Chapitre 1

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Je viens d'un coin que peu connaissent et fort peu recommandable. Je n'ai pas choisi d'y grandir là-bas mais j'y ai appris tant de choses. C'était ma jeunesse. Maintenant, plus mûre, j'en garde de bons souvenirs.

Il y avait mes amis. Tout d'abord, l'italienne tellement belle qu'on l'appelait Regina. Et puis, les jumeaux indissociables et indifférenciables. Leur sobriquet : pain au chocolat et chocolatine ou comment dire la même chose avec deux noms différents.
C'était la belle vie dans cet univers si sombre. Les Fourneaux, c'était notre quartier. Sombre et chaud où il se passait tant de choses dont personne ne parlait.

Celle qui s'y faisait remarquer en tout temps, c'était Regina. Ah mama mia ! Au premier coup d'œil, on voyait qu'elle avait pris soin d'elle, comme toutes les méditerranéennes, avec cette fameuse huile d'olive. Ensuite, caressée, malaxée et pétrie de cet élixir miraculeux pour la rendre si douce.
Elle avait pour habitude d'étaler ses rondeurs aux yeux de tous. Oui mais des rondeurs à faire chavirer le cœur de tout italien. Elle se prélassait dans sa robe préférée, la rouge, celle qui attire les regards. Sans rien faire, juste parce que c'était Regina, elle aguichait le moindre passant.
Sous la chaleur, elle se laissait dorer. Sa sensualité émoustillait les sens. Et son parfum, divin, fleurtait avec toutes les narines.
Elle se mettait en valeur et tentait son monde à chaque ouverture. Avec elle, c'était Napoli, la tour de Pise, les gondoles et les spaghettis. Une italienne à vous faire renier votre mama.
C'est elle qui partit la première. Elle saisit une occasion pour se lancer dans le monde. Elle visait le haut de l'affiche, la foule, les acclamations. On entendit beaucoup de rumeurs. Une vie pimentée à ce qu'on raconte. Qui sait !?
Certains disent qu'elle a fini découpée par un psychopathe. La police des mœurs ne l'aurait trouvé qu'au bout de plusieurs jours : étalée au milieu d'un salon, froide et défraichie. J'espère pour elle que les pires ragots ne furent qu'une invention.

Les jumeaux, quant à eux, étaient de vrais polissons. Jamais l'un sans l'autre. Toujours à planifier un mauvais coup. Pourtant on aurait dit des anges. Aussi mignon l'un que l'autre avec leur mèche brune sur leur peau dorée.
Entre leur odeur de beurre et l'accent qu'ils prenaient par moments, on n'a jamais su s'ils étaient normands ou catalan. Le doute est resté. Ce qu'ils préféraient faire dans le quartier, c'est feuilleter. Partout ! Quoi qu'ils trouvent, ils feuilletaient.
Ils sont restés aux Fourneaux. Je crains qu'ils tournent mal, ces deux têtes brûlées.

Pour ma part, les Fourneaux furent dépaysants. Pour une fille de ferme, habituée à son pot de lait, ça surprend. D'ailleurs, ça m'a tellement changée que je me suis mise à gonfler. J'ai pris des formes auxquelles je n'aurai jamais pensé. Regina m'a encouragée. Elle me disait que ça ferait tout mon charme. Comme les autres, j'ai aussi pris des couleurs et je me suis mise à mon aise.
C'était vraiment une époque formidable, de changements et de découvertes. Le lieu où se trouvent toutes les nationalités. Nous avons tous misé sur un avenir différent, un avenir d'opportunités.
En quittant Les Fourneaux, je rêvais d'un bel homme. Et comment vous dire, je le vois. Il est là, devant moi. Je suis saisie par sa présence. Je crois qu'il y a un truc entre nous. Une sorte d'alchimie. Mon parfum peut être ou mon élégance naturelle ?
Il s'approche et me prend de ses grandes mains puissantes. Il me caresse et me retourne. Il glisse ses doigts dans mon dos. Il y appose sa marque, j'en suis sûre. Tout un rituel empli de douceur et d'assurance. Il me regarde à nouveau. Ses grands yeux ténébreux me fixent avec envie. Je ne me fais pas prier. Je suis à lui.
sa main effleure mes courbes. Il les attrape avec vigueur pour les porter à ses lèvres. J'efflore sa peau. Sa langue me touche enfin. Ses baisers gourmands sont exquis. Je fonds.
Comme si je n'étais pas encore assez sciée par son audace, il remet ça. Me prenant encore, tel un vorace, tel un animal. Je me sens toute en miettes. Mais quel plaisir !
Son ardeur à prendre mon cœur est insatiable. Il tranche dans mes faibles réticences et je disparais sous le contact fabuleux de sa bouche.

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