Chapitre 40 : Épilogue
Je finissais de compléter le dossier de mon dernier petit patient quand on toqua à la porte. Marco entra et me sourit.
- Tu as fini ? me demanda-t-il.
- Oui, j'éteins mon ordinateur et je vous rejoins. Tout le monde est là ?
- Il semblerait oui, Kent a même commencé à servir à boire. Ma filleule te réclame.
Je souris de toutes mes dents. Mon bébé m'avait manqué. Après le décès de Mary, nous n'avions pas tardé à nous marier. Trent voulait nous lier devant Dieu et les hommes le plus tôt possible. Ce fut un mariage en toute simplicité. Et sans que nous ne l'envisagions vraiment, notre princesse était arrivée. Mary-Jane avait juste trois mois. Elle faisait notre bonheur.
Je suivis Marco en fermant à double tour mon bureau et nous rejoignîmes l'assemblée. Nous faisions une grande fête afin d'honorer la mémoire de ma tante. Nous n'avions pas dévoilé à la communauté les liens de sang qui m'unissaient à Mary, tous savaient à quel point elle avait compté pour moi, personne n'était donc étonné que je me sois chargée d'organiser cette fête. Pour l'occasion nous avions décoré avec les enfants du centre la grande salle. De grandes tables étaient disposées afin d'accueillir tout le monde. Je crois bien que tout le quartier se trouvait là ce soir. Elle avait tant compté dans la vie de chaque habitant, que ce soit les grandes pontes que les miséreux. Elle s'était imposée dans la vie de chacun avec sa douceur, sa joie de vivre et sa générosité. J'étais fière de faire partie de sa famille.
A mon tour, j'essayais avec l'aide de Trent, de son club de bikers mais aussi des anciens membres du gang, de perpétuer son travail. Ce n'était pas toujours simple. Parfois des gangs essayaient de mettre la main sur le quartier, mais nous le protégions farouchement. La disparition du gang de Mike permit de nettoyer les rues des drogues et des armes qu'il avait fait circuler. Depuis quelques mois nous n'avions plus à déplorer de fusillades. Cela s'améliorait lentement.
J'essayais de me frayer un chemin pour rejoindre Trent et Mary-Jane mais je me fis intercepter à chaque pas pour serrer la main ou saluer une personne. Des anciens membres du gang ou encore des habitués du centre. Je voyais mon mari s'amuser de ma difficulté à avancer, il me montra du doigt à notre fille, bien trop petite pour comprendre vraiment ce qu'il se passait. Quand enfin je pus la prendre dans mes bras et embrasser Trent, je soupirais de bonheur, là était ma place. Il y avait ma famille de sang et ma famille de cœur. Celle que mes parents avaient choisie et que j'avais ensuite moi aussi adoptée. Au moment de porter un toast, Kent et le directeur du centre se tournèrent vers moi et me demandèrent de faire un discours. J'étais gênée, je n'avais rien préparé. Trent me souffla alors à l'oreille :
- Parle avec ton cœur mon amour, tout ira bien.
Je le regardais dans les yeux, il comprit les rouages de mes pensées, il me sourit et m'embrassa tendrement. Je lui laissai alors notre fille dans les bras et pris la parole. Je rappelais alors tous les petits souvenirs que j'avais d'elle, tout ce qu'elle m'avait apportée, rien d'original mais à voir les têtes acquiescer à mes propos je compris que d'autres avait partagé des moments similaires avec elle.
- Elle a été un phare dans mes ténèbres, une mère quand j'en ai eu le plus besoin. Elle a tellement donné pour chaque membre de cette communauté. Elle m'a donné sa vie. Je ne pourrais jamais la remercier pour son geste, pour son sacrifice. Mais elle était comme ça. Elle donnait avec discrétion, sans prétention, sans recherche la reconnaissance ni la gloire. Poursuivons son œuvre. Faisons-en sorte que chacun trouve sa place dans notre quartier et qu'il trouve refuge dans ce centre qui en mémoire d'elle porte, à partir d'aujourd'hui son nom. A Mary !
Les yeux embués je terminais mon discours en levant mon verre, tous reprirent après moi. Un instant de silence s'en suivit. Chacun buvait son verre, perdu dans ses souvenirs. Un ange passa. Finalement, elle était toujours parmi nous, dans nos cœurs, dans nos souvenirs. Ce furent les chamailleries et les rires de quelques enfants qui mirent fin à la solennité du moment. C'était juste parfait. Exactement comme elle l'aurait souhaité.
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