Fin : Carré de Cailloux / Aurèle
Mardi après-midi, les éléments se déchaînent. Quelques instants auparavant, le temps était si calme.
Erin est habillée comme il se doit; ou plus précisément, comme la société attend qu'elle le soit. Noir est le deuil que l'on est censé porté.
Elle en est drapée des pieds à la tête, luttant contre le vent et la grêle, l'urne serrée contre son corps.
Aurèle l'aura eu à l'usure, ce corps; pourtant, ce n'est pas elle qui est morte.
Il faudra bien un témoin de ce qu'elle s'apprête à effectuer : l'agent communal descend de son véhicule.
Dans un silence gauche et désoeuvré, ils suivent l'allée centrale du cimetière.
Elle s'apprête à le laisser là.
Depuis des semaines, elle se torture l'esprit : elle n'en sera pas capable : le laisser seul ici, l'abandonner. Elle ne doit pas y penser.
On lui a dit "Stockholm", cela porte donc un nom.
L'urne résiste un peu.... Quel objet va-t'elle caresser quand son absence sera pesante ?
Qui va-t'elle injuriée lorsque tel ou tel souvenir surgira dans ses pensées?
Elle répand les cendres, blanches, elle en est surprise. Son âme était si noire. Un serpentin apparaît dans le carré de cailloux...
L'urne est vide, comme son coeur. L'agent la reprend.
Adieu, Aurèle. La pluie, le vent, l'emportent. Et, malgré tout, malgré la souffrance qu'il lui a infligé pendant toutes ses années, malgré ce qui lui reste de ses fautes à lui, elle l'imagine libre dans les forêts et les rivières. Aurèle demeurera partout.
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