Sa majesté pense doucement
Ô moi, bel être de lumière, j'aime prodiguer mon ombre à la belle qui me tourne autour et m'étourdit.
Je ne suis point de ces astres sans bruit, que les petits indiffèrent. Non, elle a beau passer dans ma vie plus vite qu'un hiver, je la remarque et la nourrit.
L'été, grandiose, elle m'admire : ma parure a déjà ébahi plus d'un curieux. Mais le temps passe, mon humeur brunit, j'en fais le fruit qui pique bien des pieds. Cependant, l'hiver elle me veille, elle couve ma nudité, fragile, gracile, émaciée, avant que n'apparaissent mes nouveaux-nés.
Parfois, elle s'approche et me touche, alors je frémis. Elle l'ignore mais je lui parle au travers du vent messager. Une fois, elle s'est accrochée, elle a voulu me grimper. J'ai ris, trop gros, trop imposant, je savais que seuls ses amis aux quatres pattes aiguisées pouvaient rivaliser avec ma majesté.
Depuis peu de temps elle ne joue plus. J'ai peine à penser les années, à mon échelle rares sont ceux qui peuvent s'accrocher, mais je sais qu'elle s'éloigne des racines de mon âme.
Je ne pleure pas, non, je continue à aspirer lumière, carbone et ses pensées, qui depuis sa fenêtre éclairée, tous les soirs, d'un long regard, me sont adressées. Alors, nous sourions.
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