Chapitre 36 : S'échapper
Je ne tentais pas de me débattre quand Mike et son acolyte m'attrapèrent fermement les bras pour me guider vers la grande salle. Il y avait là une bonne trentaine de personnes. La moitié était des Hell's dog. Je pouvais voir, assise à même le sol, Mary qui tenait dans ses bras quelques enfants apeurés. Elle les protégeait et les rassurait tant qu'elle le pouvait. J'espérais que Trent ait compris la situation. Cela me réconfortait de savoir qu'il était peut-être au bout du fil, qu'il entendait ce qu'il se passait. Je fus cependant navrée de me rendre compte qu'aucun de ses hommes ne se trouvait là. Je compris qu'il avait surement changer les habitudes pour me protéger. Encore une fois tout était de ma faute.
- Ils n'ont rien à faire dans cette histoire, libérez-les. Je ferais ce que vous me demandez. Tentai-je pour gagner du temps.
- Tu nous prends pour des imbéciles ? Ce sont nos assurances pour ta coopération. Pas la peine de vouloir nous la faire à l'envers.
- Bon et bien donnez-moi les papiers, je signe et vous les relâchez.
- Malheureusement, il va falloir attendre ma belle. J'ai besoin de témoins pour attester que tu es pleinement consentante.
Il ne tenta même pas de dissimuler son sourire pervers. Il ne comptait pas seulement me faire signer, il entendait bien consommer le mariage également. J'eus un frisson de dégoût. Faites que Trent soit rapide à me sortir de là. Mary me regarda et me transmit son courage. A aucun moment elle ne me montra sa désapprobation. Elle comprenait. Comme elle, je voulais protéger les habitués du centre. Elle s'était dévouée à eux, elle n'aurait aucun regret à mourir pour eux. Elle savait que je ferais de même. Je leur devais tellement. Ils m'avaient protégée et apportée leur soutien lorsque je m'étais perdue et retrouvée seule.
- Il va falloir attendre longtemps encore ?
- D'ici trente minutes tout sera réglé. On ne partira pas en lune de miel, tu ne m'en veux pas chérie ? Par contre ne t'inquiète pas, je serais à la hauteur pour la nuit de noce.
J'eus un haut-le-cœur de dégoût. Définitivement je ne voulais pas qu'il me touche. Il m'installa avec les autres non sans avoir poser ses lèvres répugnantes sur les miennes. Il me tapa les fesses l'air salace avant de m'appuyer sur les épaules pour me rabaisser vers le sol.
- Quelle vision charmante ! J'ai hâte de consommer notre union, princesse !
Mike se mit ensuite à rire, d'un rire graveleux. Je serais les dents car il y avait les enfants autour, mais je ne me gênais pas pour le fusiller du regard. Il s'en alla ensuite je ne sais où. Il restait trois hommes armés qui ne nous quittaient pas du regard et deux autres surveillaient les ouvertures. Je savais que Trent avait aidé à la rénovation, notamment en renforçant les fenêtres. Il voulait que les enfants et ceux qui viennent trouver un refuge ici soient en sécurité. Le quartier n'était pas très sûr, personne n'était à l'abri d'une balle perdue lors d'un règlement de compte. Il y avait eu des améliorations depuis quelques années m'avait un jour raconté Mary. Un quart d'heure passa quand je vis Mike traverser la pièce, contrarié, il parlait avec virulence au téléphone. Je me réjouissais intérieurement que tout n'aille pas comme il l'entendait. Cela pouvait aussi signifier que mon homme avait commencé l'opération de sauvetage.
Il fulminait littéralement lorsqu'il revint. Son téléphone broyé dans sa main témoignait de sa fureur. Il allait falloir la jouer fine, pas la peine de se faire tuer juste à cause d'un coup de sang de ce scélérat. Je baissais les yeux, puis regardai Mary. Elle aussi avait la même conclusion que moi. Elle regarda ensuite derrière moi et ses yeux s'écarquillèrent. Je me retournai pour comprendre sa réaction. Un point rouge lumineux visait la poitrine de Mike, d'autres apparurent sur les têtes des autres hommes. Je me retournais vers Mary et sans se concerter nous couchâmes les enfants au sol, occultant leurs yeux. Ils n'avaient pas besoin de voir ça. D'instinct, ils mirent leurs mains sur leurs oreilles et ne cherchèrent pas à résister. J'étais à la fois soulagée et attristée de constater qu'ils étaient habitués à ces situations dangereuses.
Tout alla vite par la suite. Les vitres volèrent en éclats. Les Hell's dog tombèrent les uns après les autres. Quand un grand calme se fit entendre, des hommes cagoulés entrèrent. Alors que je cherchais du regard Trent, je me sentis happée en arrière. Mike, bien que blessé, m'avait attrapée par le cou et avait coincé son arme contre mes côtes. Avec une force surhumaine, il me traînait vers l'arrière du bâtiment. Je me débattis comme je pus. Je vis du coin de l'œil qu'il saignait abondamment de la cuisse. La surprise passée, j'appuyais de tout mon poids sur sa cuisse. Il hurla de douleur et de rage. Il fut contraint de me relâcher. Il était encerclé, il ne s'en tirerait pas. Comprenant la situation, il pointa son arme vers moi :
- Si je ne peux t'avoir, personne ne t'aura "princesse". Ajouta-t-il avec dédain.
Le coup partit suivi d'une seconde détonation. Trop tard le projectile filait vers moi. Tétanisée, je restais plantée face au la balle, comme une biche devant les phares d'une voiture. Je ne vis pas vraiment ce qui arriva ensuite. Je sentis son parfum avant de m'effondrer sous le poids du corps qui venait de prendre la balle pour moi. Sous le choc, il me fallut plusieurs secondes avant de comprendre ce qu'il venait de se passer. Un cri déchira le silence morbide du centre social :
- Noooonnnnn !
Le souffle court, mon cri s'éteignit laissant place au silence assourdissant.
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