Je filais au centre le plus vite possible. Lana se tenait dans mon dos serrant sa mallette d'infirmière contre elle. Je crois que je battis encore une fois mon record de rapidité. J'avais été surpris par la dureté du visage de ma femme lorsque je l'avais informée de la situation. Je me doutais que le centre avait joué un rôle important comme pour chaque bénévole de cette ville. Je savais que cela avait un lien avec ce que Clover avait lâché la nuit dernière. Je m'en voulais de l'avoir confrontée à son ancienne amie. Il était évident qu'il n'en ressortirait rien de bon.

Arrivés sur place, j'avisais mes hommes déjà sur place. Il y avait Sam mais aussi Marco. Rony ne devait pas être loin. Marco avança et me fit un topo rapide :

- Ils ont embarqué la moitié des dossiers du centre. Surtout les documents concernant les patients. Ils ont pris tout ce qui datait des cinq dernières années. Ils ont aussi pris les dossiers des bénévoles. Lana, désolé mais le bureau que tu utilises a été passé au peigne fin. On pourrait croire qu'ils cherchaient de l'ADN !

Je regardais Lana et nous eûmes une de ces conversations silencieuses dont elle a le secret. Ils voulaient savoir qui elle était vraiment. Ses origines avaient, semblait-il, une certaine importance. Il fallait qu'on les prenne de vitesse. Découvrir avant eux ce qui en retournait. J'hochais la tête pour lui confirmer que j'étais d'accord avec elle. Elle se détourna et alla à la rencontre des patients et bénévoles qui avaient été choqués par cette attaque. Qui ne le serait pas ?

- Marco, j'ai du boulot pour toi.

- Pour le flic ou le frère ?

Je ris à sa remarque.

- Les deux mon frère ! Je crains que ce qu'il vient de se passer ne soit en lien avec Lana. Mike cherche à savoir qui sont ses parents : d'abord les photos, puis l'interrogatoire de Clover et maintenant les archives du centre qui a surement suivi Lana et où elle est bénévole... Beaucoup trop de coïncidences en si peu de temps.

- Ça se tient en effet. Tu as des noms ? Des pistes ?

- Selon le dossier de l'assistance qui s'est occupée de Lana depuis ses dix ans jusqu'à ses dix-huit, ses parents s'appelaient Sarah et Mark Laclan. Après sont-ce les vrais noms ? Rien n'est moins sûr.

- Evidemment, pas d'autres photos ? Pas d'autres indications comme lieu de résidence ou autres membres de la famille ?

- Elle a tout oublié suite au traumatisme. Mais elle m'a parlé de l'école où elle est allée. C'était l'école élémentaire Benjamin Franklin. Elle avait une maîtresse qui s'appelait Mme Frielden et elle avait une peste dans sa classe avec laquelle a partagé presque toute sa scolarité : Hillary Rock. Elle avait une voisine de son âge, Margaret Hunge. Je ne sais rien de plus.

- Ok, c'est déjà pas mal. Je me mets dessus, je peux demander de l'aide ?

- Si tu es sûr du gars pas de souci.

- Ça marche ! Dès que j'ai quelque chose je te préviens.

Je le saluais et allais prêter main forte aux autres à l'intérieur. Finalement en quelques heures, tout était de nouveau en place. Nous avions évalué les pertes, il y avait surtout des documents administratifs. Je fis passer un message à Mike en lui disant qu'il était vraiment minable de s'attaquer au centre. Il s'agissait d'une zone neutre, il y avait une entente tacite selon laquelle on ne touchait pas au centre. Ce MC n'allait pas remonter dans l'estime des habitants si tant est que la ville ait jamais eu d'estime pour eux.

Une nouvelle semaine passa. Finalement la cohabitation avec Lana s'était faite naturellement. Je prenais plaisir à l'avoir dans mes bras chaque nuit. Bien qu'une menace plane sur elle, elle était forte et ne se laissait pas aller. Elle reprit le travail à l'hôpital et au centre. Je l'y accompagnais. Je restais au centre en même temps qu'elle, apportant mon aide comme je l'avais toujours fait. Pour l'hôpital, je devais me contenter de placer un prospect en surveillance. J'avais toujours mes affaires à gérer. Je me sentais complet et invincible avec elle à mes côtés. Je savais que cet état ne serait pas permanent, Mike était toujours après le MC et surtout il faisait des recherches sur ma femme, ce qui me faisait grincer des dents. Je ne me laissais donc pas endormir et l'œil aux aguets, je ne relâchais pas ma vigilance.

Je vérifiais les comptes lorsque je reçus un appel de Marco :

- Ça y est je crois que je les ai trouvés. Tu vas halluciner !

- Pas la peine de faire du teasing, balance !

- Pas au téléphone, c'est trop important. Où peut-on se retrouver en toute discrétion ?

- Au club ?

- Non. Trop voyant, on ne peut faire confiance à personne.

- L'appartement de Lana ? Elle n'y a pas mis les pieds depuis une semaine et je l'ai fait vérifier par les prospects, pas de mouchards.

- Ça marche. 18h là-bas.