Retour à la maison
Toulouse, quartier Compans-Caffarelli,
N’ayant pas de tâche nécessitant sa présence au commissariat, Ange avait pris congé de ses collègues un peu plus tôt que d’habitude. Il s’était entretenu avec Julie au téléphone en milieu d’après-midi et sa compagne avait décliné son offre de venir la chercher à l’aéroport, la navette routière passant à proximité de leur domicile. Il s’attendait donc à la trouver dans leur appartement en arrivant. Après avoir franchi le canal du Midi par le passage souterrain du métro, il traversa le jardin japonais avant de rejoindre son logement rue Lascrosses. La porte déverrouillée lui confirma le retour de la jeune femme. Les bagages abandonnés dans le hall d’entrée finirent de lever ses doutes.
Après un rapide coup d’œil dans la cuisine et dans le séjour, il entendit le bruit de la douche provenant de la salle de bains dont la porte était restée ouverte.
« Tu as fait bon voyage ? demanda le commissaire.
— Tu veux parler de mon séjour en Roumanie ou de mon vol de retour ?
— C’était une question rhétorique, plaisanta Ange. L’important est que tu sois arrivée assez tôt pour le diner.
— La première chose qui te vient à l’esprit c’est le repas ? gronda la voix de l’autre côté de la cloison vitrée. Il y a une jolie femme nue à deux mètres de toi et tu ne penses qu’à manger, tu me déçois. Déshabille-toi et vient me rejoindre plutôt. »
Le commissaire ne se fit pas prier et ses vêtements ne furent rapidement qu’un tas sur le carrelage. La salle de bain avait été l’un de ses critères de choix lorsque le policier fraichement promu avait dû trouver un hébergement à Toulouse. Julie et lui aimaient passer du temps sous la douche à deux. Plutôt qu’une vaste baignoire, Ange avait préféré une spacieuse installation à l’italienne.
Julie l’attendait tournée face au mur, l’eau chaude ruisselant sur ses cheveux et le long de son dos, jusqu’à ses fesses offertes au regard concupiscent de son amant. Le policier vint se coller contre sa compagne, sa virilité s’insinuant entre les cuisses écartées tandis que ses mains venaient chercher les seins cachés à sa vue. Ils restèrent un moment ainsi, les lèvres du commissaire collées sur le cou de sa partenaire, puis Julie remua imperceptiblement le bassin pour permettre au membre dressé de trouver son chemin vers son intimité. Il ne lui fallut que quelques minutes pour sentir le plaisir monter en elle, mais au dernier moment, elle se dégagea pour faire durer l’instant. Elle se retourna pour embrasser son homme.
« Tu m’as un peu manqué quand même, susurra la belle métisse, fais-moi jouir maintenant. »
Quelques minutes plus tard, Julie était confortablement installée sur le canapé du salon, un verre de vin blanc à la main, son peignoir entrouvert ne masquant que très peu de son anatomie. Assis face à elle, Ange ne perdait rien du spectacle offert.
« Alors, c’est comment la Moldavie ? demanda le commissaire.
— C’est le pays le plus pauvre d’Europe et la guerre en Ukraine n’a rien arrangé. Le pays est tiraillé entre la Russie et l’Europe, la corruption est partout et les oligarques font la loi. Malgré cela, c’est eux qui ont accueilli le plus de réfugiés ukrainiens, près de cent mille selon les derniers chiffres. Bref, pas vraiment l’endroit où tu aimerais aller passer tes vacances.
— En effet, la Corse a ma préférence.
— Tu oublies qu’il n’y a pas de cocotiers sur les plages !
— Je me rends, la Martinique c’est bien aussi, mais c’est plus loin.
— Et ici, quoi de neuf ? Tu as toujours autant de cadavres sur les trottoirs ?
— Au moins trois depuis que tu es partie, et une femme à l’hôpital en soins intensifs.
— Ah oui, quand même, et tu avances ?
— On sait qui tire les ficelles des deux côtés, mais pour le moment on manque d’éléments probants. On a arrêté quelques sous-fifres, mais on ne se fait pas trop d’illusions, on ne les fera pas témoigner. Du travail de fourmi sur le terrain, vidéo-surveillance, enquêtes de voisinage, j’ai deux équipes qui sont dessus.
— Et le Parquet ne te fait pas de misères ?
— Tu parles, bien sûr, j’ai le procureur à peu près tous les jours qui prétend me faire part des lamentations des élus, mais c’est le jeu. À Versailles, c’était la même chose, mais c’est mon chef qui prenait la pression. Ici, le chef, c’est moi. Tu as de la chance de ne pas avoir de patron.
— Tu veux démissionner et t’installer comme privé ?
— Nestor Burma, très peu pour moi.
— Bon, tu n’avais pas parlé de repas ?
— Tu veux sortir dans cette tenue ?
— Tu n’as rien dans le frigo ? je n’ai pas trop envie de ressortir.
— Hum, je sens que tu as envie d’un petit diner coquin !
— Attention, si tu ne sors pas très vite les victuailles, c’est toi que je vais croquer. »
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