Chapitre 26
L'un des Gardes resté jusqu'à présent en retrait tenta d'immobiliser Nayala en voyant que la jeune femme ne se contiendrait pas plus longtemps. Il fut arrêté par celui qui semblait diriger, qui lui demanda d'un ton sec de la relâcher.
Ce même homme se leva alors, fit le tour du bureau, prit le coffret et le reposa sur le bureau. Il remit la chaise écartée plus tôt à sa place et de sa voix froide, lui demanda une nouvelle fois de s'asseoir, ou plutôt le lui ordonna.
Il était pratiquement aussi grand qu'Elrick mais n'était pas aussi maigre. Sa carrure rivalisait avec celui qui aimait s'inviter déguisé chez autrui. Elle remarqua aussi ses cheveux, qui n'était pas juste long, mais très long et lui arrivaient jusqu'en bas du dos. Son visage était complètement fermé, il ne semblait pas prêt à lui dire où se trouvait le vieil homme avant qu'elle ne l'ai écouté.
En prenant un minimum sur elle, Nayala s'assit et croisa les bras dans une position qui se voulait provocante, et ne le quitta pas des yeux. Il souffla de nouveau puis détourna le regard vers ses deux compagnons, à qui il ordonna de sortir et d'attendre à l'extérieur. Un silence pesant s'installa dans la pièce qu'aucun des deux ne tenta de briser.
Elle l'examina : Des yeux perçants, le nez court et mince et la bouche large. Il aurait eu tout d'un bel homme sans ce regard dur.
Il attendit un instant avant de prendre la parole, perdu comme si c'était lui qui se trouvait dans une situation délicate :
- Tout d'abord je souhaite vous dire que votre ami et sain et sauf. Il a été envoyé aux sources chaudes le temps que nous réglions cette histoire...
- « Cette histoire » ? Aux sources chaudes ? Vous voulez me faire croire que pendant tout ce temps Yélé se relaxait tranquillement ?!
Il la transperça du regard avant de poursuivre :
- Attendez pour les questions. Vous en aurez d'autant plus après que je vous aurez tout expliqué et j'y répondrai une par une.
- Trop aimable...dit-elle en levant les yeux au plafond.
- Ce que je m'apprête à vous dire... à vous demander plutôt, à visiblement déjà était vu avec votre ami. J'aurai aimé que cela se passe différemment... Mais venons-en au fait, il a répondu que vous seule ferai votre choix. Vous avez ouvert l'écrin si je ne me trompe pas ?
Nayala serra les poings. Elle n'y comprenait rien et se sentait idiote d'être obligée d'écouter ces élucubrations mais elle répondit tout de même :
- Oui.
- Avez-vous observé d'un peu plus près son contenu ?
- La bague ? Non.
Il sortit alors le bijoux tout en le décrivant. Elle apprit qu'il était fait d'argent pur, qu'il était donné de génération en génération et que sa plus grande valeur n'était pas monétaire mais sentimentale. Rien qui ne l'a concerné directement. Le regard de l'inconnu était devenu plus doux mais semblait à la fois meurtri.
Il continua son monologue : l'anneau se devait d'être reconnaissable entre mille et c'est quant il le fit tourner qu'elle comprit. Sur la partie dissimulée par l'écrin était gravé un croissant de lune, celle de l'ancien temps, marque du Grand Gardien. Cette bague devait sûrement être une contrefaçon, seul lui et son épouse en possédaient une. Elle ne se montra donc pas impressionnée.
Il soupira de nouveau avant de lui montrer le diamètre intérieur du bijoux. Il y avait incrusté des minuscules constellations ainsi que quelques mots à peine visible. A travers une loupe, dont elle se sentit forcée à regarder, elle pu lire « de Zoëla à Zouma ». Elle ignorait qui était Zouma mais l'autre prénom ne lui était pas inconnu, tout le peuple de Lune la connaissait.
Zoëla était la femme d'Aronah, l'actuel Grand Gardien, décédée peu de temps après avoir donné naissance à leur seul enfant. Nayala ne l'avait jamais vu, sa mort devait être arrivée quelques années avant sa naissance d'après ses propres supposition.
C'est pendant l'une de leurs conversations que Yélé et Kazir lui avaient expliqué que l'épouse du Grand Gardien était tombé malade lors de sa grossesse. Trop affaiblie après l'accouchement, elle n'avait pas pu lutter plus longtemps. Ce n'est qu'après son décès qu'Aronah s'enferma, lui et son fils, dans le palais. Il avait durcit les conditions d'entrée du dôme et obligé un laisser-passer tout en empêchant quiconque de s'approcher de son enfant.
Que cet homme possède cette bague était incompréhensible. Pourquoi faire tout cela pour simplement la lui montrer ? Est-ce une contrefaçon parfaite qu'il lui demanderai de vendre ? Elle voulait enfouir la raison qui lui semblait flagrante au plus profond de son esprit. Elle se résigna face à tous les éléments qui lui sautaient aux yeux : La blague, la pièce et surtout le fait qu'ils se trouvaient tous au dernier étage du palais lunaire.
Hésitante, Nayala balbutia la question qu'elle redoutait tant :
- Qui êtes-vous ?
- Je suis Zouma, fils unique d'Aronah et Zoëla, le futur Grand Gardien.
Elle aurait préféré que tout cela ne soit qu'une vulgaire farce mais fut contrainte d'accepter la réalité. En plus d'avoir infiltré le palais ainsi que les Servants, elle était maintenant en pleine discussion avec la descendance direct du Grand Gardien.
- Si c'est une blague elle n'est vraiment pas drôle... Murmura-t-elle.
- Je suis on ne peut plus sérieux. C'était sûr... Vous n'êtes pas assez solide pour la suite...
S'en était trop pour elle. Nayala se leva, faisant basculer sa chaise en arrière. Elle abattit ses mains sur le bureau et rapprocha son visage découvert au plus près de lui. Elle se mit alors à dire, sans détour, tout ce qu'elle retenait depuis son arrivée au palais.
Elle commença par lui dire que seul un abruti la ferait venir en capturant une vieille personne, en la menaçant et en lui donnant en plus un délai à respecter. Que regarder une bague ne l'intéressait pas et qu'elle n'avait rien à faire ici. Elle enchaîna sur le fait que malgré la difficulté de l'ascension elle avait bel et bien réussi, ce qui prouvait qu'elle était loin d'être faible ou fragile. Elle continua en décrivant le palais comme horrible, hideux, ignoble ;Un endroit qui accentuait les inégalités entre les personnes d'un même peuple et créait des rivalités inutiles car la gestion se faisait par des personnes comme lui, qui préféraient manipuler des innocents plutôt que de remplir correctement leur rôle. Nayala conclut sur le fait que, malgré tout ça, elle avait gravi les étages un à un et qu'elle ne resterait pas ici à se faire rabaisser par un ignorant :
- Vous devez sûrement vous ennuyer à ignorer volontairement les problèmes déjà existants mais je ne resterais pas ici à être votre jouet pour vous divertir d'avantage !
Elle fut coupée dans son élan par un ricanement venu de derrière, qui se révéla venir de l'homme qui c'était introduit chez elle.
- Je suis venu voir si vous aviez besoin de moi mais vous avez l'air de vous en sortir à merveille monsieur ! Se moqua-t-il.
- Sors.
- Oui monsieur, je vois que mademoiselle s'avère être intéressante !
- Sors Faylei. Répéta Zouma.
Une fois de nouveau seuls il devient évident à Nayala qu'elle ne pourrait pas quitter les lieux comme elle le voudrait. Même si elle lui claquait la porte au nez, les deux autres hommes l'attendraient à l'extérieur et l'empêcheraient de partir. Pas question de s'excuser pour autant, tout ce qu'elle avait dit était sincère. Elle ne ramassa pas la chaise au sol et préféra tourner le dos à l'homme désagréable qui continuait de la fixer.
Elle l'entendit se déplacer silencieusement et pensa qu'il s'apprêtait à sortir du bureau. Mais il se posta juste derrière elle et d'un geste rapide lui mit quelque chose autour du cou. Elle s'écarta et écarquilla les yeux face à l'objet en contact avec sa peau.
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