Mon cher Luke,

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Mon cher Luke,

En me levant ce matin, j’ai eu l’envie d’arroser les plantes. D’habitude je le fais le soir mais je me suis rappelée que toi, tu l’aurais fait avant que le soleil n’atteigne son zénith.

Il fait très sec ici. L’herbe est jaune et craquante, les volets des maisons sont fermés et quand je passe ma main sur ma nuque, j’y recueille quelques perles de transpiration. Comme beaucoup je pense, j’attends la pluie.

Tous les jours, je me plante sur le pas de la porte et je regarde le ciel comme s’il allait pleurer à ma simple volonté ; tout comme je regarde l’horizon comme si tu allais apparaître à ma simple volonté.

Depuis que tu es parti, je lis beaucoup. Les livres me font passer le temps mais j’ai du mal à trouver chaussure à mon pied. J’ai commencé par un drame de Ian McEwan qui m’a tant fait pleurer que j’ai décidé de lire une comédie de Molière. Or vois-tu, je n’ai pas non plus le cœur à rire. Et puis j’ai décidé aussi que je ne voulais pas d’histoire d’amour. Je ne supporte plus de voir ces amants heureux et surtout ensemble alors qu’on me prive de bonheur en t’éloignant de moi.

Finalement, je me suis mise aux Poésies Nouvelles de Musset. Je lis tous les jours quelques pages et figures-toi qu’hier, l’air brûlant a asséché la colle qui relie les pages. Une vingtaine d’entre elles me sont tombées dans les mains et mes yeux se sont posés sur ce poème : « Rappelle-toi ». J’y ai lu un vers très intéressant qui m’a frappée au cœur.

« L’absence ni le temps ne sont rien quand on aime. »


J’ai d’abord trouvé cette phrase dénuée de sens. Parce que ton absence pèse tours les jours un peu plus sur mon cœur déjà bien alourdi par le manque.

Et c'est là que j’ai compris. Ce n’est pas ton absence qui rend cette situation si difficile. C'est l’incertitude.

Comme pour la pluie que j’attends chaque minute, que j’espère chaque seconde sans être sûre qu’elle tombera de nouveau un jour, je ne sais pas si et quand tu reviendras.

Si et quand tu me reviendras.

Me reviendras-tu mon Luke ?

Si tu étais là, tu verrais comme cette incertitude me tue. Cette impossibilité de décompter les jours jusqu’à ton retour, cette peur de ne jamais te revoir.

J’ai attaché un tissu dans mes cheveux aujourd’hui. Je sais que tu ailes bien quand mes cheveux sont habillés.

Mon cher Luke, j’ai tant à te dire si tu savais. J’ai tant à te dire et si peu de papier.

Je vais devoir finir cette lettre malgré tout. Je finirai donc sur l’essentiel. L’unique chose à retenir lorsque tu t’endormiras le soir. Je t’aime. Tu me manques mon soldat… tes bras qui me serrent, ton corps qui me réchauffe, tes lèvres qui murmurent à mon oreille et tes yeux dans lesquels je me noie.

Je t’aime si fort. Je t’attends. Reviens-moi vite.

Ta Cassiopée.

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