Retour à la maison
Quelque chose me chatouille le nez. J’ouvre mes paupières pour me tirer de ce douloureux sommeil. Ma vue est trouble mais je distingue une petite boule poilue devant moi qui couvre la lumière du jour. Je geins et me redresse avec difficulté comme un lendemain de soirée, la main sur mon front. L’animal fuit au loin, parmi les feuilles mortes de la forêt, accompagné d’un vent annonçant une tempête. Il me semble alors entendre au loin le son d’une cloche ainsi que des chuchotements. C’est à ce moment que tout ce cauchemar me revient en mémoire. La vieille femme dans les bois, la cabane isolée, le garçon prisonnier, les horribles créatures et le… Rien que me remémorer la fin me donne la nausée. Paniqué de revivre ce tourment, j’observe attentivement autour de moi pour savoir où je me réveille. Rien d’anormal. Je reconnais l’endroit où je me suis évanouie tout à l’heure. Je me relève, frotte mes habits pour me débarrasser de toute la poussière, et je perçois une douleur sur ma main. La cicatrice est toujours présente, suintante comme si elle venait d’être faite. Je me tâte alors le corps pour déceler d’autres blessures. Ma nuque, mon bras et… mon abdomen. Comme un instinct maternel, je caresse mon ventre plat pendant quelques minutes. Les larmes me montent aux yeux et je me mets à courir en direction de ma voiture. Dans ma course je récupère mes clés, ouvre ma voiture à distance et me jette dedans. J’allume le contact et file rapidement de cet endroit, mes pneus crissant sur le sol en projetant de nombreux gravillons.
Le retour fut très rapide. Sans respecter les limitations, je me remémore ce qu’il me semble avoir vécu. Seulement, les souvenirs restent flous, comme si rien de tout ça n'était réel. Comme si tous ces événements ne faisaient partie que d’un effroyable cauchemar.
Arrivée dans la cour de mon domicile, je me jette sur la porte, tentant désespérément de trouver la bonne clé avec mes mains tremblantes. Tout en ouvrant, je regarde autour de moi, pour m’assurer que rien ne m’avait suivi. Une fois rentrée, je galère à refermer, puis ferme toutes les fenêtres et leurs volets, avant de me déshabiller en direction de la douche. J’allume le robinet à fond, sans me préoccuper de la température. Je reste ainsi pendant de longues minutes, l’eau me brûlant la peau. Mais cette douleur me rassure d’être encore en vie. Je frotte désespérément mon corps pour me débarrasser de la sensation poisseuse qui me colle à la peau, avant de me mettre à genoux. Sous cette pluie artificielle, je fixe le carrelage sans même cligner des yeux, les deux mains sur mon ventre. La vision d’être possédée par une chose aussi immonde et difforme me rend malade et malgré mon ventre vide, je ne peux m’empêcher de vomir, la bile se mélangeant à un torrent d’eau et de larmes.
Après plusieurs dizaines de minutes, je sors de la douche encore frissonnante. Je me vêts de mon peignoir le plus épais, me chausse de mes pantoufles et retourne dans le salon. Je m’allonge sur le canapé avant d’être gênée par quelque chose dans mon dos. Une page du script que j’ai sûrement dû oublier en partant. Je la lis alors, espérant me changer les idées. Un homme, parrain de toute cette organisation mafieuse, fait fasse à mon personnage qui s’apprête à fuir. Il lui dit alors : “Rien ne sert de t’enfuir. Je saurai où te retrouver”. C’est alors que la fin de la page me terrifie. Écrite dans une autre police, il me semble entendre résonner en moi, une vieille femme qui cite cette dernière phrase :
- Je reviendrai le chercher. Dans six mois.
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