Exécution
Vieille-Toulouse, propriété de Leonorov et parking du golf
Le commissaire, avec l’aval du juge et du divisionnaire, avait conçu un dispositif de surveillance conséquent. Ayant appris que Leonorov avait réservé un départ à neuf heures, il avait prévu l’arrivée de Diallo et Morel pour huit heures. Morel aurait pour mission de sécuriser l’intérieur du club-house tandis que Diallo garderait un œil sur le parking. Lacaze et Bertrane avaient pour rôle de suivre à distance l’Audi du Russe à sa sortie de la propriété, avec Berroyer, du groupe 3, en appui sur un scooter T-Max. Sans présomptions suffisantes, il n’avait pas été retenu de sécuriser le parcours lui-même.
Le mardi soir, quand Alexander avait confirmé à Pavlov qu’il se rendrait au golf comme chaque mercredi, ce dernier avait essayé de le dissuader. Avec la disparition d’Igor et l’absence de Grishka, toujours à Courchevel, Pavlov assurait seul la protection rapprochée de Leonorov.
« Les choses ont mal tourné en Espagne. Igor n’a pas reparu. Il faudrait peut-être rester prudents et éviter de t’exposer, avait argumenté le gorille.
— Ce n’est pas une bande de pouilleux qui va me faire changer mes habitudes. Que veux-tu qu’il m’arrive entre ici et le golf ? Qu’ils me tirent dessus au RPG-7 ? J’aurais l’air de quoi auprès de mes amis si j’annule ?
— Tu peux leur dire que tu es malade, tenta Pavlov sans conviction.
— Nous partirons à huit heures trente comme d’habitude. »
Selima avait laissé la Twingo garée un peu à distance du parking principal. Elle avait terminé le chemin à pied, avant le lever du jour. Vêtue de sa tenue de jogging, un bonnet camouflant ses cheveux, elle s’était glissée dans la planque reconnue la veille. Elle avait armé le Glock et ôté la sécurité, prête à faire feu au moment favorable. Il ne lui restait plus qu’à attendre l’arrivée de la cible.
À huit heures trente cinq, le lieutenant Lacaze annonça le passage de l’Audi. Morel et Diallo accusèrent réception du message. Au premier carrefour, Berroyer s’engagea à sa suite sur le scooter, la voiture de Lacaze et Bertrane à faible distance. Lorsque le SUV stoppa devant l’entrée du club, Diallo l’annonça dans sa radio.
« L’Audi vient de s’arrêter. Le chauffeur descend et se dirige vers l’arrière. Il ouvre le coffre. Le Russe sort à son tour… Merde, il y a quelqu’un qui sort d’un buisson, avec un flingue ! »
Le temps que Diallo sorte de sa voiture, il perçut deux détonations. Il vit Leonorov s’affaisser en se tenant à la portière.
« Police ! hurla le lieutenant, mettant la silhouette sombre en joue. Jetez votre arme.»
Depuis l’arrière, le chauffeur lâcha le sac de golf et sortit un pistolet automatique. Sans tenir compte de la sommation, il tira en direction de l'individu qui tentait de prendre la fuite. Diallo entendit deux autres coups de feu, provenant de sa gauche. Le deuxième homme s’écroula sur le sol.
« Je m’occupe de lui, cria Berroyer. Rattrape la fille. »
Diallo s’élança. Il n’eut pas loin à aller. La femme n’avait parcouru que quelques mètres. Elle essayait désespérément de se remettre debout quand le lieutenant l’immobilisa. Elle avait lâché son arme.
« C’est fini, on va appeler les secours. En attendant, vous êtes en état d’arrestation ».
Comme la femme se retournait lentement vers lui, Diallo constata la blessure. La balle était entrée dans l’abdomen, sur le côté gauche. La plaie saignait abondamment.
« J’ai la fille, mais elle est sérieusement blessée. Il faut une ambulance d’urgence.
— L’autre tireur, le chauffeur, est mort, répondit Berroyer, mais Leonorov est lui aussi blessé.
— Je préviens les urgences de Rangueil, répondit Lacaze. Ils vont arriver très vite, c’est à côté. Ensuite, j’appelle le commissaire. »
Lorsque Ange arriva sur les lieux, les soignants étaient encore au chevet des blessés. Le corps à l’arrière de l’Audi avait été recouvert d’une couverture. Le commissaire se dirigea vers le médecin du SAMU.
« Quel est votre pronostic, Docteur ?
— Pour la femme, je ne peux pas encore me prononcer. On l’a stabilisée, mais on ne connait pas l’ampleur des dégâts internes. Avec un peu de chances, il n’y aura pas d’organe vital touché. Pour lui, fit-il en désignant l’ambulance dans laquelle la civière où reposait Leonorov avait été montée, c’est plus sérieux. Il a été touché deux fois au thorax. Si le cœur ou une artère majeure avaient été atteints, il serait déjà mort. Il va falloir attendre un peu pour voir comment ça va évoluer. On vous dira ce qu’il en est dans quelques heures.
— Merci Doc. Vous comprenez que l’on n’a pas affaire à une simple accident de chasse. Ces deux personnes sont impliquées dans une affaire criminelle. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, deux de mes hommes vont vous accompagner durant leur transport.
— Comme vous voudrez, répondit le praticien. »
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