Chapitre 29 : Le choc
Je voyais bien qu'il était inquiet. J’espérais que cela n'avait pas de lien avec Clover ou bien mon passé. Je voulais oublier et avancer avec lui. La journée avait été compliquée, nous étions en effectif réduit et étrangement tous les patients s'étaient donné le mot pour être pénibles. Je n'avais même pas eu le temps de scruter les aiguilles de l'horloge afin de constater que le temps ne passait pas, j'ai couru toute la soirée. Quand j'ai vu Trent si sérieux, j'ai égoïstement voulu reculer les révélations qu'il avait certainement à me faire, je n'étais pas prête. Visiblement, il était lui aussi ravi de reporter notre discussion. Ses baisers enflammés et ses coups de reins fantastiques nous firent tous les deux décoller très haut. Tendrement nous nous savonnions l'un l'autre sans se lâcher du regard. J'aimais ces moments avec lui durant lesquels il était pleinement lui et pas seulement le président d'un club de bikers.
Alors que nous nous séchions, il déclara :
- Chaton, il faut vraiment que je te parle de ce que Marco a découvert.
- Ça ne peut attendre demain ?
- Non ma puce.
- Bien, allons-y.
- A partir de ce que tu m'as dit de tes souvenirs d'enfance, Marco a pu retrouver l'identité de tes parents. Je te laisse lire le dossier, ce sera mieux.
Je pris le dossier, Trent me fichait la trouille avec toute cette solennité. Qu'y avait-il d'aussi énorme pour qu'il prenne autant de précaution avec moi ?
Je le compris bien vite, quand je lus le casier judiciaire de celui qui était mon père. C'était une sorte de mafieux. Le chef du gang en plus. Ils attendaient l'"Héritier". C'était qui, lui ? Je le demandais alors à Trent. Je le sentis soudain plus nerveux.
- C'est celui qui récupérera toute l'affaire de ton père. Il sera désigné chef uniquement par les liens du sang. La famille passe avant tout dans ce milieu.
- Tu veux dire que c'est moi qu'ils attendent ?
- Oui, ils savent que tu existes sans savoir qui tu es réellement. Je pense que Mike a compris et veut profiter de cet avantage.
- Pourquoi ? Il veut une récompense peut-être ?
- Je pense surtout qu'en mettant la main sur toi, il pense mettre la main sur le gang.
- Je ne comprends pas.
Il soupira, je sentais que le nœud du problème résidait là.
- Il n'y a pas de femme à la tête des gangs, enfin pas directement, elles sont parfois très influentes, mais c'est plutôt une affaire d'hommes. Pour devenir l'héritier, il faut épouser l'héritière...
Au fur et à mesure que l'information montait à mon cerveau, j'écarquillai davantage les yeux. J'étais la clé permettant d'acquérir le gang. Il reprit :
- Tant que ton identité est préservée tu ne cours aucun danger. Mais ensuite, ton statut fera de toi une proie idéale : un mariage forcé et c'est réglé.
J'hallucinais, tout cela n'était qu'un cauchemar. Je passais nerveusement mes doigts dans ma chevelure. Quelle solution avais-je ? Marco avait trouvé toutes les informations en quelques jours, Mike et les autres y arriveront aussi d'ici peu.
- Qu'est-ce que je peux faire ? Est-ce que je dois disparaître ?
- Partir en cavale est une solution, mais tu ne seras jamais l'esprit tranquille.
- Alors quoi ?
- Marie-toi avec une personne que tu auras choisie. Quelqu'un qui n'en a rien à faire du gang. Ainsi, celui-ci restera en dormance, voire s'éteindra faute de nouvelle génération.
Je relevais la tête et le regardais estomaquée.
- Je sais tu dois douter de moi maintenant. C'est logique et je ne t'en veux pas. La proposition semble intéressée. Mais la seule personne qui m'intéresse c'est toi et ton bonheur. La décision te revient.
- Trent quand bien même tu n'es pas intéressé, j'imagine que ceux qui me veulent ne sont pas à un mort ou deux près. Ça veut dire que quel que soit le compagnon que je choisis je le mets en danger.
Il hocha la tête pour confirmer ma déduction. Je peux oublier le gentil mari, à coup sûr, il se fera dézinguer avant même que nous ayons consommé notre union. Épouser Trent ? En soi cela ne me dérangeait pas, je l'aimais sincèrement, je savais que cela était réciproque. Je savais qu'il saurait nous protéger. Je ne doutais pas de sa sincérité. Il n'aurait pas été aussi gêné s'il s'agissait d'un plan pour s'approprier le gang de mon père. Je me demandais tout de même ce qui avait pu mettre Mike sur la piste. Quand je posais la question à mon amant, celui-ci ne dit rien et sortit une photographie jaunie d'une enveloppe. Je la regardais, on aurait dit moi, mais à une tout autre époque.
- Tu ressembles terriblement à ta mère. Mike ou l'un de ses hommes faisait peut-être partie du gang et aura reconnu ta mère dans tes traits.
- Que fait-on alors ?
- C'est à toi de décider, je ne peux pas faire ce choix à ta place. En tout cas, nous avons les coordonnées de l'agent fédéral qui s'est occupé de toi, nous pouvons le contacter pour en savoir plus. Nous avons quelques jours devant nous, pas la peine de prendre une décision hâtive.
Je regardais une nouvelle fois la photo sur laquelle souriaient ces deux inconnus qu'étaient devenus mes parents pour moi. Je soupirais, lasse. Finalement mon destin était déjà scellé. Quelle marge de manœuvre avait réellement sur mon avenir ? Me sentant perdue, Trent vint m'enlacer et nous conduisit dans la chambre. Je me laissais faire comme une poupée et m'endormis vite contre toute attente.
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