Une vipère dans le nid
Frottements. Odeur d’ozone omniprésente. Échos de coups de feu, cris, jurons.
— Amenez-moi une Eir ! MAINTENANT !
Pas précipités, légers, voix féminine. Flash lumineux, faisceau dirigé droit vers la pupille, qui se contracte par réflexe.
— Elle est encore vivante.
Les mains douces se posent sur la peau, une intense lumière verte illumine les décombres du champ de bataille, la magie régénératrice afflue dans le corps.
— Elle a perdu énormément de sang, reprend la guérisseuse.
Silence. Le commandant des Thor porte la main à sa jambe brisée, pousse un soupir de soulagement quand les pouvoirs de la fille d’Eir prennent le relais, gomment la douleur et réparent la fracture.
— Et, bien sûr, on ne peut pas la transfuser, grommelle-t-il.
— Tu sais très bien que le sang dépend de l’ascendance. La sienne est… bordélique. Et encore, c’est un euphémisme.
— Et donc ?
— On attend. Mais il y a un truc bizarre dans son système… Je vais avoir besoin d’aide.
| † | † |
Crissements. Le vent chuinte dans le feuillage. La lune est haute, mais voilée par d’épais nuages gris qui laissent à peine filtrer sa douce clarté.
— Mère.
Il s’agenouille face à la haute silhouette encapuchonnée, qui se fend d’un vague sourire scarifié.
— Libère-moi.
— Mais…
— C’est ton rôle, celui pour lequel d’autres auraient tué. Assume-le.
Un frisson coule le long de son échine, la terreur le prend à la gorge lorsqu’il croise le regard polaire de sa génitrice. Sa voix s’est faite glace, son ton, implacable. Il n’y a ni affection ni fierté dans les iris turquoise, simplement le poids des expectatives.
— Oui, Mère, parvient-il à répondre, la voix enrouée.
Satisfaite, elle tourne les talons, et s’évanouit dans le brouillard sans un adieu.
| † | † |
Murmures. Nerveux, tendus.
— Vivante ?
— Oui. Pour l’instant.
— Consciente ?
Silence.
— Consciente ?
— Non.
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