-19-

11 minutes de lecture

 Après avoir terminé d’enterrer les corps des morts-vivants, ils déjeunent dans une ambiance silencieuse et tendue. Layla est mal à l’aise en présence de Derreck, et tente maladroitement de discuter avec lui. L’intéressé ne peut malheureusement pas parler, au risque de lui imposer sa volonté par mégarde et la laisse croire qu’il est fâché. Quand à Catlyn, elle joue un double jeu, passant du rôle de geôlière méfiante, à celui de complice en fonction de l’attention de la ménestrelle. Après avoir mangé, ils reprennent la route de Langekan et progressent sans un mot. Cependant la roublarde est désormais complètement convertie par Derreck, et bien qu’elle affiche son habituel sérieux devant Layla, dès qu’elle en a l’occasion, elle saute sur le ranger pour se livrer à des activités sexuelles avec ou sans lui. Allant de la main aux fesses discrète, jusqu’au baiser volé, en passant par l’exhibition de sa poitrine, de ses fesses, ou même de sa fente, le temps d’un battement de cil. Bien que ces moments soient rares, ils n’en sont pas moins excitants, car Layla est proche, et pourrait les surprendre à tout instant. La simple idée d’être pris sur le fait les excite et les terrifie. Ils profitent de la moindre seconde d’inattention de la ménestrelle. Le ranger va même jusqu’à prétexter avoir besoin de se soulager la vessie, pour que la roublarde déclare l’accompagner dans le but de le surveiller, afin qu’ils puissent se laisser aller à leur désir quelques instants. Par des embrassades et des caresses, pendant une poignée de minutes seulement. Après quoi ils reprennent la route, prétendant à nouveau se détester. La première nuit, lorsque Layla est endormie et Catlyn de garde, ils s’éloignent et forniquent dans un coin tranquille. Après leurs ébats, ils s’allongent nus sur leurs vêtements. Couverte de sueur, la roublarde déclare sur un ton triste : « Je n’aime pas traiter Lilou de cette manière. » Derreck caresse ses cheveux courts avant de répondre :

-Tu préférerais qu’elle nous rejoigne et devienne une esclave du dieu sombre que je sers ? » Elle fait non de la tête avec un air apeuré :

-Hors de question…

-Dans ce cas nous sommes d’accord. Je refuse de lui imposer ça, je te l’ai dit : je l’aime.

-Moi aussi... » Ils s’embrassent et recommencent à se tripoter, bientôt Derreck la saute comme un animal et étouffe ses cris avec sa langue. Ils s’arrêtent après quelques heures et prennent le temps de travailler la nouvelle voix de Derreck. Après quoi ils retournent discrètement au camp. Lui se couche, tandis qu’elle monte la garde jusqu’au petit matin.

Ce manège se répète durant la majeure partie du voyage retour, à l’exception de la nuit dans l’auberge à la frontière. Catlyn et Derreck conviennent qu’il serait trop risqué pour eux de coucher ensemble, aussi passent-ils la nuit chacun de leur côté.

Un soir, alors qu’ils sont encore à deux jours de marche de Langekan, Derreck parvient à maîtriser sa voix et discute avec Catlyn. Ils sont dissimulés dans un buisson et la roublarde l’écoute tout en lui suçant la bite : « Il faut que je m’échappe juste avant que nous rejoignions la cité... » Elle lui lèche le gland avant de répondre :

-La veille de notre arrivée, je vais essayer de prendre le deuxième tour de garde. Ainsi tu partiras au milieu de la nuit sans qu’elle s’en rende compte. Tu auras quelques heures d’avance sur nous, alors profites-en pour nous semer. » Elle recommence à avaler sa queue et pousse un gémissement étouffé de plaisir. Derreck retient un grognement et murmure :

-Il va falloir que tu restes auprès d’elle... » La roublarde recrache son chibre et retire son pantalon tout en disant :

-Bien sûr, elle va être anéantie par ta fuite. Elle voudra te retrouver et placera sûrement un avis de recherche à ton nom... » Elle l’enjambe, introduit son membre en elle, soupire de plaisir et continue : « … je tâcherai de la convaincre de ne pas le faire. Prétextant que, si tu te crois en danger, tu quitteras Langekan. » Elle se met à onduler sur lui, sa respiration s’alourdit : « Nous... te chercherons... pendant un moment, ...puis la vie ...reprendra son cours. » Elle pousse un râle et se fige : « Oh oui… juste là... » Elle se mord la lèvre inférieure et tremble alors qu’elle atteint l’orgasme. Derreck attrape ses hanches et soulève son bassin pour la pénétrer à nouveau. Lentement, doucement, provoquant des spasmes de jouissance chez la roublarde. Il lui demande : « Comment nous retrouverons-nous après ça ? » Catlyn s’allonge sur lui, l’embrasse dans le cou et lui susurre à l’oreille :

-Sur la Place des Champions, il y a toujours un mendiant aveugle… En vérité, il voit très bien ce qu’il se passe autour de lui et sert d’informateur à beaucoup de criminels ou d’aventuriers. Si tu lui laisses quelques pièces de cuivre et un message pour moi, il saura me les transmettre. Si besoin, il te préviendra que j’ai à te parler. » Derreck l’embrasse :

-Tu as vraiment pensé à tout. Lorsque nous nous retrouverons, il te faudra abandonner la guilde des aventuriers, et rejoindre le culte. Nous pourrons alors nous noyer dans notre luxure et notre dépravation.

-Et tu m’aideras à faire l’amour avec Layla…

-Ou à défaut d’y parvenir, je te ferai oublier ta frustration... » Ils s’enlacent à nouveau, et recommencent à forniquer. Une fois épuisés, ils retournent au camp en silence, et reprennent leur place comme si de rien n’était.

La journée du lendemain se déroule sans problème, ils avancent même plus que prévu, ce qui arrange Derreck. À la tombée du jour, Layla et Catlyn conviennent des tours de garde. La roublarde parvient à prétexter avoir besoin de se reposer, et laisse le premier quart à la ménestrelle. Au milieu de la nuit elle réveille son amie et elles échangent leur poste. Catlyn écoute attentivement la respiration de Layla, et lorsqu’elle est certaine que la barde dort à poings fermés, elle fait signe à Derreck. Ce dernier se lève, range son matériel en silence, embrasse la roublarde et regarde leur camarade endormie, avant de soupirer avec tristesse : « Elle va être anéantie… prends soin d’elle. » Catlyn hoche la tête et l’observe s’en aller, elle s’installe ensuite pour s’assoupir, comme si elle était tombée de fatigue durant sa garde. Quand à Derreck, il marche pour s’éloigner du camp, après quoi il part à petites foulées, ne s’arrêtant que pour reprendre son souffle et boire un peu d’eau dans son outre en peau. Il parvient à soutenir ce rythme jusqu’au lever du soleil et ne se permet de marcher que lorsqu’il aperçoit les murailles de Langekan. Il arrive aux grilles et est soulagé de ne pas y voir trop de monde, il passe le contrôle sans problème et une fois mêlé à la foule des passants, il se détend enfin. Le voilà à nouveau chez lui, en sécurité. Il se rend au temple de Yag en prenant soin de vérifier que personne ne le suit. Une fois à l’intérieur, il crie : « Je suis là ! Il y a quelqu’un ?! » Il est rejoint dans le hall par Dokkrus. Le vieil homme a changé de garde robe et revêt désormais une bure rouge aux liserés pourpres. Lorsqu’il découvre Derreck il s’exclame :

-Mon garçon ! Alors comment s’est passé ton voyage ?! » Le jeune homme le serre dans ses bras et commence à lui expliquer. Ils vont à la cuisine pour y prendre le petit-déjeuner, Derreck lui raconte son association avec les deux aventurières et ses accrochages avec la roublarde. Ses jeux de tentation avec elle sur le chemin de l’aller. Puis son arrivée à Hiveren, et sa visite du domaine de Rosach. Il détaille l’embuscade des morts-vivants et Dokkrus pâlit avant de marmonner : « Ooohh voilà qui est de mauvais augure... » Derreck l’interroge :

-Que s’est-il passé, et pourquoi s’en sont-ils pris à moi ? » Le vieil homme l’invite à le suivre. Ils vont s’installer dans la bibliothèque et Dokkrus commence :

-Tu l’ignores peut-être, mais notre monde, notre plan d’existence, se situe au centre de tout. Nous sommes le cœur de l’univers. Autour de nous se cachent des dimensions qui nous sont souvent inaccessibles. L’une d’entre elle est le Royaume des Morts…

-Celui où se rendent les âmes des défunts…

-Exact. Elles y dépérissent en servant le Roi Immortel, un être semblable à un dieu qui décide en fonction de nos actions passées, si notre peine sera longue ou courte.

-Sur quoi se base-t-il ? Pour juger les âmes je veux dire ?

-Excellente question. L’Ordre, l’Enclave et l’Église veulent nous faire croire que le Roi Immortel se préoccupe de nos péchés et ne récompensera que les vertueux. Mais c’est un mensonge, la seule chose qui intéresse le dieu de la Mort est de savoir si une âme en a endommagé une autre, à travers la violence. Le repos éternel, ce nom n’est pas anodin, le Roi Immortel est un pacifiste, et il tourmente les tortionnaires et les sadiques.

-Dans ce cas, pourquoi s’en prendre à moi ?

-C’est un grand avare, ses âmes sont ce qu’il possède de plus précieux. Yag t’as dérobé à lui, et le Roi Immortel doit être furieux. Il ne reculera devant rien pour t’avoir, tu devrais éviter les cimetières, les catacombes et les charniers… ce sera plus prudent. Du moins jusqu’à ce que nous parvenions à trouver un moyen de te cacher aux yeux de ses agents. » Derreck est abasourdi par cette révélation. Il était donc pourchassé par un dieu depuis tout ce temps. Il se questionne :

-Les morts m’ont appelé par un nom que je n’avais jamais entendu… Spencer... » Dokkrus hausse les épaules :

-Le Roi Immortel est presque omniscient… Il voit et sait quasiment tout... Tu as bien dit que tu avais été adopté ? Spencer doit être le nom de ton père biologique. » Derreck est soulevé par cette nouvelle… Des larmes naissent aux coins de ses yeux et il murmure :

-Derreck Spencer… » Avant de hocher la tête. Il essuie ses yeux et ajoute : « Tout le monde me connaît comme Friberg… et je dois avouer que je m’y suis attaché… Je vais le conserver si tu n’y vois aucun inconvénient. » Le vieil homme fait non de la tête :

-C’est toi qui choisis. » Derreck reprend ses questions :

-Le Roi Immortel ne risque-t-il pas de prévenir Barona ou d’autres divinités de mon cas ? » Dokkrus balaye l’air devant lui :

-Nan, il ne s’entend pas avec eux. Les dieux des plans supérieurs sont des prétentieux pompeux, ils ne se supportent même pas entre eux.

-Comment le savez-vous ? » Dokkrus bredouille :

-Hé bien… je… C’est connu mon garçon. Tout le monde sait ça. » Il se racle la gorge : « Raconte-moi la suite de ton périple. » Derreck lui explique qu’ensuite les aventurières l’ont sauvé, se sont méfiées de lui et ont tenu à le garder à l’œil. Qu’il a été forcé d’user de ses dons de Yag pour tenter d’en fuir une, et qu’après son échec, il a été contraint de l’endoctriner. Qu’il a l’impression d’avoir reçu un nouveau pouvoir, dont il décrit les caractéristiques à Dokkrus. Le vieil homme approuve et lui dit : « Ce doit être le Verbe de Yag, une intonation de ta voix qui te permet de commander aux femmes, et uniquement à elles. » Derreck s’en réjouit et continue son récit. Il raconte que par la suite ils sont retournés au mausolée afin de remettre les morts en terre, et que durant ce temps, il est parvenu à trouver l’Aethog. Il sort alors la gemme de son sac et la présente à Dokkrus qui pousse un soupir d’admiration. Il attrape la pierre précieuse avec délicatesse et l’observe avec une grande dévotion dans le regard. Il murmure : « Voilà qui change tout... Avec ceci nous pouvons gagner cette fois... » Il rend l’Aethog à Derreck et annonce : « Il nous faudra préparer sa transplantation, nous aurons besoin de Rose à cet effet. » Le jeune homme fronce les sourcils :

-Où est-elle ? » Le vieil homme sourit :

-Elle s’est très bien occupée de ses affaires, il ne lui reste qu’à abandonner son travail et son logement. » Derreck approuve :

-J’ai hâte de la revoir.

-Elle devrait bientôt être prête, mais d’ici là, nous aurons de quoi nous occuper. Il va nous falloir de nouveaux moyens, je t’encourage à retourner auprès de dame Redman dès que possible. » Derreck serre les dents et lui explique les scrupules qu’il a eus à convertir Layla, dont il sait désormais être amoureux. Il ajoute qu’en la fuyant cette nuit, il risque de se mettre une partie de la guilde des aventuriers à dos. Dokkrus soupire :

-Mon garçon… je sais que le cœur a ses raisons, que la raison ignore… Mais… » Il grogne : « Tu as commis un gros impair… Par chance la roublarde ignore qui nous sommes et où nous trouver, mais si elle parle...

-Elle est sous mon charme, elle ne… » Dokkrus l’interrompt :

-Ne pourra pas s’en libérer ? Non, pas seule, mais si son amie découvre votre manège, ou soupçonne quoi que ce soit. Qu’est-ce qui l’empêche de faire appel à un mage et de délivrer la roublarde ? Tu vas devoir être extrêmement prudent. Je vais aller t’acheter des vêtements pour que tu puisses passer inaperçu lors de tes déplacements. » Le jeune homme se lève, il est presque tenté de lui faire des excuses, mais s’y refuse finalement, il marmonne :

-Je vais aller dormir. » Il quitte la cuisine et gravit les escaliers du temple pour rejoindre sa chambre. Il est heureux de la retrouver telle qu’il l’a laissé. Il se met à l’aise et s’enroule dans ses draps, puis se laisse aller au sommeil. Lorsqu’il se réveille, il a faim. Il se rhabille et retourne à la salle à manger. Il y retrouve Dokkrus qui termine de servir le déjeuner, le vieillard lui sourit : « J’allais venir te chercher, installe-toi. » Il mangent un bouillon de légumes et pomme de terres, le vieil homme lui explique : « J’ai étudié la procédure d’implantation de l’Aethog. Ce sera… douloureux et pénible, mais les pouvoirs que cela t’apportera en valent la peine. En attendant, cet après-midi nous rédigerons un mot pour dame Redman. Il nous faut des fonds pour poursuivre nos efforts. » Derreck acquiesce et ils finissent leur repas en silence. Le reste de la journée se déroule comme prévu. Le jeune homme se camoufle avec une nouvelle cape brune et un foulard beige. Il se rend au 12 rue de l’Horizon et y poste le message après avoir vérifié qu’Eden ne lui en avait pas laissé. Il rentre au temple et étudie ou s’entraîne au tir à l’arc jusqu’à la tombée de la nuit. Il va se coucher, et le lendemain une nouvelle journée de pratique l’occupe. Cette routine s’installe à tel point qu’au bout du cinquième jour, Derreck va trouver Dokkrus et lui demande : « Tu as des nouvelles de Rose ? » Le vieil homme fait non de la tête et se gratte le menton :

-C’est trop long… Nous allons commencer sans elle. Apporte l’Aethog dans le hall et retrouvons-nous là-bas. » Après avoir récupéré la gemme dans ses affaires, Derreck rejoint le vieux prêtre et la lui donne. Ce dernier lui ordonne : « Mets-toi torse nu, et allonge toi sur l’autel. » Un peu inquiet le jeune homme obéit avec appréhension. Contrairement à ce qu’il croyait, lorsqu’il s’adosse à la pierre, son contact est chaud et agréable. Il a l’impression de reposer dans un champ d’herbes hautes sous le soleil d’été. Dokkrus amène l’Aethog au dessus de lui et tâte sa chair juste au dessus de son nombril. Il semble repérer la zone idéale puis place les cinq pointes avant de regarder Derreck : « Je te prie de m’excuser par avance… Respire un grand coup. » Le jeune homme s’exécute, il est sur le point de demander à Dokkrus ce qu’il va faire, lorsque les pieux de l’Aethog le transperce. Il pousse un cri étouffé et une chaleur insupportable le traverse. Il voudrait ruer et se débattre, mais son corps est comme paralysé. Il pousse un cri et hurle : « Stop ! Je… ! » Il se crispe complètement tandis qu’il est mordu par une brûlure ardente abominable. Il beugle comme un animal blessé et ne parvient même plus à articuler correctement. Il a l’impression qu’il va exploser, et enfin l’inconscience le frappe.

Annotations

Vous aimez lire Le "LeLombric" Lubrique ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0