Chapitre 19
- Pardon ?
Elle n'en revenait pas. Cet homme pour qui elle travaillait depuis maintenant plusieurs jours lui demandait de fuir. Il ne le savait pas mais, malgré la situation, elle ne le pouvait pas. Il répéta d'une manière presque fraternelle :
- Il faut que tu partes.
Il se tourna vers la fenêtre et regarda l'horizon avant de revenir vers elle :
- Avec mon aide tu seras dehors rapidement et ton nom n'est nulle part si j'ai bien deviné...
Nayala réfléchissait à vive allure, elle paniquait. Il avait raison, rester ici était trop risqué mais il lui fallait le coffret pour sauver Yélé. Monsieur Lancel, dans l'ignorance, tentait de la rassurer :
- Ne fait pas cette tête, je ne suis pas aussi bête que j'en ai l'air... Si tu sors maintenant, toi et tes proches n'auraient assurement aucun problème...
La jeune femme devenait colérique quand l'angoisse se faisait trop présente. Comme en cet instant où elle passa ses nerfs sur son patron :
- Parce que c'est évident que monsieur sait tout ! Non c'est faux ! Tu ne sais rien !
Il tenta d'intervenir mais elle continua sans faire attention, prise dans son élan :
- Tu ne sais même pas qui je suis mais, comme un idiot, tu acceptes ma présence ! Et maintenant, tu vas me dire que tu as une solution miraculeuse pour me sauver ! Et déjà pourquoi tu ferais ça ? C'est insencé ! Je ne comprend pas !
Elle fut obligée de faire une pause afin de reprendre son souffle. Les poings serrés, ses ongles laissaient des traces dans ses paumes de mains. Nayala respira plusieurs fois avant de conclure par la première question qui lui venait à l'esprit :
- Et toi ? Comment tu comptes t'en sortir après m'avoir aidée ? J'en ai suffisament vu pour savoir que personne ne t'aidera quand on t'accusera de trahison et, je t'arrête tout de suite, c'est ce qui va se passer.
D'abord sous le choc, son large sourire malicieux était revenu. Il se força à paraître confiant et esquiva le problème :
- Je vois qu'on s'inquiète pour moi, vraiment charmant !
Mais son Assistante n'était pas dupe et insista :
- Je ne rigole pas ! Je te vois mal aux cachots !
Il se renfrogna en soupirant avant d'annoncer :
- Moi non plus justement ! C'est pour cette raison que je pars aussi...
Si il y avait bien une chose que Nayala n'avait pas prévu c'était bien cela. Voulait-il fuir avec elle ? D'accord leur relation s'était améliorée, ils s'entendaient bien, très bien même, mais faire un tel sacrifice était trop important pour qu'elle puisse le laisser faire. Elle n'épprouvait pas le genre de sentiment qu'il devait ressentir pour elle.
L'amour... Outre les blagues du vieil homme, elle n'y connaissait rien. Nayala ne savait que dire. Elle ouvrait la bouche sans qu'un seul sons ne sorte. Elrick Lancel devina ses pensées et intervint les mains en avant en guise défense :
- C'est qu'elle s'enflamme la p'tite dame ! Je peux voir le rouge te monter au visage et, sans vouloir te vexer, tu te méprends lourdement sur mes intentions !
Elle se détendit un peu, le temps d'une courte durée, avant de se poser un milliard de questions et de poser celle qui la tracassait le plus :
- Pourquoi veux-tu partir ?
Il hocha les épaules avant de répondre en souriant amérement :
- Tu as probablement dû remarquer que je n'étais pas très populaire dans le coin...
- Je serais aveugle et sourde si je ne l'avais pas vu.
Il ricana et la questionna :
- Juste ! Tu ne t'est jamais demandé pourquoi ?
Nayala s'était évidemment interrogée sur la raison mais avait préféré garder le silence. Elle avoua :
- Si mais ça me semblait déplacé d'en parler.
Son excuse passa et il laissa son grand corps filiforme s'écraser sur une des chaises du bureau. Elrick semblait mettre le plus grand soin dans la recherche des ses mots. Une partie de son passé aller être racontée à une récente rencontre et, bien que son attitude donne de lui une image extravertie, il n'en restait pas moins discret sur sa vie privée. La jeune femme voyait bien la difficulté de parler de son arrivé au Palais et ne comprenait pas vraiment la nécessité de le dire à une inconnue. Cependant une part de curiosité la laissa muette, prête à en apprendre davantage. C'est ainsi qu'il commença son récit :
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