Olga Pavlova
Balma, Haute-Garonne
Selima prit son temps pour se préparer. Sa journée était consacrée aux recherches sur Olga Pavlova et elle avait proposé à Meriem de venir la rejoindre chez elle, plutôt que de risquer d’être interrompues pour préparer du thé ou autres futilités. Elle savait bien que son esprit indépendant et son comportement parfois rebelle n’étaient pas du goût des hommes qui entouraient Abou, mais elle n’en avait cure. La plupart de ceux qui entouraient le patron n’étaient que des petites frappes, qui ne connaissaient que la violence des quartiers. Elle était la seule à avoir reçu une véritable éducation aux techniques de combat et elle espérait bien que Belkacem finirait par le reconnaître et lui confierait un rôle à la mesure de ses compétences. Certes, Abou détenait encore un moyen de pression sur elle, sa situation administrative n’étant encore assurée que par son lien avec un neveu du chef de clan. Pourtant, malgré les velléités de son pseudo-époux, elle avait toujours refusé d’aller habiter aux Izards et préférait payer sur ses revenus le loyer d’une petite maison à Balma ce qui lui assurait une indépendance relative.
Il était presque onze heures lorsque Meriem gara sa Clio chez elle.
« Excuse-moi, mais il a fallu que je passe à l’entrepôt, on est lundi et il y a toujours des points à régler après le week-end.
— Pas de problème, répondit l’amazone, on a tout notre temps. Je vois que tu as apporté ton ordinateur ?
— Oui, je préfère travailler avec celui-là, je le connais bien.
— Comme tu voudras, tiens, je vais te donner le code du wifi. Tu veux un café ou quelque chose d’autre ?
— Ce que tu veux, mais pas de thé à la menthe !j je n'en peux plus de ce thé.
— Un expresso alors ! »
Pendant que Meriem installait son portable dans le salon, Selima leur prépara deux cafés bien serrés.
« Qu’est-ce que je dois chercher ? demanda Meriem.
— Tout ce qui se rapporte à la compagne de Leonorov. Elle se nomme Olga Pavlova, ou en tout cas c’est sous ce nom qu’elle a travaillé comme mannequin avant de se fiancer au Russe. Commence par là !
— OK, j'ai déjà sorti quelques infos pour Kamel. Je vais voir ce que donne le moteur de recherche. »
Une première requête retourna un nombre trop important de références, en raison de l’homonymie avec le dessert et de la fréquence du patronyme en Russie.
« On va ajouter mannequin déjà. »
La liste était encore longue et Meriem précisa « Pavlova Leonorov ».
Le nombre d’entrées était beaucoup plus réduit. Elle retrouva l’article qu’elle avait fourni à Kamel.
« Voilà, c’est elle !
— Jolie femme, commenta la Libyenne.
— Je suppose que tu ne t’intéresses pas à sa carrière antérieure.
— Non, en effet, c’est aujourd’hui qui importe.
— On va changer de piste. Une femme comme elle doit avoir une page sur Instagram. »
Meriem se connecta au site du réseau social.
« Tu as un compte ? demanda Selima.
— Bien sûr, pas toi ?
— Pour y montrer quoi ? Raconter ma vie de tueuse à gages ?
— Oui, bien sûr, vu comme ça, ce n’est pas très glamour. Je crois que j’ai quelque chose, regarde, c’est bien la même personne ?
— Il me semble bien, confirma Selima.
— Il y a plusieurs stories, ici on dirait que ça correspond à ses activités passées. Ces photos semblent avoir été prises dans un studio et là, sur un podium de défilé. Celles-ci sont plus récentes, je reconnais des sites toulousains, des sorties avec ses amies, sans doute. Tiens, regarde les dernières publications. Des photos à la montagne. Tu as vu les dates ? Ces photos ont été postées ce week-end ! La voilà en tenue de ski, ici à la sortie d’une boutique de luxe et là dans une boîte de nuit. Dans le commentaire, il est mentionné Courchevel. Si on en croit ces images, elle y est depuis vendredi. On va aller voir sur Facebook s’il y a autre chose.
— La date de son départ correspond justement à celle où nous avons chopé ce type à Rangueil !
— Tiens regarde, sur Facebook, « vous me manquez mes amies », « désolée d’être partie sans prévenir », ça sent en effet la précipitation.
— Leonorov a voulu la mettre à l’abri. Il craignait que nous ne nous en prenions à elle.
— Tu crois qu’Abou va la poursuivre jusqu’à Courchevel ?
— Ça, on le saura vite, mais je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée.
— Pourquoi ? J’aimerais bien un petit voyage à la montagne, ça à l’air sympa !
— Courchevel, c’est pas pour nous. Toi, si tu veux de la neige, tu vas à Saint Lary.
— Je sais, je disais ça comme ça, je sais bien que ce n’est pas mon job.
— Non, en effet, mais de toute façon, on aurait plutôt intérêt à calmer le jeu avant d’avoir tous les flics sur le dos, en plus des Russes.
— Tu veux que je continue à chercher ?
— Non, garde les contacts, on y reviendra si nécessaire. On va se préparer quelque chose à manger et puis on ira voir Kamel. »
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