Adieu

2 minutes de lecture

          Je n'aurai jamais cru finir ici, comme ça. Je ne verrai pas l'aube. Enfin. Honnêtement, je ne sais pas pourquoi j'écris ces quelques lignes. Qui me lira après tout ? Sans doute personne, comme tout le reste. Ces quelques lignes seront négligemment jetées aux ordures. Comme tout ce que j'ai fait jusqu'ici. Une succession d'échecs. La seule chose que je ne raterai pas sera mon suicide.

          Il est encore tôt, le soleil n'est pas encore totalement couché. Cet hôtel miteux est étrangement calme, je m'attendais à ce qu'il soit plus animé. Au moins, personne ne me dérangera et personne ne sera dérangé car je suppose que ça va faire un sacré bazar. Pardon aux femmes de ménage d'ailleurs. Quoique, pas sûr qu'il y en ait ici. La moquette est usée, tâchée, trouée, la poussière prend plus de place que les meubles et les draps ont du être changé au début du siècle.

          De la fenêtre, je vois entre deux imposantes traces de crasse des passants s'amuser, vivre. Je n'ai jamais su le faire. J'ai toujours eu l'impression d'être un robot, agissant mécaniquement. Tout d'abord à l'école. J'étais pile dans la moyenne, la meilleure catégorie pour être invisible aux yeux de tous. Cela m'a poursuivi dans tous les autres domaines de mon existence, à commencer par le boulot.

          J'y ai toujours agi comme un robot, me contentant de répéter mécaniquement les gestes, sans chercher plus. Il faut dire que le travail à la chaîne ne permet pas vraiment de faire preuve de fantaisie mais je m'en contentais. Pas par manque d'ambition mais par manque d'envie. Je me contentais de survivre, ça m'allait car ça me permettait de me divertir un minimum pour oublier ma morne réalité.

         Néanmoins, je n'ai tenu qu'un temps. Les relations humaines manquaient à mon existence et je n'ai jamais réussi à les comprendre. J'ai essayé pourtant, toujours en vain. J'ai lu des livres sur le sujet mais j'aurai lu des oeuvres en sanskrit, ça aurait revenu au même. J'ai également tenté d'imiter les gens, en vain. Je n'étais jamais à l'aise et peu à peu, j'ai compris que je ne le serai jamais.

          C'est ainsi que j'ai commencer à penser au suicide. Je ne voyais pas de raison de vivre. Le plus dur était de choisir la méthode.

          J'ai songé à me jeter sous un train, efficace mais je ne voulais pas nuire aux voyageurs. Ils n'ont pas à supporter mes états d'âme. Les médicaments ? J'ai rapidement écarté cette hypothèse car j'aurai été bien en peine de faire un bon mélange. La pendaison ? Je n'en suis pas fan, ça relâche les entrailles et on finit avec de la merde plein le pantalon.

          J'ai finalement opté pour le plus simple: un flingue. Ma bouche, le canon, la balle qui traverse ma sale caboche et me voilà libéré. Libéré de ces maux qui me rongent.

          Adieu.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Wubri ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0