Chapitre 3 (deuxième partie)

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C'est Olaf qui frappe à sa porte. Il est prêt. Les deux Gardiens ont revêtu chacun leur costume de cérémonie qu'ils porteront aussi lors de la réunion des Régnants. Il s'agit de la même tunique qu'Olaf avait portée lors du couronnement de Kaïra. Seule différence, ils ne portent pas cette fois la courte épée de représentation. C'est sans armes qu'ils vont se présenter devant la jeune reine.

- La reine vous attend dans la Grande Salle, dit le serviteur qui les mène à travers les couloirs et les étages du palais.

Olaf acquiesce. Malgré son nom, ce n'est pas la salle la plus grande du palais, cette dernière se trouvant au rez-de-chaussée, en lien avec l'extérieur et un des petits bassins qui communiquent avec l'océan. Mais elle est sans doute la deuxième par sa taille. Elle est située au premier étage, le palais comptant quatre niveaux d'importance. Eux sont logés au troisième, les appartements royaux se trouvent au deuxième.

Owen se demande un peu à quoi peut ressembler la jeune souveraine et comment elle parvient à s'acquitter de sa tâche. De ce que lui en a dit Olaf, elle a tout juste dix-sept ans, elle est plus jeune que lui de près de quatre ans. Mais si elle exerce son autorité depuis cinq ans, lui est devenu Gardien depuis moins longtemps que cela. En cheminant, Olaf pose quelques simples questions à celui qui les accompagne.

- Le conseiller Van'dal n'est plus le Premier Conseiller, de ce que j'ai entendu dire ?

- Non, actuellement, c'est le Seigneur Lorrek qui assure ce rôle. Et le conseiller des Delphiniens est désormais une femme, Flonara. Vous la verrez plus tard.

- Dame Hilayna est-elle toujours présente ?

- Oui, bien entendu. Notre souveraine est très attachée à elle. Mais voilà, nous arrivons.

Deux gardes ouvrent les lourdes portes de la Grande Salle à leur approche, le serviteur s'efface pour laisser entrer les deux Gardiens des Origines. La salle est toute en longueur, mais aussi très large. De grandes fenêtres donnent sur les jardins et sur l'océan, des deux côtés de la pièce. En se promenant dans les jardins, plus tard, Owen comprendra qu'elle se trouve dans une des ailes du palais, construite toute en longueur et ouvrant sur les deux côtés, comme un symbole tourné à la fois vers le peuple des Airs et vers celui des Eaux. Cette aile du palais ne comporte par ailleurs que deux étages, il n'y a donc aucune pièce au-dessus de la Grande Salle.

Tout au bout de la pièce, face à la porte, se trouve une longue estrade sur laquelle est installé un trône. La jeune reine y est assise. A ses côtés sont présents Lorrek et Dame Hilayna, ainsi que deux suivantes. Le conseiller Van'dal est absent.

D'un pas sûr, mais non sans une certaine grandeur, les deux Gardiens traversent la salle et viennent s'incliner respectueusement devant le trône. Le visage de la jeune reine est demeuré impassible, mais elle ne peut dissimuler dans son regard sa joie à revoir Maître Olaf. Même si le Gardien n'était pas resté longtemps auprès d'elle lors du couronnement, elle a gardé précieusement le souvenir de ces quelques journées, des échanges qu'elle avait eus avec lui et avec Maîtresse Akama. Revoir des Gardiens des Origines est pour elle comme revoir des amis chers et éloignés. Elle est donc aussi curieuse de faire connaissance avec l'autre gardien, ce jeune homme dont le conseiller Van'dal lui a dit quelques mots, lorsqu'il lui a fait part de leur arrivée.

Elle est la première à parler, faisant se redresser les deux hommes.

- Bonjour à vous, Maître Olaf et Maître Owen. Mon cœur se réjouit de vous voir.

Olaf sourit.

- C'est un grand plaisir et un grand honneur pour moi de revenir vers vous, et pour Maître Owen de découvrir Rankir. Nous sommes également heureux de vous accompagner jusqu'à la réunion des Régnants.

- Nous aurons bien le temps de parler de ce voyage, dit-elle. Je vous demanderai de participer aux derniers préparatifs. C'est une première pour moi, un tel déplacement, et même si j'ai grande confiance en mes hommes, votre avis nous sera précieux pour assurer la sécurité de tous.

Olaf acquiesce. Cela fait partie de leur mission. Ils seront d'ailleurs en quelque sorte les chefs de la troupe lorsqu'ils quitteront Rankir. Sous les ordres directs de la reine.

La jeune fille n'a pas encore regardé Owen, du moins, pas depuis qu'ils se sont avancés au-delà de la moitié de la pièce, et elle se tourne seulement à cet instant vers lui. Il se dégage de lui la même force et la même sagesse que ce qu'elle avait perçu chez Olaf et Akama, quand elle était enfant, et qu'elle a retrouvé chez le premier. Mais il est beaucoup plus jeune et cela la surprend. Elle ne s'attendait pas à être escortée par un homme si jeune, bien qu'il soit déjà Maître. Grand et bien bâti, des cheveux coupés courts, de couleur châtain, elle est d'emblée frappée par son regard gris clair, aux reflets changeants, parfois bleus, parfois verts. Son visage est avenant et elle y lit la même force, la même intelligence, le même savoir que chez Olaf. Avec un étonnement et une retenue qui cependant l'étonnent. Elle lui sourit avec douceur.

Du moment où il est entré dans la Grande Salle et où il a vu la jeune reine, Owen a compris que ce jour était un des jours importants de sa vie. Mais c'est quand elle se lève pour les saluer qu'une impression fugace l'étreint. La jeune fille lui évoque quelque chose, quelqu'un, mais sans qu'il parvienne pour autant à en retrouver le souvenir. Au fil des secondes, au fur et à mesure qu'ils s'avançaient vers le trône, il a senti son cœur battre différemment. La souveraine qui les attend est d'une grande beauté et d'une grâce peu commune. Fine, presque fragile, elle dégage cependant beaucoup d'autorité et de prestance, presque une certaine raideur. Mais si son corps et son visage ne se départent que rarement de cette rigidité toute protocolaire, il n'en va pas de même de son regard et, parfois, de son sourire. Il sait qu'il ne doit pas la fixer plus que de raison, mais il doit fournir un profond effort sur lui-même pour échapper aux deux pupilles noires qui le fixent avec intérêt. Un peu ému et gêné, ce qui ne lui est pas arrivé depuis longtemps, il baisse les yeux humblement.

A cet instant, Olaf se permet de saluer Dame Hilayna. La gouvernante de la jeune reine, au maintien toujours très strict, qui peut se montrer terriblement hautaine quand les circonstances l'exigent, n'a pas bougé depuis leur arrivée.

- Dame Hilayna, je suis aussi très heureux de vous revoir, dit Olaf avec un profond respect.

- Soyez le bienvenu, Maître Olaf, lui répond-elle avec ce ton propre aux gens autoritaires quand ils manifestent une certaine chaleur. Avez-vous fait bon voyage ?

- Oui, sans encombre. Le Grand Maître nous a confié de vous saluer avec le plus grand respect, il nous a également chargés d'un message pour vous, Majesté, dit-il en se tournant à nouveau vers la souveraine, mais nous pourrons en parler plus tard.

- Merci, Maître Olaf. Ce soir sera donnée une réception en votre honneur, je dois pour ma part poursuivre certain travail concernant notre voyage. Je vous reverrai avec grand plaisir ce soir. Comme il fait très beau, le repas sera donné dans les jardins.

Olaf et Owen saluent avec respect, puis s'éloignent sans tourner le dos à la reine. Ce n'est qu'après avoir franchi les lourdes portes, qu'ils se retournent seulement vers le couloir.

En regagnant leurs chambres, Owen demande :

- Quels sont les règlements du protocole à connaître pour ce soir, Olaf ?

- Eh bien, il nous faudra être arrivés avant la reine. Elle est la dernière à se présenter au repas, ceux qui arriveraient après elle n'y seront pas admis. Ensuite, même si elle est l'autorité suprême, il faut savoir que les trois conseillers représentant les trois peuples de Rankir sont quasiment du même rang qu'elle, chacun pouvant être considéré comme le souverain de son propre peuple, ou plus exactement, son représentant et son chef. Enfin, en aucun cas, on ne peut porter la main sur la reine. Sa personne est sacrée et nul ne peut la toucher.

- Même si sa vie est en danger ?

- Nous parlions de circonstances protocolaires, Owen, pas de circonstances exceptionnelles...

- Bien entendu, répond le jeune homme en s'absorbant dans une profonde réflexion d'où Olaf ne le tirera qu'en arrivant aux portes de leur chambre.

- Même tenue pour ce soir, Owen. D'ici là... quartier libre. Pour ma part, je vais aller un peu en ville.

- Les jardins m'attirent. Tu penses qu'il est possible de s'y promener ?

- Je ne pense pas qu'il y ait d'inconvénients à cela...

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