Il était convenu qu'ils partent en plein milieu des heures sombres afin de faciliter leur sorti. Ils évitaient ainsi les couloirs bondés. C'était l'unes des excuses utilisées par le Préparateur pour expliquer sa demande au Grand Gardien.

Elrick devait récupérer l'autorisation officiel, ainsi que le laisser-passer, pendant les heures éclairées par les étoiles. Ils avaient préparé les provisions en plus d'un sac chacun, sans oublier de remplir une charette entière destinée à ses recherches.

Nayala avait décidé de bourrer sa besace de plantes médicinales, dans le cas où Yélé serait en piteux état. Rien que le fait d'y penser lui donner la nausée. Elle essaya d'oublier ses affreuses pensées afin de mieux se concentrer sur le plan d'Elrick : Pendant que lui irait chercher les papiers, elle, se rendrait au premier niveau ; un complice déguisé en Garde l'aiderait à descendre en cas de besoin. Une fois que la jeune femme y serait, elle devrait se cacher dans la charette, un petit espace y avait été préparé au préalable. Elle n'y bougerait pas tant qu'Elrick n'aurait pas prononcé "je n'entend plus Lopett chanter", qui était le signal lui disant que la voie était libre.

Son patron avait retrouvé son humour quelque temps après leur conversation ; l'idée de partir lui faisait le plus grand bien. Nayala aurait très bien pu se faufiler au rez-de-chaussée juste après le départ d'Elrick, comme prévu, mais il restait, à la fausse Servante, une mission à accomplir. Si elle échouait, aucun moyen de sortie ne se reproposerait. Son complice avait était très clair, il ne vérifierait pas sa présence à bord et ne l'attendrait pas. S'imaginer partir comme elle était venue lui avait donné malgré tout le sourire. Le Palais lunaire avait là une très grande faille. Impossible qu'elle en parle à Elrick mais la coïncidence était troublante.

Elle cherchait un moyen de récupérer le coffret tant convoité avant que le Préparateur ne s'en aille, mais son esprit ne trouvait aucune solution. Nayala inquiète et, dans l'espoir de gagner du temps, proposa :

- Tu ne préfère pas que l'on se retrouve quelque part avant de descendre ?

- Non, je dois directement aller dans le bureau du Grand Gardien pour lui expliquer mes zones de recherches, avoir l'autorisation et le laisser-passer. Tu profiteras de ce temps là pour aller te cacher.

Nayala tressauta. Afin d'être certaine d'avoir bien compris, elle demanda estomaquée :

- Au dernier étage ?

Son patron de quelques jours, trop occupé à se préparer, ne remarqua pas la stupéfaction de la jeune femme et répondit simplement :

- Evidemment ! Ce n'est pas lui qui va/vait descendre...

Cela tenait du miracle ! Elle n'aurait pas d'autres chances et décida de tenter le tout pour le tout :

- Je peux t'accompagner ?

Une fois en haut, Nayala s'éclipserait discrètement pour trouver la porte gravée et chercherait ce pour quoi elle était venue. Elrick était perplexe :

- Tu ferais mieux d'aller te positionner.

Nayala se mit devant lui et d'une voix suppliante insista :

- Allez... Je n'aurais jamais l'occasion d'y retourner, je partirais dès que tu sera entré dans le bureau ! S'il te plaît !

Il remonta son monocle en rigolant avant de reprendre son sérieux et de répondre :

- Je ne peux vraiment rien te refuser ! Mais fait vite, ne perd pas de temps, personne ne t'attendra. En échange, tu m'aidera à porter mes affaires dans les escaliers.

- Merci ! Je ne sais pas comment te remercier pour tout ce que tu fais pour moi...

L'intéressé, espiègle et malicieux souria de toutes ses dents et ajouta :

- Evidemment, je gardais un petit service sous le coude en échange de mon aide !

Nayala lui rendit son sourire, un sourcil levé. Elle était habituée à celui qu'elle considérait comme un nouvel ami et n'avait pas été surprise de son annonce.

- J'aurais dû m'en douter, ricana-t-elle, de quel genre ?

Soudain incertain, il patienta avant de lui demander sans la regarder dans les yeux, quelque peu gêné :

- Ne panique pas, il n'est pas question de remèdes à avaler. J'aimerais... Je voudrais qu'une fois dehors tu ailles remettre rapidement cette lettre à ma mère... J'ai noté sur ce papier un plan qui te montrera précisement comment t'y rendre à partir de la Passe-frontière.

Il lui tendit une enveloppe que Nayala pris entre ses mains avant de l'interroger :

- Pourquoi tu n'y vas pas toi même ?

Plus déterminé que jamais, il affirma en se redressant de toute sa hauteur :

- Il faudrait une vraie catastrophe pour que j'y retourne sans Pernni !

Elle comprenait et lui devait bien cela. Elle mis en sécurité les précieux papiers dans sa sacoche, déjà bien remplie, et commença à réfléchir à la suite des évènements. Ils avaient attendu en revoyant leur stratagème, puis, s'étaient mis en marche vers la porte que la jeune femme avait observé des jours durant.

Elrick avait rendez-vous avec le Grand Gardien vers la fin des heures éclairées. Sa besace en bandoulière dissimulée par de nombreux parchemins, qu'elle avait rédigé elle-même au cours des deux semaines, pour les recherches, son turban, ainsi que son voile solidement attachés, et les voici face aux marches. Nayala, à l'allure enfantine, repensait encore à ce qu'elle devait faire. Présente uniquement en tant qu'Assistante, son nom ne figurait nulle part comme prévu. Ce n'était pas plus mal car le Grand Gardien lui-même aller lire leur présentation. C'est ainsi qu'avec des fragments de plan en tête qu'elle accompagna son complice jusqu'au dernier niveau.