The Last Queen
L'épée brillait. La Reine pouvait la voir dans sa main. Elle savait ce qu'elle voulait, que cet homme meure. Il en allait de la survie de son royaume.
L’acier s'entrechoqua. Une lame se releva, l'autre s'abaissa. Le vacarme était terrible. Des objets impressionnants volaient dans tous les sens. Elle sautait. Il esquivait. On avait l'impression que ça allait durer une éternité.
—Tu ne peux pas gagner !
Ses yeux rutilaient à la lueur des flammes.
—Je ne veux pas te battre, répliqua l’homme, le ton suppliant.
La souveraine émit un ricanement. Cela ne sonnait pas très royal.
—Je me fiche de ce que tu veux, assassin !
Elle avait passé toute sa vie à attendre ce moment et il allait arriver. Elle abattit son arme. Il n'avait aucune chance de se rétablir à temps. Il ne pourrait pas bloquer.
Il devait savoir ce qui se préparait, qu'il ne pourrait pas arrêter ce combat, encore moins empêcher sa propre mort. Ce n'est que plus tard qu'elle réaliserait la gravité de son acte. Pour l'instant, seule la vengeance hurlait dans son esprit. Elle voulait le détruire, lui et tout ce qu'il représentait. Elle le détestait.
Un grognement se fit entendre lorsque l'arme s'affala avec force. L’homme roula sur le côté, puis se redressa, assenant un coup de poing dans l’abdomen de son opposant.
— C’est tout ce que tu peux faire ? Incapable !
La Reine avait peur. Derrière cette appréhension, se cachait une bonne raison. Elle était effrayée par le fait que sa propre haine ait scellé son destin. Pourtant, la défaite ne l’avait pas encore envahie. Tendant la main, elle tenta d'attraper la jambe de l’adversaire, essayant de l'amener à son niveau. Cela ne marcha pas. L’acier dansa encore. De tout son poids, il para l’attaque, envoyant l’épée pivoter au loin.
Plus aucun plan ne se présentait. Seule restait l’option la plus abjecte au monde : supplier.
— De grâce…
— Qu’aurais-tu fait à ma place ?
Les miettes d’humilité qui lui restèrent s’évaporèrent.
— Très bien, finissons-en.
Elle en avait assez de cette situation. Elle ne voulait plus rien céder. La réponse attendue avait été donnée.
— Si tu attends plus longtemps, je pourrai avoir une chance de m'échapper, menaça la Reine lorsqu’un frisson d’hésitation parcourut l’homme.
Levant les yeux vers l'épée, elle essaya de trouver un moyen d'inverser le cours du combat. Sans succès.
L’acier se rapprocha de sa gorge. Ses paupières s’abaissèrent instinctivement, essayant de chasser la vision de la mort imminente. Elle voulut se souvenir de quelque chose de joyeux, mais la seule image qui persistait était la main froide du trépas qui s'avançait. Il n'y avait que l’effroi, et le scintillement de la lame qui semblait figée dans le temps.
La Reine n’était pas prête à mourir.
Une douleur aiguë se fit sentir dans sa poitrine, avisant la fin. Ses forces s'estompèrent alors qu’elle tentait de lutter contre la douleur. Elle avait quelque chose à dire, une malédiction à prononcer, ses derniers mots à envoyer au monde. Elle entrouvrit les lèvres, mais rien n’en sortit.
Un râle d’agonie s’écoula dans le néant.
***
Le Roi contempla le corps de sa bien-aimée, la chair se couvrant lentement de sang. Son souffle de vie s’échappait seconde après seconde.
Il sourit, d’un sourire triste et las.
Il ne l’avait pas voulu, ne l’avait pas prévu. Pourtant, il se tenait là dans son propre château en flammes, face à cette ignoble femme qui l'avait fait souffrir.
Une partie de lui savait que ce n'était pas sa faute. La Reine l'avait attaqué en premier après tout. Pourtant, le souverain se demandait s'il n'aurait pas dû la laisser partir, faire les choses différemment.
—Je suis désolé, murmura-t-il d’une voix douce.
Ses épaules se secouèrent dans un sanglot.
La Reine était morte. Son cœur s'était arrêté, transpercé par la lame de son époux.
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