Descente de flics
Toulouse, Hôtel de Police et Quartier Matabiau
Le commissaire Fallières se déplaça pour aller discuter avec Ange. Le patron des Mœurs avait accepté de collaborer avec les groupes de Juliette et Samira sur l’aspect qui touchait directement à son domaine, l’enlèvement et l’assassinat de la prostituée russe. Sur la demande du lieutenant Pagès, il avait été réuni suffisamment d’éléments pour obtenir une décision de fermeture du bar de Salah.
« Salut Ange, commença Fallières, je vois que Pagès et ta capitaine ont l’air de bien travailler ensemble. On a réuni quelques témoignages qui ont pu convaincre le préfet de fermer le bouge de ce Medhi Salah. Le quartier ne s’en portera pas plus mal. On va aller y faire un tour ce soir, à l’heure de pointe, si tu vois ce que je veux dire. Est-ce que tu serais d’accord pour qu’on fasse ça conjointement ?
— Sur le principe, ça me va bien, répondit Ange, mais le groupe de Juliette est au repos ce week-end. C’est Samira Saada qui est d’astreinte.
— Ça ne change rien pour nous. Je pourrais demander un coup de main à un autre service, mais comme on a commencé ensemble, autant continuer.
— Laisse-moi appeler Sam ! »
Quelques minutes plus tard, la capitaine était dans le bureau.
« Excuse-moi, j’étais avec l’équipe des techniciens, ils viennent de rentrer de l’épicerie des Minimes. J’ai demandé à l’IML de nous envoyer des échantillons de sang des deux Russes pour comparaison.
— Désolé de te déranger, tu connais le commissaire Fallières ?
— Oui, bien sûr, on a déjà travaillé avec ses gars sur quelques affaires.
— Tu te souviens qu’on avait prévu de boucler Medhi Salah, le patron du bar de Matabiau ? C’est pour ce soir.
— OK, et je suppose que tu voudrais qu’on se joigne aux réjouissances.
— Oui, après tout, c’est surtout nous qui voulons parler à Salah ! confirma Ange. C’est possible pour ton groupe ?
— Je peux rappeler du monde, mais si on peut le faire à trois, j’ai Morel et Diallo.
— Ça suffira, confirma Fallières, vous prendrez quelques gars de la sécurité publique pour boucler le secteur. On vous laisse Salah et nous on s’occupe du reste. On en profitera pour faire un peu de ménage dans le quartier. Ça fera plaisir au maire et aux riverains. C’est Pagès qui sera sur le terrain, comme c’est lui qui a commencé avec vous, autant qu’il reste le point de contact.
— Pas de problème, répondit Sam.
— Dans ce cas, on vous laisse organiser l’intervention, conclut Fallières. »
Il était vingt deux heures lorsque Samira et ses deux hommes retrouvèrent le lieutenant Pagès et ses collègues dans la salle de réunion des Mœurs. Six agents en uniforme étaient également présents.
« Voilà le topo, commença François Pagès, notre objectif est un bar de la place Roquelaine. Le gérant c'est ce gars, Medhi Salah. Pagès projeta une photo. Il n’est probablement pas directement proxénète, mais son établissement sert de base de repli aux macs et aux filles qui opèrent dans le secteur. À cette heure-ci, il est peu probable qu’on y trouve des touristes égarés. Notre objectif est simple, on embarque tout le monde et on fera le tri plus tard. Salah est pour Sam et ses gars. On s’occupe des autres.
— Comment est-ce qu’on aborde la cible ? demanda Lallemand, le brigadier-chef en uniforme.
— Tu vas répartir tes gars en deux équipes, il y a une sortie sur l’arrière. Le lieutenant Provot la couvrira avec deux agents. Les autres entrent par devant, le local n’est pas bien grand, on pourra laisser deux hommes devant la porte. On laissera à Provot le temps de se mettre en place à l’arrière avant d’entrer.
— C’est bon pour moi, acquiesça le gradé.
— Pour nous aussi, confirma Sam.
— OK, vous avez le temps de vous équiper, on se retrouve au parking à vingt deux heures trente et on file directement sur place. On oublie les gyros et les deux-tons. »
Samira ressentait une curieuse impression à l’idée d’agir sous l’autorité d’un officier moins gradé qu’elle, mais elle devait reconnaitre que le lieutenant Pagès avait un sens tactique remarquable. La façon dont il avait organisé le dispositif démontrait l’expérience de ce genre de descentes. Provot et son groupe s’infiltrèrent par un passage étroit pour gagner la cour intérieure au milieu du bloc de bâtiments. Cinq minutes plus tard, il confirma qu’il était en position. Pagès donna le signal. Deux agents équipés de gilets tactiques entrèrent l’arme au poing. Pagès les suivait puis Sam et ses deux collègues. Dans le bar, quatre filles discutaient deux à deux devant une boisson chaude. Trois hommes étaient accoudés au comptoir. Samira reconnut Salah derrière la caisse.
« Personne ne bouge, cria Pagès.
— Ça vaut aussi pour toi, surenchérit Samira, comme le barman esquissait un mouvement vers l’arrière-boutique. »
Salah stoppa son mouvement. Soudain on entendit un cri dans la radio.
« Il y en a un qui essaie de se tirer, on s’en occupe.
— Allez, les gars, bouclez-moi tout ça. »
L’un des hommes cracha par terre quand un agent s’approcha avec les menottes. Il fût immédiatement mis au sol et immobilisé.
« Je prends ça pour un outrage, commenta le policier.
— Allez faire un tour dans la réserve derrière, commanda Pagès à ses collègues. Ramassez tout ce que vous trouvez, documents, ordinateurs… »
Puis s’adressant au patron toujours derrière le comptoir, menotté les mains dans le dos, il ajouta :
« Cet établissement est fermé jusqu’à nouvel ordre pour non-respect des horaires de fermeture !
— Et vous êtes venus si nombreux pour me dire ça ? grimaça Salah.
— J’oubliais, pour proxénétisme aussi. Ces filles n’ont pas vraiment la tenue des touristes que je croise dans les rues.
— Et alors, on a le droit de s’habiller comme on veut ! cracha une des femmes concernées.
— Tu nous feras valoir tes droits au poste ! Allez, on y va. Sauf toi, Salah, tu restes avec la dame. Elle a des questions à te poser. »
Les hommes en uniforme poussèrent les filles et les clients vers un fourgon grillagé.
« On te laisse faire la fermeture, plaisanta Pagès à l’intention de la capitaine.
— On est sympa, on va le laisser éteindre les lumières et tirer le rideau avant de l’emmener, répondit Sam. Ce serait dommage que son rade soit pillé et squatté pendant son absence. »
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