- Allez Lana, j'ai réservé, tu verras on sera tranquille et on pourra mater du bad boy !

- Je suis curieuse de voir ce que tu appelles "tranquille" Clover !

Je n'aurais pas dû lui faire confiance. Clover n'avait de chance que dans son nom. Sa poisse était légendaire. Tout aurait pu aller si sa malchance n'avait pas tendance à se déporter sur nous. Nous sommes une bande de cinq copines qui nous connaissons depuis nos quinze ans. Nous étions entrées au lycée la même année, c'était un projet cinéma qui nous avait réuni.

Clover était l'une des actrices du court métrage que nous avions réalisé. Elle avait tout pour elle : plutôt grande, élancée, la peau dorée et des yeux d'un vert profond presque improbable. Longtemps nous avions cru qu'elle portait des lentilles. Elle avait toujours des idées un peu folles, cela nous sortait du quotidien et nous nous assurions qu'il ne lui arrive rien car non seulement elle n'a pas toujours conscience du danger mais en plus elle était têtue ! Il nous était souvent plus simple de la suivre dans ses délires que de lui sauver les miches. Je l'aimais beaucoup, elle nous fait voir la vie comme une aventure. Sa devise c'est "Vers l'infini et au delà !" Oui affligeant parfois.

L'artiste, c'est Bia. Elle s'occupait des décors sur le tournage. Un peu rêveuse, cette blondinette au teint de porcelaine et aux yeux bleus faisait tourner les têtes ! Elle jouait de son air ingénu pour se sortir des situations les plus hasardeuses. Elle était en couple depuis trois ans maintenant et devait se marier dans un mois. C'était son enterrement de vie de jeune fille que Clover avait "organisé".

Manuella était la vidéaste. Elle en avait d'ailleurs fait son métier. Elle réalisait des vidéos publicitaires pour des entreprises. Elle aimait beaucoup mettre en scène des gags et bien sûr les immortaliser. J'aurais très bien pu apprécier cela si je n'en faisais pas les frais neuf fois sur dix. Elle était plutôt grande, un look androgyne qui ne lui enlevait rien de son sexe appeal. Elle avait beaucoup de succès que ce soit auprès des hommes comme des femmes et elle en profitait bien.

Harry ou plutôt Harriette de son nom de baptême était notre cascadeuse. Cette petite boule de nerf d'un mètre soixante ne tenait jamais en place. Elle était toujours là première dans l'action. Par principe elle avait toujours un sac avec des vêtements et un nécessaire de toilette dans son coffre ou dans les sacoches de sa moto. Avec Clover, elles s'étaient bien trouvées. Harry avait cependant une meilleure jauge en matière de danger, elle savait évaluer les risques contrairement à notre porte-poisse.

Pour ma part, j'étais la monteuse, celle qui faisait les derniers ajustements pour que tout soit parfait. Je devais régulièrement rattraper les boulettes de mes amies qui profitaient pleinement de la vie sans se soucier des conséquences. Elles me taquinaient facilement là-dessus. Leur délire préféré était de tester des lieux où jamais des jeunes femmes n'auraient dû mettre les pieds et ensuite de m'appeler pour que je les sorte de là. Leur période "urbex" avait failli nous coûter un bras au sens propre du terme. Un mur de la maison abandonnée qu'elles exploraient était tombé sur Bia, son bras coincé en dessous. Avec de la patience et de la diplomatie, chacune avait joué son rôle et la jolie blonde s'en était sortie avec seulement un bel hématome.

Ma propension à leur sauver la mise est accentué par mon métier : je suis infirmière. Je suis donc préposée aux bobos de la bande. Je leur sers aussi de chauffeur, car je ne bois jamais. Je préfère garder les idées claires avec elles.

- J'ai eu ce plan par l'ami d'un ami qui connaît un gars qui ...

- Laisse tomber ! Tu pourras bien essayer de te justifier, ça ne tient pas trop la route ton truc.

Manuella proposa que l'on aille à Las Vegas, nous pourrions tout aussi bien mater du beau mec. Je trouvais cette idée plutôt bonne. Mais Clover la balaya de la main.

- C'est cliché les filles ! Dis-leur Harry que ce bar de motards sera parfait pour la fête de Bia. Il lui faut un truc totalement fou pour sa dernière soirée en célibataire.

- Je peux voir avec mon pote biker pour qu'il assure que nous soyons tranquilles sans que des mecs ne viennent nous chercher des noises. proposa Harry.

- Si on a pas vraiment le choix ! Tu as décidé Clover donc c'est mort pur te faire changer d'avis ? demandais-je avec un dernier espoir au fond de la voix.

Elle croisa les bras sur sa poitrine, bomba le torse et acquiesça affichant un air déterminé. Je crois que ce ne sera donc pas Las Vegas ! Je soupirai bruyamment et lâchai à contre coeur :

- Bon c'est parti pour le repaire de bikers ! C'est quoi le nom déjà ?

- Les Black dragon ! Je suis contente, ça va être trop cool !

Je vous laisse deviner qui s'extasiait d'avance !