J'ai du mal à y croire. Elle est enfin là, devant moi. La maison, cette belle maison que j'ai tant cultivé dans mes souvenirs, même les plus amers et les plus lointains.
Mais elle me parait si petite désormais.
Et si j'en crois mes calculs, elle doit être seule à l'intérieur à présent.
Se désespérant du malheur qui l'entoure, dont j'ai été l'instrument.
Criant au monde sa terreur et son chagrin.
Mais quoi qu'elle ressente à présent, ce n'est pas le dixième de ce que j'ai connu, moi.
Comme la terrible bête de Franckenstein, j'ai été rejetée de ma famille, tout sentiment doux et agréable m'a été interdit, et cela par la faute de cette femme.
Nous étions deux, jadis.
Deux gamines idiotes qui riaient en sautillant gaiement. Mais ma nature n'était faite de cet enthousiasme.
Nous étions similaires, mais c'était elle qui récoltait les compliments, les sourires de chacun.
J'ai mis fin à ce calvaire, je voulais être vue.
Mais même dans la tombe, son ombre a continué à s'étendre sur moi, de plus en plus puissante.
J'ai été chassée, haïe, bannie des centaines et des milliers de fois.
J'ai dû porter le poid de la solitude et de la déception.
J'ai voulu obtenir justice.
Ils ont tous rejoint l'autre moi au cimetierre. Ultime souffrance pour cette femme qui avait osé me donner la vie, puis me renier ensuite.
Pire que la mort, l'abandon, la solitude.
Mais il est temps, à présent.
Je me suis affranchie de tout pour ce dernier accomplissement. Dans quelques pas, tout me sera dévoilé.
Vas-t-elle lutter ?
Nul ne le sait.
Mais prépare toi, ma chère maman. Ta fille pousse la porte de la maison juste pour te revoir, après toutes ces années.
Bonjour, maman.