire et mystérieux.

— Le fameux moulin, murmura Bernard.

Ils franchirent la petite passerelle sur le ruisseau, le bois craquant sous leurs pas.

— Faisons le tour, proposa Geneviève.

Les rubalises qui barraient la cour avaient été enlevés. Le moulin ressemblait à une carcasse abandonnée. Ils s’arrêtèrent devant le bâtiment entouré d’un silence oppressant, comme s’il gardait encore en lui les secrets des âmes tourmentées qui l’avaient habité.

Geneviève s’approcha de la porte, attirée par un étrange sentiment qu’elle ne pouvait expliquer. Son regard se posa sur le heurtoir de bronze et le visage qui tenait le lourd anneau. Son sourire la troublait profondément. « Tient c’est étrange, ma mémoire me jouerait des tours ? il me semble que ce visage était plutôt grimaçant, horrible même ».

— Ça va chérie ?

Elle se tourna vers lui, toujours troublée, et lança un dernier coup d’œil au moulin, qui, tel un témoin silencieux, paraissait la scruter à son tour, dissimulant encore une partie de ses mystères.

— Oui, ça va. Allez ! on rentre.

Mais tandis qu’ils s’éloignaient, Geneviève ne put s’empêcher de ressentir un léger malaise, comme si ce lieu gardait encore prisonnière une partie d’elle-même, quelque chose d’inachevé, d’inexpliqué.

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