Ça fait mal

2 minutes de lecture

Hé maman, tu te rappelles ton anniversaire ? Celui où je t'avais offert une histoire ? Ce jour-là, je pensais que tu avais compris. Tu m'avais donné un sourire rayonnant et j'étais sûre que tu avais deviné. Ce jour-là, je m'étais lancée, je m'étais enfin décidée à te faire lire ce que j'écrivais depuis des mois. Tu ne peux pas savoir à quel point j'avais eu du mal à m'y résoudre. Mais quand je suis venue te voir, un peu plus tard et je que j'ai dit explicitement que c'était mon histoire, celle que j'écrivais et bien... je me suis rendu compte que tu n'avais pas compris.

- Ah...

Je crois que c'est ça que tu m'a répondu. Deux lettres, même pas considérées comme un mot à part entière, mais ça m'a fait mal. Si mal. J'avais mis tant de temps à me décider, et toi, tu me répondais ça. Ah.

Maman, tu sais que j'écris. Du moins tu le savais. Peut-être l'as-tu oublié. Même si à chaque fois que tu t'approches de l'ordinateur, je change d'onglet, tu as su que j'écrivais. Tu m'avais demandé une fois. Je t'avais répondu que j'écrivais un roman. Et qu'il comptait alors vingt-sept pages –à vrai dire, je ne suis pas sûre du chiffre. Et là, tu n'avais pas non plus montré grand intérêt. Pourtant, je sais pourquoi j'avais voulu te le faire lire. Un jour –peut-être était-ce le même– tu m'avais demandé qui me lisait. Je t'avais répondu que Lucile, une de mes meilleures amies, avait déjà découvert plusieurs chapitres. Et tu m'avais demandé quand toi, tu pourrais le lire.

Puis est venu ce jour d'anniversaire et je crois bien que depuis, on n'en a plus reparlé. C'était il y a deux ans. Peut-être as-tu oublié, peut-être ignores-tu que j'écris encore, et que le dossier "écriture" grossit de jour en jour. Peut-être y penses-tu encore, mais cela m'étonnerait.

Te doutes-tu à quel point l'écriture est importante pour moi ? Sais-tu que mon clavier est devenu mon journal intime et que mes multiples documents Word contiennent des parts de moi dont tu n'auras peut-être jamais connaissance ? Te rends-tu comptes que l'écriture me sert à briser mes chaînes, à m'exprimer, à prendre du recul, à inventer ? T'imagines-tu que je passe des heures dans le même monde que mes personnages, à les créer, à agencer mon histoire et à trouver sans cesse de nouvelles idées ?

Non, sans l'ombre d'une hésitation. Tu ignores tout.

C'est pourtant l'une des plus belles parts de moi que tu ignores, celle qui est sensible, émotive, un peu folle et si honnête, qui s'égare à la moindre apparition d'inspiration, celle qui peut partir si loin qu'elle est capable de faire naître une histoire, des histoires.

Celles que tu n'as jamais lues.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Larousse ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0