Une des premières leçons qu'on nous apprend à l'école d'infirmière c'est d'observer. Je ne pense pas que la situation dans laquelle je me trouvais, ait vraiment un lien avec mes études, mais je comptais bien mettre en pratique cette règle.

Soyons méthodique. Nombre de personnes : douze ; nombre de femmes : quatre dont moi ; il fait presque nuit, je n'ai pas de voiture ni de téléphone. Note à moi-même, demander à Trent où il se trouvait ! Le bar était assez sympa pour un vieux hangar perdu au milieu de nulle part. Quand on entrait le bar fait tout la longueur à gauche, des bouteilles étaient alignées derrière, autour d'un grand miroir, genre saloon. Le long du mur de droite, il y avait des banquettes et des tables. Au centre des tables entourées de chaises en métal occupaient le reste de l'espace. Au fond, une plus petite pièce comprenait un billard. Trois portes cachaient probablement les toilettes, une réserve et un bureau. Enfin, c'est ce que je supposais, n'ayant pu visiter les lieux. Sur les murs, se trouvaient de nombreuses photographies : des motos, des paysages, quelques portraits, tout en noir et blanc. C'était plutôt sympa. Le bar était assez chaleureux, il n'avait rien de sordide. Il n'y avait pas de filles à moitié à poil entrain de chauffer des mecs à moitié bourrés. Ça restait un simple bar. Après il n'était que vingt heures si j'en croyais la pendule au-dessus de la porte.

Mes amies étaient là à me regarder, elles rigolaient des commentaires des autres bikers présents. Harry vint me parler une bière en main :

- Lana, t'es sûre de vouloir prendre la place de Bia ? Je sais qu'on devra payer la prestation quoiqu'il arrive mais tu n'es pas obligée et puis je crois que ...

Elle n'eut pas le loisir de terminer que déjà Clover répliquait :

- Laisse-là pour une fois qu'elle fait un truc un peu déjanté ! Et puis on va bien s'amuser !

J'étais navrée, elles ne me laissaient même pas le temps de m'exprimer. Concrètement je ne le pouvais même pas, j'avais toujours la bouche recouverte de ruban adhésif. Mais où avais-je trouvé des amies pareilles ? Je retenais Clover, elle allait morfler dès que je serais seule avec elle.

Trent revint enfin, il portait un grand sac voyage noir. Il l'ouvrit et dit :

- Voilà les filles, le premier gage pour la future mariée c'est de se vêtir comme une vraie femme de biker.

Il me regarda droit dans les yeux, un sourire malicieux sur les lèvres. Bon sang je ne le sentais pas sur ce coup-là.

- Je vous charge de choisir pour Lana et de la vêtir. Voilà un paravent, histoire qu'elle ait un peu d’intimité.

Mes amies lâchèrent des petits cris d'excitations, les bikers se marraient entre eux.

Les filles délièrent mes mains, Clover se chargea du choix de mes vêtements. Je craignais le pire. Et j'eus raison. Elle choisit un bustier rouge à peine assez grand, il me compressait tellement la poitrine que j'avais peur à chaque respiration que l'un de mes seins ne se fasse la malle. Elle me fit mettre des bas résilles sous une jupe en cuir assez courte, cela couvrait à peine la partie des cuisses non couverte par les bas. Pour être sexy je l'étais, mais j'avais plus l'impression d'être une pute à biker qu'une femme. Cette impression se confirma quand je vis tous les regards lubriques des hommes dans le bar. Bizarrement seul Trent avait l'air contrarié.

Je ne pouvais toujours pas m'exprimer mais je ne me sentais pas vraiment à mon aise. Cela devait faire dix ans que je n'avais pas porté de jupe aussi courte et le bustier était banni de ma garde-robe : beaucoup trop indécent du fait de ma poitrine généreuse.

- Il faut te coiffer et te maquiller ma chéwwiie ! imite Clover.

- Je ne pense pas que cela soit nécessaire elle est très bien comme ça ! me défend Trent.

- Laisse-les faire Scott ! Elles ont envie de jouer à la poupée !

J'étais mortifiée d'entendre les rires gras de ces hommes. Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'avait imaginé Clover. Bia, si pudique, n'aurait jamais supporté ce traitement. Manuella défit ma queue de cheval et me fit une longue tresse en épi sur le côté et Harry me maquilla les yeux. Clover me posa sur la tête une casquette de motard. Je ne pourrais jamais sortir d'ici dans cette tenue.

- Regardez les gars, comme on a bien travaillé ! N'est-elle pas sexy ? Je ne sais pas vous mais je commence à avoir soif ! Et toi Lana ? Patron, sors les shots et que la fête commence !

L'assemblée lança des hourras et des vivats enthousiastes. Je voulus détacher mon bâillon mais Trent m'en empêcha, il souleva juste assez le scotch pour y glisser une paille. Il chuchota à mon oreille :

- Je surveille tes verres, et je fais en sorte d'alterner alcool et eau. Ce serait dommage que tu sois saoule trop tôt.

Je ne sais pas si je devais considérer Trent comme un allié ou comme un autre de ces hommes intéressés et vicieux.

Les quatre premiers verres cela a été, mais n'étant pas habituée à boire et surtout n'ayant rien d'autre dans l'estomac depuis le midi, je sentis rapidement les effets de l'alcool.

- Je crois qu'elle est à point les mecs ! On lui enlève son bâillon et en avant pour les gages ! s'exclama Clover.

C'est officiel, j'allais la tuer !