Voici l’histoire de Thyros.
Comme tous les satyres, Thyros aimait profondément la nature, mais celle-ci ne lui rendait pas son amour.
Il avait beau la chanter, lui écrire de la poésie ou même la complimenter, rien, pas un écart, pas un regard, la nature restait immuable à ses tirades.
Alors le temps passa, et Thyros eut une idée : il allait se rebeller. Si la nature refusait de bourgeonner en sa présence, qu’à cela ne tienne !
Il mit son plan à exécution à la fin de l’été. Thyros avait profité de la saison chaude pour vendre de l’eau froide et, avec son bénéfice, il acheta une guitare électrique.
C’est alors qu’en septembre, au milieu d’une forêt feuillue, entouré d’autres satyres plus aimés que lui, il se mit à gratter l’instrument, qui hurla un accord illustrant son désaccord. Fini la chansonnette gentillette, la poésie transie ou les compliments en tout temps.
Thyros allait vanter tout ce qu’il pensait de la nature : sa beauté, sa diversité, sa nécessité.
Et les riffs électriques résonnèrent dans le cœur de la forêt. Ce fut un vrai coup de fouet, si bien que les feuilles des arbres se mirent à rougir, frémir et tomber de plaisir, créant autour de Thyros, le satyre, un cadeau : l’automne.
Alors non, la nature ne naîtrait pas en sa présence, mais elle accepta sa compagnie pour son repos hivernal, demandant rappel sur rappel comme la plus grande des fans.