Égarés
Résumé des chapitres précédents : Franck est un spéléologue spécialisé dans les explorations dangereuses. Il a été sollicité par son ancienne compagne Marie pour sécuriser une grotte dans la mine de Naïca au Mexique. Le passage qui a conduit le groupe constitué de Juan, Miguel, Franck, Julie et Marie dans une cavité inconnue s'est effondré. Pris au piège, ils ont ouvert accidentellement un passage sur la face d'une mystérieuse colonne triangulaire au milieu de la grotte.
Ils sortirent finalement tous les cinq, et se retrouvèrent au milieu d’une vaste étendue désertique de sable blanc, parsemée de quelques buissons épars. Était-ce le désert mexicain ? C’était la déduction la plus raisonnable. Pourtant, de grandes montagnes enneigées s’élevaient au loin, et Juan était formel, il n’y en avait pas dans la région de Naica. Franck sortit son téléphone de sa poche, il n’affichait aucun réseau. Fallait-il rester ici attendre les secours ? Ou au contraire trouver un refuge pour la nuit ?
- Est-ce que tu sais où nous sommes Juan ?
- Non señorita Marie, je connais la région de Naica, et ce n’est pas comme ici. Nous devrions voir la ville ou les lagunas si nous étions toujours là-bas
- Ecoutez il n’y aucun bruit ici, enchaîna Miguel. On devrait entendre les engins de la mine
- Et où voulez-vous qu’on soit ? s'exclama Julie qui commençait à montrer des signes d'inquiétude
- Il me paraît clair que nous ne sommes pas au Mexique, asséna Franck. Ce qui veut dire que personne ne sait où nous sommes.
- Il faut attendre les secours, l’exploitation de la mine sait que nous sommes dans la grotte, ils vont nous chercher, insista Marie
- Moi je pense qu’il faut qu’on bouge ! On va mourir de soif avant que qui que ce soit nous trouve
- Qu’est-ce qu’on dit aux enfants qui sont perdus ? Attends là où tu te trouves qu’on vienne te chercher. Il faut faire pareil. J'ai confiance en notre employeur, ils vont tout faire pour nous trouver.
- Qu’en dites-vous, les autres ? demanda Franck
- Peut-être vaut-t-il mieux redescendre dans la grotte ? proposa Julie. Au moins on sera à l’ombre ? Et les secours auront plus de chances de nous retrouver ?
- Tu sais Julie, dit Franck en la prenant par les épaules, des spéléos français expérimentés ont passé dix jours sous terre le mois dernier avant qu’on arrive à les dégager. Ils avaient des réserves et étaient tous entraînés. Nous ne tiendrons pas deux jours dans cette grotte sans un minimum d’eau.
- Les secours pourraient arriver avant, essaya de se rassurer Julie en reculant pour se dégager
- Julie a raison, ils savent où on était et ils ont des foreuses, ajouta Marie en se plantant devant Franck, nous devons rester ici. Juan, dis-lui, toi !
- Je suis désolé, Marie, je pense que Franck a raison. Avec la chaleur qu’il fait là-dedans, nous allons nous déshydrater très vite.
- Vous n’en savez rien ! coupa Marie d'un ton autoritaire. Nous avons du matériel à la pointe, spécifiquement pour ce genre de situation.
- L’eau montait dans l’autre grotte, ils ne pourront pas percer avant plusieurs heures, peut-être jours, continua Franck en fixant Marie.
La discussion devenait clairement une bataille d'ego entre les anciens amants
- Nous n’avons qu’à boire de l’eau de la grotte ? proposa Julie. On pourrait essayer de la filtrer avec le textile que nous avons sur nous, et utiliser le sable qu'il y a ici comme tamis ?
- Cette eau est saturée en éléments chimiques, intervint Juan, elle te fera plus de mal que de bien
- Donc nous n’avons rien à boire et nous ne savons pas combien de temps nous allons être bloqués ici, reprit Franck. Nous devons trouver de l’eau potable et un moyen de communiquer. Si vous n’êtes pas d’accord, je vous propose un vote. Mais nous restons ensemble, quoi qu’il arrive. Qui est d’avis de bouger ? appela-t-il en levant la main.
Juan et Miguel le suivirent sans trop hésiter. Julie regarda Marie, lança à Franck un regard suppliant, puis leva timidement la main.
- On va tous crever, souffla Marie en levant les yeux au ciel
Elle s’éloigna de quelques mètres et leur tourna le dos pour marquer sa désapprobation. Puis son instinct de survie reprit le dessus. Le jour baissait. Le groupe s’activa pour sortir le reste du matériel de la grotte et scruter les environs. Cet endroit paraissait particulièrement aride. Il rappelait un peu la Vallée de la Mort aux États-Unis.
Franck aperçut une petite étendue d’eau, à une distance qu’il paraissait raisonnable de parcourir à pied, en direction des montagnes. Pour peu qu’il ne s’agisse pas d’un mirage, bien sûr. Ils bricolèrent un repère avec des pierres, des bâtons et des morceaux de toile arrachés aux combinaisons orange pour pouvoir retrouver plus facilement cette porte. Il restait un peu de batterie dans la torche portable et les frontales, tous se mirent en route en direction de l’oasis, tandis que la nuit s’assombrissait.
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